Hommage au Professeur Si-Ahmed El Mahdi

Il débutera sa carrière hospitalo-universitaire, par une titularisation en tant que maitre-assistant, acquise en 1979 à la faculté de médecine d’Alger à travers différents stages effectués à Parnet, à la CCA entre autres, où il va se forger aux rudiments de la chirurgie à coté des grands noms et pionniers de la chirurgie algérienne, à l’instar des professeurs Mentouri, Seror, Djilali, Triki, Merradji, Maîtres qu’il évoquait souvent, et tant d’autres, aussi talentueux les uns que les autres.

Hommage au Professeur Si-Ahmed El Mahdi

Né le 27 Août 1949 à Larbaâ Naath Irathen (Tizi Ouzou)

Décédé le 30 Mars 2020 au CHU Frantz- Fanon de Blida

Biographie du Professeur Si-Ahmed El Mahdi                                            

Le professeur SI-AHMED El Mahdi est né le 27 Aout 1949 à Larbaâ Naath Irathen (ex Fort National) dans la wilaya de Tizi- Ouzou.

Il a eu une scolarité, en différents lieux du pays, au gré des affectations d’un père enseignant, éducation scolaire qu’il entama par un enseignement primaire de 1956 à 1960 à l’école primaire de Diar El Mahsoul, à El Madania (ex Salembier) à Alger.

Il rejoint ensuite avec sa famille l’Oranie ou il va poursuivre un enseignement moyen et secondaire dès l’année 1960, avant de regagner à nouveau Alger et le lycée El Mokrani de Ben Aknoun d’où il sera lauréat au baccalauréat en sciences naturelles en 1967.

La même année, il s’inscrit à la faculté de médecine d’Alger d’où il décrocha après sept ans d’étude, le diplôme de docteur en médecine en 1974.

Il fera partie des premières promotions de résidents de chirurgie générale post-indépendance.

Il débutera sa carrière hospitalo-universitaire, par une titularisation en tant que maitre-assistant, acquise en 1979 à la faculté de médecine d’Alger à travers différents stages effectués à Parnet, à la CCA entre autres, où il va se forger aux rudiments de la chirurgie à coté des grands noms et pionniers de la chirurgie algérienne, à l’instar des professeurs Mentouri, Seror, Djilali, Triki, Merradji, Maîtres qu’il évoquait souvent, et tant d’autres, aussi talentueux les uns que les autres.

En 1984, il obtiendra son agrégation en chirurgie générale après la soutenance d’une thèse de DESM sur le thème du traitement chirurgical de la maladie ulcéreuse gastro-duodénale compliquée.

Enfin, Il va clore cette riche carrière professionnelle par une admission sur concours au grade de professeur hospitalo-universitaire en 1991.

Quant aux responsabilités, il occupa plusieurs postes dont celui de chef du service universitaire de chirurgie générale au CHU de Blida et ce pendant trois longues décennies, de janvier 1986 à décembre 2016.

Durant cette période, il sera appelé à faire fonctionner le service de chirurgie oncologique au centre anti-cancer de Blida du 07 avril 1992 au 01 mai 1993, avant de réintégrer son service initial, une fois l’affectation d’un nouveau chef de service, effective à l’actuel CAC.

Très motivé et aspirant à une médecine moderne, il va introduire et développer successivement dans son service la chirurgie cœlioscopique (vésicule biliaire, colon, rein, surrénale, foie) ; et à la faveur de la création d’une unité de greffe rénale ; la transplantation rénale à partir du donneur vivant en 2003, suivie sept ans plus tard, à partir du don cadavérique.

Par ailleurs, et en dépit des lourdes taches de chefferie de service, de programmation opératoire, de gestion et d’activités pédagogiques, il n’épargnera aucun effort pour s’atteler à des responsabilités administratives et parfois syndicales comme :

  • Principal initiateur du projet de création d’un institut national de rein et de greffes d’organes.
  • Président du conseil scientifique du CHU Blida (03 mandats) de 1993 à 2002
  • Directeur des activités pédagogiques et médicales (DAPM) du CHU de Blida de 1992 à 1997, période qui a vu naitre l’école paramédicale de Blida.
  • Président de la commission de coordination hospitalo-universitaire régionale centre (CCHUR Centre) regroupant les hôpitaux et les facultés d’Alger, de Blida et de Tizi-Ouzou de 1994 à 1999
  • Membre élu au conseil régional de l’ordre des médecins (président de commission)
  • Vice-Président du conseil d’éthique de l’université Saad Dahleb de Blida (2019)
  • Nous n’omettrons pas également qu’il est membre titulaire de la Société Algérienne de Chirurgie (SAC) depuis 1986 et qu’il est surtout membre fondateur de plusieurs sociétés savantes dont :

La Société Algérienne de Chirurgie Laparoscopique (SACL en l’année 2000)

  • La Société Algérienne de Transplantation d’Organes (SATO)
  • L’Association Algérienne des Praticiens Hospitalo-Universitaire (ANPHU) en 2016
  • La Société Algérienne de Chirurgie Hépato–Bilio-Pancréatique et Viscérale (2018).

Il va parrainer dans le cadre de soutenances de thèses de doctorat en sciences médicales 9 candidats dans des disciplines variées et outre celles de chirurgie générale, on notera celles d’urologie d’anesthésie-réanimation et de néphrologie.

A son riche actif, on plaidera aussi l’exposition de plus d’une centaine de communications et de publications présentées ou publiées lors de séminaires, de journées d’enseignement post-universitaire, de congrès ou de symposiums nationaux, régionaux et internationaux.

Pour honorer de son vivant, le riche parcours de soignant, de pédagogue et de chercheur, la faculté de médecine de Blida lui octroya le 10 octobre 2013 la Médaille du mérite de la faculté de médecine de Blida.

Enfin nous retiendrons de ses nombreuses qualités et vertus, d’abord professionnelles, celles d’un praticien dévoué, compétent et proche de ses malades et de ses étudiants et également humaines, celles d’un être altruiste, disponible et discret.

Il décède le 30 Mars 2020 à Blida, des suites de complications de la pandémie liée au Covid-19.

L’œuvre entamée par feu Si Ahmed et son équipe sera complétée par la jeune et dynamique équipe chirurgicale dirigée par le professeur Noureddine Ait Benamer à qui échoit cette noble relève.

Professeur B. Boukhatem

 Télécharger le PDF de cet article

Éditorial du Pr N.ZIDOUNI

Le monde fait face actuellement à une terrible pandémie n’épargnant aucun continent. Par son ampleur cette pandémie réveille les vieux démons des épidémies à Myxovirus Influenzae, telles l’épidémie de grippe espagnole à H1N1 en 1918 au décours de la première guerre mondiale qui a engendré quarante à cinquante millions de morts,

Le monde fait face actuellement à une terrible pandémie n’épargnant aucun continent. Par son ampleur cette pandémie réveille les vieux démons des épidémies à Myxovirus Influenzae, telles l’épidémie de grippe espagnole à H1N1 en 1918 au décours de la première guerre mondiale qui a engendré quarante à cinquante millions de morts, la grippe asiatique en 1957 à H2N2 qui a été responsable de près de deux millions de morts, la grippe de Hong Kong en 1968 à H3N2 qui a tué entre trois et quatre millions de morts.

Plus récemment des épidémies à d’autres virus sont apparues dues aux coronavirus, tel le virus du SRAS apparu en chine en 2002 qui a touché 8000 personnes et a entrainé le décès de 774 cas réalisant un taux de létalité de 10%, et enfin le MERS ou Middle East Respiratory Syndrome apparu au Moyen Orient en 2012 qui a contaminé 2.500 cas avec un taux de mortalité très élevé.

Ce nouveau coronavirus est désigné sous l’appellation de SARS-Cov-2 (Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2), Covid-19 (Coronavirus Disease 19) est la désignation de la maladie. Les pays de l’Europe du sud (Espagne, France, Italie), l’Iran, les États-Unis d’Amérique, et le Brésil après la Chine connaissent une infection très sévère, se traduisant par des dizaines de milliers de cas entrainant plusieurs centaines de milliers de décès.

On dénombre actuellement près de quatre millions de cas et environ trois cent mille décès dans le monde à la mi-mai 2020.

Les répercussions socio économiques d’une telle pandémie font craindre une récession économique mondiale semblable à celle de la crise de 1929.

En Algérie, la situation semble différente, le nombre de sujets contaminés et le nombre de décès ne sont pas comparables à la situation vécue en Europe ou aux États-Unis.

Cependant la vigilance reste de mise, car il apparait que la proportion de sujets infectés est sous estimée puisqu’elle dépend du nombre de tests RT-PCR (réaction de polymérisation en chaine qui consiste en une amplification du génome viral), initialement réalisés à l’Institut Pasteur se chiffrant à quelques centaines par jours, comparativement aux dizaines de milliers de tests réalisés ailleurs.

Toutefois avec la décentralisation de cet examen aux annexes de l’Institut Pasteur et dans plusieurs CHU du pays, le nombre de cas a augmenté récemment par rapport aux données initiales, l’objectif souhaité est de se rapprocher de la situation épidémiologique réelle qui n’est pas encore connue avec précision.

L’arrivée de tests sérologiques basés sur des réactions immunologiques (identification et quantification des IgM et IgG) constitue un apport non négligeable pour le diagnostic et surtout pour la surveillance de la maladie. Cependant la fiabilité ainsi que la sensibilité et la spécificité de ces tests font encore débat.

Cette irruption massive de l’infection à Covid-19 a semé le désarroi dans toute la planète et a généré des inquiétudes majeures chez certaines catégories de populations, effrayées par l’absence de traitement efficace validé par la communauté scientifique.

N’étant pas en reste, en Algérie, les personnels de santé initialement désemparés par le degré de contagiosité et l’absence de traitement approprié, ont montré des signes d’anxiété voire de panique totalement compréhensible. Ces personnels se trouvant ainsi en première ligne de front contre le virus appréhendaient à leur tour d’être contaminés.

Le lourd tribut payé par les corps médical et paramédical en début d’épidémie marqué par le décès d’une dizaine de médecins et de plusieurs agents paramédicaux n’était pas pour rassurer le personnel soignant.

Cependant le sens du devoir et l’obligation éthique de porter secours à la population ont permis de surmonter ces appréhensions et de répondre avec efficacité à la menace causée par cette pandémie virale.

C’est ainsi que les plus hautes autorités du pays en la personne du Président de la République ont tout récemment rendu hommage et honoré le sens du sacrifice du personnel soignant en octroyant à titre posthume une médaille de reconnaissance El Achir à trois membres de ce personnel.

Il est clairement établi que l’infection à Covid-19 (SARS-Cov-2) comprend deux phases : une première phase d’invasion virale et une deuxième phase d’agression inflammatoire.

En outre des médiateurs pro-inflammatoires sont à l’origine de la perturbation de la viscosité plasmatique et du ralentissement circulatoire favorisant la survenue disséminée de micro-thrombi dans plusieurs organes et notamment au poumon.

Par ailleurs il a été révélé d’autres anomalies sanguines consistant en une inhibition du métabolisme de l’hème par altération de l’hémoglobine.

Tous ces désordres aboutissent, en l’absence d’une prise en charge adéquate, à l’installation d’une coagulopathie intravasculaire disséminée, le plus souvent fatale.

La connaissance progressive de ces désordres physiopathologiques a permis d’adapter le traitement à ces différentes phases par l’élaboration d’un protocole thérapeutique par le comité scientifique installé auprès du Ministre de la Santé en collaboration avec des personnalités scientifiques.

Le régime thérapeutique adopté dure une dizaine de jours et comprend :

  • De l’Hydroxychloroquine associée à de l’Azithromycine dès l’apparition des symptômes. Il est à signaler que ces deux médicaments ont été prescrits précocement, et il n’a pas été tenu compte des polémiques observées dans certains pays à propos de cette association.
  • Des anticoagulants à type d’héparine de bas poids moléculaire (HBPM) à doses iso-coagulantes à moduler en fonction de certains critères cliniques et biologiques et éventuellement prescrits à doses hypo-coagulantes en fonction de l’évolution de la maladie.
  • Des corticoïdes (Méthylprednisolone) dès le sixième-septième jour de début du traitement en fonction des données cliniques, biologiques, fonctionnelles et d’imagerie thoracique.

D’autres protocoles thérapeutiques sont utilisés dans le mode et font l’objet d’essais cliniques randomisés utilisant des antiviraux tels l’association Lopinavir-Ritonavir, le Remdesivir, et des anti-inflammatoires inhibant la libération de cytokines tel le Tocilizumab qui est un anti-interleukine 6. Ces produits prescrits isolément ou en association font l’objet de controverses quand aux résultats observés au cours de ces essais cliniques.

Mais le vrai défi réside dans la découverte d’un vaccin efficace susceptible d’endiguer la pandémie, ce à quoi s’attèlent de grands laboratoires mondiaux de recherche.

Ces données justifient la confection d’un numéro spécial de votre revue El Hakim.

Dans ce numéro sont abordés les principaux aspects actualisés

  • Épidémiologiques en Algérie et dans le monde,
  • Biologiques et spécialement virologiques et immunologiques
  • Cliniques et d’imagerie
  • Thérapeutiques
  • Médicolégaux

La lecture de ces articles permettra de mieux apprécier les données relatives à la gravité de la pandémie et les méthodes observées pour y faire face.

Prof. Noureddine ZIDOUNI

Service de Pneumo-Phtisiologie

CHU Issaad Hassani,

Béni Messous, Alger

 

  Télécharger le PDF de cet article

Lien entre l’âge et les formes sévères de Covid-19. Application à la décision d’aptitude médicale du personnel de santé.

Propos : Depuis l’apparition de la pandémie Covid-19 en Chine, fin décembre 2019, le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Environ 6,5 millions de contaminations et 387.000 morts ont été dénombrés à ce jour.

M.Hamadouche, Service de Médecine du Travail – CHU Saadna Abdenour, Sétif.

 

Date de soumission : 05 Juin 2020

Résumé : Propos : Depuis l’apparition de la pandémie Covid-19 en Chine, fin décembre 2019, le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Environ 6,5 millions de contaminations et 387.000 morts ont été dénombrés à ce jour. En Algérie, près de 10.000 cas ont été contaminés et 681 personnes sont décédées. Diverses institutions internationales considèrent l’âge avancé comme un facteur de risque de formes sévères de Covid-19 et de décès par cette affection. Néanmoins, il n’existe pas de consensus sur la limite d’âge à l’origine de la hausse de ce risque. Dans cette perspective, nous avons initié une recherche en vue d’examiner le lien éventuel existant entre l’âge et l’apparition de formes graves ou le décès chez les personnes infectées par le SARS-Cov-2 et de déterminer le seuil de l’âge à partir duquel sont observées ces formes graves. Méthodes : Une recherche en ligne a été effectuée en associant les mots clés « Covid-19 ou SARS-Cov-2 » avec « age » (âge), et avec les mots clés désignant les formes sévères de la Covid-19. Résultats : Notre travail a permis de monter que l’âge avancé est un facteur de risque indépendant. Un excès de risque apparait dès l’âge de 50 ans et devient avéré vers l’âge de 60 à 65 ans. Conclusion : Il apparait essentiel de ne pas permettre l’exposition professionnelle au SARS-Cov-2 d’un personnel de santé âgé de 65 ans et plus. Entre 50 à 64 ans, l’éviction des secteurs à haut risque pourrait être envisagée, notamment en présence de certaines comorbidités.

Mots clés : Covid-19, formes sévères, âge, aptitude, personnel de santé.

Abstract: Purpose: Since the appearance of the Covid-19 pandemic in China in late December 2019, the number of victims has been increasing. Approximately 6.5 million contaminations and 387,000 deaths were counted until now. In Algeria, nearly 10,000 cases have been infected and 681 people have died. Various international institutions consider advanced age to be a risk factor of severe forms of Covid-19 and death. However, there is no consensus on the age limit that increases the risk. In this perspective, we have initiated a research to examine the possible link between age and the appearance of severe forms or death in people infected with SARS-Cov-2 and to determine the age threshold from which these severe forms are observed. Methods: An online search was performed by associating the keywords “Covid-19 or SARS-Cov-2” with “age” and with the keywords designating the severe forms of Covid-19: “death”, “severe acute respiratory syndrome”, “mechanical ventilation” and “admission to the intensive care unit”. Results: Our work has shown that old age is an independent risk factor. A risk excess appears from the age of 50 and becomes very high around the age of 60 to 65. Conclusion: It seems essential to not allow the occupational exposure to SARS-Cov-2 of a health personnel who is 65 years old or older. Between the age of 50 and 64, the eviction from high-risk sectors could be considered, especially in the presence of certain comorbidities.

Key words: Covid-19, severe forms, age, ability, health personnel.

 


 

Propos

La Covid-19 (Coronavirus Infectious Disease 2019) désigne l’infection provoquée par le nouveau Coronavirus SARS-Cov-2. L’épidémie est née dans la ville de Wuhan en Chine, fin décembre 2019 et s’est vite propagée dans le monde entier. Le 30 janvier 2020, l’OMS déclarait que cette épidémie constituait une urgence de santé publique à portée internationale (USPPI), et le 11 mars, elle la qualifiait de pandémie.

Le nombre de victimes est en constante expansion. Dans le monde, cette maladie émergente a été à l’origine de près 6,5 millions de contaminations et de 387.000 morts [1]. En Algérie, près de 10.000 cas ont été contaminés et 681 personnes sont décédées des suites de cette infection [2].

Diverses institutions internationales considèrent l’âge avancé comme un facteur de risque de formes sévères de Covid-19 et de décès par cette affection. Néanmoins, il n’existe pas de consensus sur la limite d’âge à l’origine de la hausse de ce risque.

Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, ce risque apparait dès l’âge de 40 ans [3]. Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis [4] et l’Agence de la Santé Publique du Canada (ASPC) [5] ; précisent que le risque de développer des formes graves suite à l’infection par le SARS-Cov-2 s’observe chez les personnes âgées de 65 ans et plus.

Enfin, d’autres organismes ont défini que le risque est augmenté chez les personnes âgées de 70 ans et plus : European Center for Disease Prevention and Control [6], Haut Conseil de la Santé Publique (HSCP) de France [7] et les autorités publiques de santé du Royaume-Uni [8].

Selon le Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière (MSPRH), les personnes les plus vulnérables sont celles âgées de 70 ans et plus, en précisant que les personnes de 50 à 70 ans ne sont pas dénuées du risque [9].

L’objectif de ce travail est d’examiner le lien éventuel existant entre l’âge et l’apparition de formes graves ou le décès chez les personnes infectées par le SARS-Cov-2 ; et de déterminer le seuil de l’âge à partir duquel sont observées ces formes graves.

 

Méthodes

Dans cette optique, nous avons initié une recherche essentiellement sur PubMed en associant les mots clés Covid-19 ou SARS-Cov-2 avec age (âge) et avec les mots clés désignant les formes sévères de la Covid-19 : death (décès), severe acute respiratory syndrome (syndrome respiratoire aigu sévère), mechanical ventilation (ventilation mécanique) et admission to the intensive care unit (admission en unité de soins intensifs – USI).   

Résultats

Les résultats des recherches menées en populations générales confirment l’association entre âge avancé et maladie grave.

Les statistiques nationales indiquent que le taux de mortalité est 4,5 fois plus élevé dans la catégorie d’âge de 50 à 60 ans (6,53%) comparativement à la catégorie inférieure de 40 à 50 ans (1,43%). Dans la classe d’âge ≥60 ans, le rapport est de 12,3 par rapport à la catégorie de référence de 40 à 50 ans (Tableau 1) [2].

Tableau 1 : Répartition des patients Covid-19 et des décès par classes d’âge. Adapté de MSPRH, 04 juin 2020. (http://covid19.sante.gov.dz/carte/) [2].

Classes d’âge (ans)

Patients

Décès

N

%

N

%

<15

300

6,00

2

0,67

15 à 24

456

9,12

1

0,22

25 à 49

4.054

81,10

58

1,43

50 à 59

1.668

33,37

109

6,53

≥ 60

2.906

58,13

511

17,58

Non précisé

447

8,94

   

Une étude chinoise menée sur 44.672 personnes atteintes de Covid-19, montre une corrélation entre l’âge d’une part et les formes graves et le taux de mortalité d’autre part, la relation devient plus nette à partir de l’âge de 50 ans. Les taux de létalité, ajustés sur certaines co-variables étaient respectivement de 0,06% ; 0,15% ; 0,30% ; 1,25% ; 3,99% ; 8,61% et 13,4% dans les catégories d’âge respectives de 20 à 29, 30 à 39, 40 à 49, 50 à 59, 60 à 69, 70 à 79 et ≥ 80 ans. Le taux de létalité était de 6,38% dans la catégorie d’âge ≥60 ans, soit environ 20 fois plus que celui observé dans la catégorie d’âge < 60 ans qui était de 0,32% [10].

Selon l’étude réalisée par les CDC sur 2.449 cas de Covid-19, les formes sévères représentées par l’hospitalisation ou l’admission en USI, ainsi que le taux de létalité augmentaient aussi avec l’âge. La hausse était nette à partir de 65 ans pour les formes graves, et de 55 ans pour la mortalité. Les taux d’hospitalisation étaient respectivement de 1,04% ; 3,43% ; 4,25% ; 8,16% ; 11,8% ; 16,6% et 18,4% pour les catégories d’âge de 20 à 29, 30 à 39, 40 à 49, 50 à 59, 60 à 69 ; 70 à 79 et ≥80 ans [11].

Parmi les 7.162 (5,8%) patients dont les données étaient disponibles, sur les 122.653 cas américains de Covid-19 déclarés aux CDC au 28 mars 2020, l’hospitalisation était plus fréquente dans la tranche d’âge ≥65 ans (41,7 à 44,5%), comparativement à celle de 19-64 ans (18,1 à 19,9%), la même tendance était notée pour l’admission en USI :  20,8 à 22,2% vs 8,5 à 9,4% [12].

Dans une cohorte de 799 patients admis dans un hôpital de Wuhan (Chine), dont les données ont été recueillies jusqu’au 28 février, 113 décès et 161 sujets guéris ont été notés. L’âge médian était plus élevé chez les patients décédés (68 ans) que chez ceux qui ont récupérés (51 ans) [13].

Les CDC ont rapporté que parmi les patients hospitalisés pour Covid-19 du 1er au 28 mars 2020, les taux d’hospitalisation augmentaient avec l’âge, avec un taux de 0,3% chez les 0-4 ans ; 0,1% chez les 5-17 ans ; 2,5% chez les 18-49 ans ; 7,4% chez les 50-64 ans et 13,8% chez les 65 ans et plus [14].

Les taux de mortalité s’élevaient avec l’âge, avec un taux nul avant l’âge de 30 ans ; 0,3% chez les 30-39 ans ; 0,4% chez les 40-59 ans ; 1% chez les 50-59 ans ; 3,5% chez les 60-69 ans ; 12,8% chez les 70-79 ans et 20,2% chez ceux âgés de 80 ans ou plus [15].

La même tendance a été observée dans une étude Chinoise : 0,2% chez les 10-39 ans ; 0,4% chez les 40-59 ans ; 1,3% chez les 50-59 ans ; 3,6% chez les 60-69ans ; 8% chez les 70-79 et 14,8% chez ceux âgés de 80 ans ou plus [16].

Dans une revue systématique et méta-analyse portant sur 7 études incluant 1.813 patients Covid-19, le groupe ayant reçu des soins intensifs était plus âgé (âge médian : 62,4 ans) par rapport au groupe sans soins intensifs (46 ans). De même, l’âge médian était plus élevé dans le groupe qui a développé des formes sévères (49,4 ans) que chez les autres (41,7 ans) [17].

Parmi les patients admis dans trois hôpitaux à Wuhan (Chine) entre le 30 décembre 2019 et le 15 janvier 2020, 78 patients atteints de pneumonie induite par le SARS-CoV-2 ont été inclus dans l’étude. Le groupe ayant évolué défavorablement était plus âgé (âge moyen ; 66 ans) que celui ayant évolué favorablement (âge moyen ; 37 ans) [18].

Dans une étude rétrospective monocentrique portant sur 138 patients hospitalisés à Wuhan (Chine) pour Covid-19, du 1er au 28 janvier 2020, les patients admis en USI étaient nettement plus âgés (âge médian : 66 ans) que ceux non admis en USI (âge médian : 51 ans) [19].

Les 548 patients atteints de Covid-19 admis à l’hôpital de Tongji (Chine) du 26 janvier 2020 au 5 février 2020 ont été enrôlés et suivis jusqu’au 3 mars 2020. Un lien entre l’âge et les formes sévères de la Covid-19 a été observé, le risque relatif (Hazard Ratio) ajusté dans la tranche d’âge ≥65 ans vs <65 ans était de 1,72 (1,09-2,73) [20].

Sur 710 patients atteints de pneumonie à SARS-CoV-2, 52 patients adultes ont été admis en USI à Wuhan (Chine) entre la fin décembre 2019 et le 26 janvier 2020. Les patients décédés étaient plus âgés (64,4 ans) que ceux qui ont survécu (51,9 ans) [21].

Dans une étude de cohorte rétrospective multicentrique sur des patients avec Covid-19 adultes hospitalisés dans un hôpital de Wuhan (Chine), l’âge moyen était nettement plus élevé dans le groupe « non survivants » (69 ans) que dans le groupe « survivants » (52 ans) [22].

Parmi les 242 patients hospitalisés entre le 16 janvier et le 3 février 2020 à Wuhan (Chine), diagnostiqués cliniquement comme une « pneumonie virale », 140 patients ont été extraits et analysés. L’âge moyen était plus élevé chez les patients ayant présenté une affection grave (64 ans) que ceux ayant présenté une maladie bénigne (51,5 ans) [23].

Une étude rétrospective a été menée sur 197 patients présentant une infection confirmée à la Covid-19 admis dans un centre médical universitaire du 8 mars au 8 avril 2020. Les cas graves ayant nécessité une ventilation mécanique avaient une tendance à être plus âgés (âge moyen : 63,1 ans) que les patients n’ayant pas nécessité une ventilation mécanique (âge moyen : 59,1 ans) [24].

Dans une étude de cohorte anglaise menée sur les données provenant des dossiers électroniques entre le 1er et le 25 avril 2020, l’âge avancé était fortement associé au risque de décès à l’hôpital avec Covid-19 selon une relation exponentielle. Le groupe d’âge de 80 ans avait un risque 12 fois supérieur à celui de 50-59 ans [25].

Les cas de Covid-19 (4.226) survenus aux États-Unis entre le 12 février et le 16 mars 2020 et signalés aux CDC, ont été analysés selon la gravité de la maladie (hospitalisation, admission en USI et décès) par groupes d’âge. Dans l’ensemble, 31% des cas, 45% des hospitalisations, 53% des admissions en USI et 80% des décès associés à la Covid-19 concernaient des adultes âgés de 65 ans et plus. Moins de 1% des hospitalisations concernaient des personnes âgées de moins de 20 ans. Ce taux était de 31% chez les adultes âgés de 85 ans ou plus. Aucune admission en USI n’a été signalée chez les personnes âgées de moins de 20 ans. Les pourcentages d’admissions en USI étaient les plus faibles chez les adultes âgés de 20-44 ans (2%-4%) et les plus élevés chez les adultes âgés de 75-84 ans (11%-31%). Les pourcentages de létalité augmentaient avec l’âge, passant d’aucun décès déclaré chez les personnes âgées de moins de 20 ans aux pourcentages les plus élevés (10%-27%) chez les adultes âgés de 85 ans ou plus [26].

Discussion

Cette revue de la littérature a permis de monter que l’âge avancé est un facteur de risque indépendant de formes sévères et de décès chez les patients atteints de Covid-19. Un excès de risque apparait dès l’âge de 50 ans et devient évident vers l’âge de 60 à 65 ans.

Dans une revue systématique avec méta-analyse, étudiant notamment les facteurs de risque de formes graves de Covid-19 sévère (définies par le syndrome de détresse respiratoire aiguë, la ventilation mécanique ou l’admission en USI ou le décès), le risque relatif de formes graves se situait entre 3 et 4 dans la catégorie >60 ou 65 ans comparativement à la catégorie inférieure dans 3 études et >1 dans une seule étude. Le risque relatif exprimant l’excès de risque de développer une forme grave ou de décéder dans un groupe d’âge par rapport à un groupe de référence. Le risque de décès s’échelonne de 2,43 à 8,55 dans les catégories d’âge >60 ans comparativement à la catégorie inférieure, dans 4 études. Le rapport de modification du risque de formes graves ou de décès par année d’âge a été aussi évalué, il variait de 1,06 à 1,46 [27].

L’augmentation du risque d’hospitalisation par rapport à la catégorie d’âge <50 ans (prise comme référence) variait de 1,92 à 2,96 dans la catégorie d’âge 50-59 (ou 50-64 ans) et de 2,78 à 5,52 dans la catégorie d’âge ≥60 ou 65 ans. Concernant la mortalité, l’augmentation du risque par rapport à la catégorie d’âge <50 ans (prise comme référence) variait de 2,50 à 4,56 dans la catégorie d’âge 50-59 (ou 50-64 ans) et de 9 à 12,3 dans la catégorie d’âge ≥60 ou 65 ans (tableau 2).

Tableau 2 : Taux d’hospitalisation ou de décès par catégorie d’âge rapportés dans 6 études.

Étude

Événement

Taux dans

la catégorie d’âge <50 ans

Taux dans

la catégorie d’âge

50-59 ou 50-64 ans

Taux dans

la catégorie d’âge

≥60 ou 65 ans

CDC, 2020 [11]

Hospitalisation

4,25%

8,16%

11,8%

Garg, 2020 [14]

Hospitalisation

2,5%

7,4%

13,8%

MSPRH, 2020 [2]

Mortalité

1,43%

6,53%

17,58

Verity, 2020 [10]

Mortalité

0,30%

1,25%

3,99%

Onder, 2020 [15]

Mortalité

0,4%

1%

3,5%

Novel, 2020 [16]

Mortalité

0,4%

1,3%

3,6%

Plusieurs mécanismes plausibles ont été énoncés pour élucider le lien entre l’âge avancé et les formes graves de cette maladie : affaiblissement du système immunitaire, présence de comorbidités et limitation de la « réserve d’organes », représentée par la capacité d’un organe à revenir avec succès à son état physiologique d’origine après des épisodes répétés de stress [28].

Même si des études épidémiologiques sur le personnel soignant exposé à la Covid-19 font encore défaut, il apparait sensé d’extrapoler les résultats de ce travail sur le personnel de santé dans le but d’une démarche d’aide à la décision d’aptitude médicale.

La note ministérielle n°18 du 26 avril 2020 précise que les personnels de santé âgés de 65 ans et plus doivent être dispensés des services dédiés à la Covid-19 [29].

A la lumière de toutes ces informations, il apparait raisonnable de ne pas permettre l’exposition professionnelle au SARS-Cov-2 d’un personnel de santé âgé de 65 ans et plus. Pour le personnel âgé de 50 à 64 ans, l’éviction des secteurs à haut risque (services ou unités recevant des cas graves tels que la réanimation, ou réalisant des procédures très exposantes telles que les intubations, ou recevant des cas suspects mais pouvant occasionnellement réaliser des procédures très exposantes), pourrait être envisagée, particulièrement en présence de comorbidités (affections cardio-vasculaires ou pulmonaires chroniques, diabète, obésité, insuffisance immunitaire, etc). Dans l’éventualité d’un manque de personnel soignant dans les services dédiés à la Covid-19, l’affectation en secteur de soins susceptibles de les exposer à des patients Covid-19 positifs, doit s’accompagner du respect strict des mesures barrières notamment le port de masque de type FFP2 ou FFP3 et de protection oculaire (écran facial ou lunettes de protection). Dans la mesure du possible, le télétravail pourra être proposé à cette catégorie de personnel.

Conclusion

Les résultats des recherches actuellement disponibles ont permis d’identifier formellement l’âge avancé comme facteur de risque indépendant de formes graves de Covid-19 et de décès par cette infection. Les institutions internationales ont fixé le seuil de fragilité à 65 ans pour certaines et à 70 ans pour d’autres. Le ministère algérien chargé de la santé a précisé l’âge vulnérable à 70 ans dans la population générale et 65 ans pour le personnel de santé.

Notre analyse de la littérature a montré clairement que le risque de formes graves et de décès par la Covid-19 est déjà important dès l’âge de 50 ans et augmente considérablement à partir de 60 à 65 ans. Il apparait essentiel de ne pas permettre l’exposition professionnelle au SARS-Cov-2 d’un personnel de santé âgé de 65 ans et plus. Entre 50 à 64 ans, l’éviction des secteurs à haut risque pourrait être envisagé, notamment en présence de certaines comorbidités.

 

Déclaration d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt.

 


 

Références

 

  1. WHO Coronavirus Disease (COVID-19) Dashboard. Consultable sur https://covid19.who.int (accès le 05 juin 2020).
  2. Carte épidémiologique. Consultable sur : http://covid19.sante.gov.dz/carte/ (accès le 04 juin 2020).
  3. World Health Organisation. Coronavirus disease 2019 (COVID-19) Situation Report – 51. Consultable sur : https://www.who.int/docs/defaultsource/coronaviruse/situation-reports/20200311-sitrep-51-covid-19.pdf?sfvrsn=1ba62e57_4 (accès le 16 Mars 2020).
  4. Centers for Disease Control and Prevention. People who are at higher risk for severe illness. Consultable sur : https://www.cdc.gov/coronavirus/2019- ncov/community/guidance-business-response.html?CDC_AA_refVal=https%3A%2F%2F www.cdc.gov%2Fcoronavirus%2F2019- ncov%2Fspecific-groups%2Fguidance-business-response.html (accès le 02 mai 2020).
  5. Gouvernement du Canada. Maladie à coronavirus (COVID-19) : Prévention et risques. 2020. Consultable sur : https://www.canada.ca/en/publichealth/services/diseases/2019-novel-coronavirusinfection/prevention-risks.html (accès le 31 mai 2020).
  6. European centre for disease prevention and control. Coronavirus disease 2019 (COVID-19) pandemic: increased transmission in the EU/EEA and the UK –seventh update. Consultable sur : https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/RRA-seventh-update-Outbreak-ofcoronavirus-disease-COVID-19.pdf (accès le 30 mars 2020).
  7. Haut Conseil de la Santé Publique. Avis provisoire : Recommandations relatives à la prévention et à la prise en charge du COVID-19 chez les patients à risque de formes sévères. 2020. Consultable sur : https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=775 (accès le 15 mars 2020).
  8. Public Health England. Guidance on social distancing for everyone in the UK. 2020. Consultable sur : https://www.gov.uk/government/publications/covid-19-guidance-on-social-distancing-and-forvulnerable-people/guidance-on-social-distancingfor-everyone-in-the-uk-and-protecting-olderpeople-and-vulnerable-adults (accès le 02 mai 2020).
  9. Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière. Direction générale de la prévention et de la promotion de la santé. Fiche technique III : Personnes vulnérables au Coronavirus Covid-19. 2020. Consultable sur : http://www.sante.gov.dz/prevention/82-documentation/552-notes-coronavirus-covid-19.html (accès le 03 mai 2020).
  10. Verity R, Okell LC, Dorigatti I, Winskill P, Whittaker C, Imai N, et al. Estimates of the severity of coronavirus disease 2019: a model-based analysis. Lancet Infect Dis 2020. DOI: 10.1016/S1473-3099(20)30243-7.
  11. Center for Disease Control and Prevention COVID-19 Response Team. Preliminary Estimates of the Prevalence of Selected Underlying Health Conditions Among Patients with Coronavirus Disease 2019 — United States, February 12–March 28, 2020. Morb Mortal Wkly Rep 2020; 69(13):382–386. Consultable sur : https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/mm6913e2.htm (accès le 08 avril 2020).
  12. Center for Disease Control and Prevention COVID-19 Response Team. Severe outcomes among patients with coronavirus disease 2019 (COVID-19)—United States, February 12–March 16, 2020. Morb Mortal Wkly Rep 2020; 69(12): 343-346. Consultable sur : https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/mm6912e2.htm (accès le 01 avril 2020).
  13. Chen T, Wu D, Chen H, Yan W, Yang D, Chen G, et al. Clinical characteristics of 113 deceased patients with coronavirus disease 2019: retrospective study. BMJ 2020; 368. DOI: https://doi.org/10.1136/bmj.m1091
  14. Garg S, Kim L, Whitaker M, O’Halloran A, Cummings C, Holstein R, et al. Hospitalization Rates and Characteristics of Patients Hospitalized with laboratory-Confirmed Coronavirus Disease 2019- COVID-NET, 14 States, March 1-30, 2020. Morb Mortal Wkly Rep 2020;69:458-464
  15. Onder G, Rezza G, Brusaferro S. Case-fatality rate and characteristics of patients dying in relation to COVID-19 in Italy. Jama 2020; 323(18):1775-1776.
  16. Novel Coronavirus Pneumonia Emergency Response Epidemiology Team. Vital surveillances: the epidemiological characteristics of an outbreak of 2019 novel coronavirus diseases (COVID-19)-China, 2020. China CDC Weekly 2020; 2(8):113-122. http://weekly.chinacdc.cn/en/article/id/e53946e2-c6c4-41e9-9a9b-fea8db1a8f51 (accès le 01 mai 2020).
  17. Jain V, Yuan JM. (2020). Systematic review and meta-analysis of predictive symptoms and comorbidities for severe COVID-19 infection. medRxiv 2020. DOI : https://doi.org/10.1101/2020.03.15.20035360.
  18. Liu W, Tao ZW, Wang L, Yuan ML, Liu K, Zhou L, et al. Analysis of factors associated with disease outcomes in hospitalized patients with 2019 novel coronavirus disease. Chin Med J 2020. DOI: 10.1097/CM9.0000000000000775
  19. Wang Wang, D., Hu, B., Hu, C., Zhu, F., Liu, X., Zhang, J., … & Zhao, Y. Clinical characteristics of 138 hospitalized patients with 2019 novel coronavirus–infected pneumonia in Wuhan, China. Jama 2020; 323(11):1061-1069.
  20. Li X, Xu S, Yu M, Wang K, Tao Y, Zhou Y, et al. Risk factors for severity and mortality in adult COVID-19 inpatients in Wuhan. Allergy Clin Immunol 2020. DOI: 10.1016/j.jaci.2020.04.006
  21. Yang X, Yu Y, Xu J, Shu H, Liu H, Wu Y, et al. Clinical course and outcomes of critically ill patients with SARS-CoV-2 pneumonia in Wuhan, China: a single-centered, retrospective, observational study. Lancet Respir Med 2020. DOI : 10.1016/S2213-2600(20)30079-5
  22. Zhou F, Yu T, Du R, Fan G, Liu Y, Liu Z, et al. Clinical course and risk factors for mortality of adult inpatients with COVID-19 in Wuhan, China: a retrospective cohort study. Lancet 2020. DOI: 10.1016/S0140-6736(20)30566-3
  23. Zhang J-J, Dong X, Cao Y-Y, Yuan Y-D, Yang Y-B, Yan Y-Q, et al. Clinical characteristics of 140 patients infected with SARS-CoV-2 in Wuhan, China. Allerg 2020. DOI: 10.1111/all.14238
  24. Bhargava A, Fukushima EA, Levine M, Zhao W, Tanveer F, Szpunar SM, Saravolatz L. Predictors for Severe COVID-19 Infection. Clin Infect Dis 2020. DOI : 10.1093/cid/ciaa674
  25. Williamson E., Walker AJ, Bhaskaran KJ, Bacon S, Bates C, Morton CE. Open SAFELY: factors associated with COVID-19-related hospital death in the linked electronic health records of 17 million adult NHS patients. medRxiv 2020. DOI : https://doi.org/10.1101/2020.05.06.20092999.
  26. Center for Disease Control and Prevention COVID-19 Response Team. Severe outcomes among patients with coronavirus disease 2019 (COVID-19)—United States, February 12–March 16, 2020. MMWR Morb Mortal Wkly Rep 2020; 69(12): 343-346. Consultable sur : https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/mm6912e2.htm (accès le 25 avril 2020).
  27. Matsushita K, Ding N, Kou M, Hu X, Chen M, Gao Y, et al. The relationship of COVID-19 severity with cardiovascular disease and its traditional risk factors: A systematic review and meta-analysis. medRxiv 2020. DOI: https://doi.org/10.1101/2020.04.05.20054155
  28. Atamna H, Tenore A, Lui F, Dhahbi JM. Organ reserve, excess metabolic capacity, and aging. Biogerontology 2018;19:171-84
  29. Ministère de la Sante, de la Population et de la Réforme Hospitalière. Note n° 18 du 26 avril 2020 complétant la note n°13 du 31 mars 2020 relative aux mesures de prévention et de protection en milieu de travail face à I ‘épidémie coronavirus COVID-l9). 2020. Consultable sur : http://www.sante.gov.dz/prevention/82-documentation/552-notes-coronavirus-covid-19.html (accès le 5 mai 2020).

 

  Télécharger le PDF de cet article

Prise en charge d’un patient Covid-19

La pandémie provoquée par la diffusion rapide du coronavirus (SARS-COV-2) provoque depuis 6 mois une pandémie issue d’un foyer initial localisé en Chine. Ses manifestations cliniques parfois redoutables, désignées par le terme “Covid-19”, ont imposé au niveau planétaire un gel de la plupart des activités humaines.

Achour, A. Saaddjaballah, F.Z. Zmit, EHS El Hadi Flici, (ex El Kettar), Université Youcef Benkhedda Faculté de Médecine, Alger.

 

Date de soumission : 07 Juin 2020.

 

Résumé : La pandémie provoquée par la diffusion rapide du coronavirus (SARS-COV-2) provoque depuis 6 mois une pandémie issue d’un foyer initial localisé en Chine. Ses manifestations cliniques parfois redoutables, désignées par le terme “Covid-19”, ont imposé au niveau planétaire un gel de la plupart des activités humaines. Les seuls moyens efficaces éprouvés pour l’endiguer ont été ceux qui limitent la diffusion du virus entre les individus : les mesures de distanciation sociale, le port de masques et le lavage/désinfection des mains en plus de la désinfection des surfaces. En absence de vaccin spécifique, les traitements font plus appels à une médecine par les preuves (traitement empiriques efficaces sur le virus et sur les manifestations cliniques), qu’à des données basées sur la physiopathologie. Dans ce contexte, les recommandations nationales en matière de diagnostic et de prise en charge sanitaire, ont rapidement été faites aux professionnels de la santé et adaptées au flux évolutif des données épidémiologiques. L’efficacité des mesures de prophylaxie, complétée par la prise en charge des cas symptomatiques contribuera à contenir la propagation de cette maladie émergente.

Mots clés : Traitement, prophylaxie, sujet contact.

 

Abstract: The pandemic caused by the rapid spread of the coronavirus (SARS-COV-2) has been causing a pandemic for 6 months from an initial outbreak located in China. Its sometimes-fearsome clinical manifestations, designated by the term “COVID-19”, have imposed on the planetary level a freeze on most human activities. The only effective means proven to contain it have been those that limit the spread of the virus between individuals: measures of social distancing, wearing masks and handwashing/disinfection and in addition to surface disinfection. in the absence of a specific vaccine, treatments rely more on evidence-based medicine (effective empirical treatment against the virus and clinical manifestations) than on data based on pathophysiology. In this context, national recommendations in terms of diagnosis and healthcare were promptly made to health professionals and adapted to the changing flow of epidemiological data. The effectiveness of prophylaxis, completed by the management of symptomatic cases, will help contain the spread of this emerging disease.

Key words: Treatment, prophylaxis.

 

 

La Covid-19 (CoronaVirus Disease-2019) est une pandémie mondiale dévastatrice, due à un nouveau coronavirus, le SARS-COV-2 (Severe Acute Respiratory Syndrome CoronaVirus 2), qui a émergé au mois de novembre dernier dans la ville de Wuhan en Chine et causé à ce jour plus de six millions de cas de contaminations, dont les deux tiers en Europe et aux Etats-Unis, avec apparition d’un nouvel épicentre de la maladie en Amérique latine et plus de 382.867 décès sur 6.416.828 cas confirmés sur la planète (05/06/2020). La Covid-19 se démarque par la virulence du SARS-Cov-2, dont la rapidité de réplication (5 à 10 fois plus que le SRAS 2003), et une production de nombreux agents pathogènes, pour une réponse immunitaire et inflammatoire moindre, avec pour conséquence une contagiosité élevée des personnes atteintes.

Cette alerte mondiale impose une vigilance, avec certes, une majorité des cas infectés (81%) qui sont légers sans pneumonie (bénins). Mais 14% des cas sont sévères, surtout ceux présentant des facteurs de risque (âge, comorbidités), et dont 5% s’exposent à des complications respiratoires, avec des lésions pulmonaires graves. Une prise en charge précoce et adaptée est nécessaire pour tout cas suspect ou confirmé.

Il y a eu par le passé, apparition de nouvelles maladies, et il y en aura encore dans le futur. À certaines, un traitement préventif a été trouvé, d’autres ont pu être éradiquées, alors que de nouvelles ont émergé, et voire ré-émergé, mettant à rude épreuve l’arsenal thérapeutique, d’où le regain d’intérêt du recours à des molécules anciennes et nouvelles (antirétroviraux, antiviraux, antiparasitaires), qui font quotidiennement leurs preuves dans cette nouvelle indication, dans l’attente d’une thérapeutique ou d’une prévention spécifique.

Maladie émergente avec laquelle on apprend tous les jours, caractérisée par une physiopathologie et une clinique des plus riches, et déroutante de par la multiplicité de ses facettes qui en conditionnent le pronostic : il en découle une urgence de prise en charge, d’où l’intérêt de bien évaluer la gravité des tableaux dès leur début, surtout en cas de présence de facteurs de risque comme l’âge avancé ≥65 ans, l’obésité avec BMI ≥35, maladies cardiovasculaires, pathologies respiratoires chroniques (BPCO, asthme, DDB), diabète, insuffisance rénale chronique, dialyse, néoplasie sous chimiothérapie et/ou radiothérapie et malades sous immunosuppresseurs.

L’évolution de la maladie se fera en deux phases :

  • Une phase infectieuse virale d’une semaine avec les symptômes sus cités (fièvre, asthénie, toux, céphalées),
  • Suivie d’une seconde phase, très inflammatoire inconstante, qui commence vers le 7ème jour à partir du début des symptômes, marquée par la dyspnée, avec des images radiologiques,

D’où trois tableaux qui peuvent se distinguer :

  • Une forme bénigne avec ou sans manifestation clinique patente (état stable) ni facteurs de risque (comorbidité), pour laquelle il sera préconisé un confinement de 14 jours à domicile avec respect des mesures d’hygiène et re-consultation au moindre signe,
  • Une forme modérée à sévère avec dyspnée, toux douloureuse gênante, une imagerie pathologique : le malade sera alors hospitalisé,
  • Une forme grave avec dyspnée importante, retentissement hémodynamique et imagerie TDM thoracique avec un taux d’atteinte de 25 à 50% voire plus, avec dans ce cas, une prise en charge en unité de soins intensifs (réanimation).

La prise en charge d’un patient suspect ou confirmé de la Covid-19, repose sur des recommandations dynamiques, qui évoluent avec les connaissances sur le SARS-Cov-2, sur la maladie, et en fonction de l’épidémiologie qui est changeante. La stratégie nationale, bien codifiée, repose sur un protocole thérapeutique.

Dans toute structure de santé, un circuit Covid-19 doit être établi pour limiter le contact des patients suspects avec les autres consultants. Des précautions autour des cas suspects, intégrant ce circuit doivent être établies, doivent être respectées et sont basées sur les mesures de prévention qui sont la pierre angulaire de toute PEC de patients suspects ou atteint de Covid-19 (port de bavette, moyens de protection et désinfection des locaux). Ce circuit prévoit un tri lors d’une consultation pour recenser les patients ayant des signes d’infection Covid-19. Celle-ci repose sur une anamnèse minutieuse, un examen clinique avec prise de température et de saturation en oxygène (SpO2) et une imagerie qui permettront un triage selon la gravité des tableaux.

Les moyens de protection contre la Covid-19 reposent pour tous, sur des mesures primaires à répéter : se laver les mains à l’eau savonneuse ou à l’aide d’une solution hydroalcoolique, maintenir une distance d’au moins 1 m avec les malades (surtout ceux qui toussent), éviter de se toucher les yeux, la bouche et le nez ; éternuer dans son coude et se moucher dans un mouchoir à usage unique et le jeter.

La définition des cas est susceptible d’évoluer selon la forme épidémique :

  • Un cas est suspect lorsqu’il associe :
  • Une infection respiratoire aigüe (IRA) dans un contexte épidémiologique, c’est-à-dire présentant des signes d’IRA, quelle qu’en soit la gravité, avec ou sans fièvre, accompagnée ou non de toux, asthénie, myalgie, céphalées, troubles digestifs (douleurs abdominales, diarrhée, vomissements) anosmie, voire agueusie.
  • ET notion de voyage ou séjour dans une région où la transmission est active, les 14 jours précédant le début des signes.
  • OU toute personne avec IRA quelle qu’en soit la gravité, dans les 14 jours suivant l’une des expositions suivantes :
  • Un contact étroit avec un cas symptomatique de Covid-19 confirmé ou probable ;
  • Ayant travaillé ou,
  • Ayant séjourné dans un service hospitalier à PEC de la Covid-19.
  • Un cas est probable : si la RT-PCR sur prélèvement nasopharyngé n’a pas pu être effectuée mais répond à la définition de cas suspect avec à la TDM thoracique des images de forte présomption,
  • Un cas est confirmé c’est-à-dire : toute personne, symptomatique ou non, avec une confirmation d’infection par le virus SARS-Cov-2 à la RT-PCR qui est la pierre angulaire du diagnostic, à réaliser lorsque le début de la symptomatologie date de moins d’une semaine, sur un prélèvement nasopharyngé profond, dans la mesure où la charge virale est plus élevée au cours de la première semaine d’apparition des symptômes, puis diminue progressivement sur une dizaine de jours.

Il est à retenir que tous les cas : suspects avec à la TDM un aspect “Covid-19” et/ou confirmés positifs à la RT-PCR seront hospitalisés, pris en charge de manière bien codifiée par un personnel de santé dédié (médical, techniciens, personnel paramédical), et recevront en milieu hospitalier, un traitement codifié selon la gravite du tableau clinique.

Ils bénéficieront :

  • D’un bilan pré-thérapeutique avec des contrôles réguliers, au vu des possibles effets secondaires des traitements spécifiques et/ou antibiotiques qui seront utilisés :
  • Une numération de la formule sanguine (NFS) : la présence d’une leucopénie et ou lymphopénie est notée.
  • Un bilan biochimique: avec une glycémie, un ionogramme sanguin, dosage de la C-Reactive Protein (CRP) à défaut de celui de la procalcitonine, une vitesse de sédimentation (VS), un bilan rénal, hépatique (ASAT, ALAT, bilirubine totale [BT]), LDH, un dosage des D-dimères qui peut être élevé, des troponines et la Pro-BNP en cas de troubles hémodynamiques et en cas de maladies cardiovasculaires.
  • Un électrocardiogramme (ECG) avant tout traitement par l’hydroxychloroquine avec calcul du QT, à recontrôler tous les 3 jours.
  • D’une imagerie, avec des critères radiologiques de forte présomption, basés sur les images typiques du scanner thoracique : opacités en verre dépoli ou ground glass, avec aspect en plages ou nodulaire : condensations en bande ou nodulaires ; crazy paving: réticulations au sein du verre dépoli.

L’absence d’anomalies parenchymateuses, n’exclut pas une infection Covid-19 dans les 3 premiers jours d’apparition des symptômes.

La certitude repose sur le seul examen de référence : la RT-PCR. Lorsque celui ne peut être effectué, l’imagerie est d’un apport significatif (spécificité élevée mais sensibilité modérée), surtout quand le contexte épidémiologique et clinique sont évocateurs. (N.B : la radiographie standard est peu spécifique).

Chez l’enfant

 

Rechercher les facteurs de risque :

•       Age <3 mois

•       Enfant immunodéprimé : déficit Immunitaire primitif (DIP), infection VIH, chimiothérapie, traitement immunosuppresseur, corticothérapie au long cours

•       Malnutrition protéino-énergétique

•       Cardiopathie congénitale instable

•       Maladie respiratoire chronique

•       Obésité.

Examen clinique :

•       Mesurer les constantes vitales : To, TA, FC, FR, SpO2

•       Apprécier l’état de conscience et l’état d’hydratation

•       Quantifier la diurèse

 

Rechercher les signes de gravité

•       Polypnée : FR ≥70/min, nourrisson <1an FR ≥50/mn enfant >1 an FR ≥70 /min (après avoir écarté les effets de la fièvre et des pleurs) ;

•       Ration alimentaire <50%,

•       Geignements,

•       Cyanose, marbrures des extrémités

•       Tirage important

•       Agitation

•       Troubles de la conscience

•       Déshydratation aiguë.

•       SpO2 sous air ambiant < 92%

Particularité : Pour le nouveau-né à l’état actuel des connaissances, il n’y a aucune preuve directe de transmission mère-enfant et de transmission par le lait maternel. Relativement peu de cas Covid-19 ont été rapportés et ils ont tous présenté une maladie bénigne.

 

Prise en charge.

Cas suspects : (tableau 1) : la prise en charge se fera selon le degré de gravité de l’atteinte.

Tableau 1 : arbre décisionnel de prise en charge de cas suspect de Covid-19

 

– Cas confirmés : Pour les cas confirmés, la prise en charge se fait aussi selon le degré d’atteinte (tableau 2).

Tableau 2 : Prise en charge des cas confirmés et/ou probables.

COV2 

Traitement : La démarche thérapeutique en cas de la Covid-19 est codifiée par un protocole (un pour l’adulte et le second pour les enfants), en application depuis le 23 mars 2020 avec introduction à tous les cas confirmés de l’hydroxychloroquine ou Lopinavir/Ritonavir en milieu hospitalier sous surveillance stricte ; puis à dater du 06 Avril association à l’Azithromycine. Le traitement cortisonique et l’anticoagulation ont été associés à la prise en charge des patients dès le 16 Avril 2020.

 


 

  1. Conduite thérapeutique chez l’adulte
  • Traitement spécifique en association 

 

En première intention

Hydroxychloroquine Sulfate (antipaludéen et immuno-modulateur)

Azithromycine

200 mg x3/j – 10 jours

500 mg le 1er jour puis 250 mg/j – 4J

Effets secondaires

Nausées, vomissements, diarrhées, urticaire, toxidermie, insomnie, agitation, anxiété, agressivité, hallucinations, céphalées, vertiges, convulsions, atteinte oculaire.

Diarrhée, éruption cutanée troubles du rythme cardiaque. Parfois aussi, des vomissements, des nausées et des céphalées

Surveillance : ionogramme : hypokaliémie

 Glycémie : hypoglycémie

 Transaminases : élévation ASAT/ALAT

 ECG : allongement de QT≥450 msec, myocardite, torsade de pointe

Contre-indications :

•     Allergie aux macrolides

•     Association aux alcaloïdes de l’ergot de seigle, colchicine,

•     Si insuffisance hépatique aiguë.

Deuxième intention

 Lopinavir / Ritonavir : Association fixe

 Cp 200/50 mg 2 Cp 2 x par j – 5 à 7 jours (ne pas écraser ni diluer)

Effets secondaires : Diarrhée, nausées, vomissements, éruption cutanée, prurit, asthénie, céphalées, somnolence

Surveillance :

•     Glycémie (hyperglycémie)

•     Transaminases : ASAT/ALAT : élevée

•     Gamma glutamyl transférase (ɣ GT) : élevée

  • Antibiotiques 

Dans les SDRA ou s’il existe des foyers de condensation alvéolaire. On prescrira :

  • Une céphalosporine de 3ème génération : Cefotaxime : 1gr toutes les 8 h,
  • Ou acide clavulanique + amoxicilline (Augmentin®) en PIV 1gr toutes les 8h,
  • La levofloxacine : 500 mg toutes les 12h peut être associée dans les tableaux graves.

Durée de 7 à 10 jours

  • Mesures symptomatiques
  • Oxygénothérapie
  • Réhydratation
  • Antipyrétique paracétamol en IV
  • Antalgique et antiémétique : Metoclopramide (Primpéran®) et Phloroglucinol (Spasfon®) en PIV
  • Anti diarrhéique : Smecta® : 1 à 3 sachets/jour
  • Mopral® : amp. 40 mg 1x/j le matin ou 1 gélule à 20 mg Omeprazole : matin à distance de la prise du TRT
  • Anti thrombotique en fonction d’éligibilité (voir anticoagulants)
  • Anxiolytique Hydroxyzine 25 à 50 mg
  • Albumine en cas d’hypoalbuminémie
  • Adjuvants

Sont un plus pour booster l’immunité

  • Vitamine C par voie orale 4 c.m. 2x/j ou 10 gr/j
  • Vitamine D 2.000 à 4.000 U/j1
  • Magnésium amp. 1 gr 2x/j en PIV
  • Zinc gel 10 mg /j
  • Accompagnement psychologique +++
  • AINS et corticoïdes

Concernant la place du traitement cortisonique, il est clairement établi que l’infection Covid-19 comprend deux phases : une première phase d’invasion virale et une deuxième phase d’agression inflammatoire liée à la libération de cytokines (médiateurs pro inflammatoires) qui se traduit par une aggravation à partir du 6ème jour après l’apparition des symptômes.

 

Les critères suivants témoignent d’une aggravation qui justifie l’indication d’une corticothérapie :

  • Critères cliniques : apparition de la dyspnée avec une fréquence respiratoire (FR) supérieure à 30 cycles/mn,
  • Critère oxymétrique : saturation partielle en oxygène (SpO2) inférieure ou égale à 80% sous 6l d’oxygène/mn (par voie nasale)
  • Critères biologiques : CRP supérieure à 10
  • Critères radiologiques :
    • Scanner thoracique : passage de l’étendue des lésions de 25 à 50% ou plus,  
    • Radiographie du thorax : aggravation rapide des lésions radiologiques (opacités alvéolo-interstitielles).

L’apparition d’un ou de plusieurs des critères ci-dessus, justifie la prescription immédiate de la Méthylprednisolone à raison de 1 à 2 mg/kg/j sans dépasser 80 mg/j, en une seule prise par voie intra-veineuse ou par bolus. La durée de cette corticothérapie ne doit pas dépasser 5 jours.

A noter que les patients recevant ces traitements pour des pathologies chroniques ne doivent pas les arrêter sans avis de leur médecin traitant.

  • Les anticoagulants

Considérant que les médiateurs pro-inflammatoires sont à l’origine de la perturbation de la viscosité plasmatique et du ralentissement circulatoire favorisant la survenue disséminée de micro-thrombi, un traitement anticoagulant peut être envisagé dans les situations suivantes :

  • Ne sont pas éligibles au traitement anticoagulant les patients suivants :
    • Patients asymptomatiques, symptomatiques bénins (sans dyspnée ni atteintes radiologique)
  • Seront éligibles au traitement anticoagulant les patients suivants :
    • Patients hospitalisés, en stade modéré avec présence d’un foyer pulmonaire peu étendu (ou limité) ou qui a évolué vers ce stade, à doses prophylactiques : ajouter une héparine de bas poids moléculaire (HBPM) à doses iso-coagulantes le plus précocement possible, exemple :
    • Enoxaparine 4.000 UI/jour pour un IMC inférieur à 30 kg/m2 et 6.000 UI/jour pour un IMC supérieur à 30 kg/m2 ou
    • Tinzaparine 3.500 UI/24h pour un IMC inferieur à 30 kg/m2; 7.000 UI/24h pour un IMC supérieur à 30 kg/m2

Chez les insuffisants rénaux il faudra tenir compte de la clearance à la créatinine. La durée de traitement sera de dix jours conformément au protocole. Ce traitement sera surveillé et modulé en fonction de l’évolution clinique, du taux de plaquettes sanguines et du dosage des D-dimères.

Patient au stade sévère, avec lésions pulmonaires étendues et signes d’insuffisance respiratoire et/ou risque thromboembolique élevé : à doses curatives, prescrire sous surveillance clinique et dosage des D-Dimères, une HBPM : Enoxaparine à 100 UI/kg/12 h par voie sous-cutanée ou, Tinzaparine à 175 UI/kg/ 24h par voie sous-cutanée.

Il s’impose une surveillance de tout examen réalisé jusqu’à normalisation de celui-ci et de tout traitement instauré (spécifique) et des effets qu’il peut induire avec déclaration des effets indésirables au centre national de pharmacovigilance et matériovigilance (CNPM).

  • Critères de guérison 

[MSPRH/ DGP : note ministérielle N°09 du 16/05/2020 relative aux critères de guérison d’un cas de Covid-19]

Critères cliniques : apyrexie stable, en l’absence de prise d’antipyrétiques, depuis au moins 03 jours, régression totale des signes respiratoires sachant qu’une toux irritative peut persister

Critère virologique : test de contrôle par RT-PCR au 10ème jour de traitement : négatif. Cependant, différentes situations peuvent être observées en fonction du test de contrôle par RT-PCR, au 10ème jour de traitement.

  • Si négatif, le patient est déclaré guéri et sera confiné à domicile pendant une durée de 14 jours avec port du masque, 
  • Si positif, le patient est porté sortant mais devra rester sous contrôle médical, mis en confinement à domicile (avec port du masque) pendant 14 jours et faire le test de contrôle par RT-PCR à J14 du confinement.
  • Si négatif : procéder à la levée du confinement à domicile sans contrôle radiologique.
  • Si positif : maintien du confinement à domicile avec port du masque pendant une durée supplémentaire de 10 jours, et réaliser un scanner thoracique pour statuer sur l’évolution des lésions radiologiques (peuvent persister sans manifestations cliniques).

A noter : pour les formes sévères accompagnées d’une réduction de la capacité de ventilation pulmonaire, un CT-thoracique est indiqué à la recherche de séquelles à type de fibrose.

  1. Conduite thérapeutique chez l’enfant

Traitement de soutien et avec surveillance active :

•  Hydrater et alimenter :

•  75% des apports habituels.

•  Prise T° x 2/J

•  Surveillance clinique

•  Trt de la fièvre : Paracétamol

**Pas de corticoïdes oraux, ni d’AINS, ni de nébulisation, ni de kinésithérapie

Forme bénigne modérée ou sévère

Enfant > 12 ans : même protocole que celui de l’adulte.

Enfant 6 ans – 12 ans :

•  Hydroxychloroquine per os pendant 07 j : 10 mg/kg/j en 2 prises (maximum 400 mg/j)

•  Azythromycine per os / 5 j

o Si moins de 25 kg : 20 mg/kg/j

o Si plus de 25 kg : 500 mg à j1 puis 250 mg de J2 à J5.

Enfant < 6 ans : Avis en infectiologie pour le traitement spécifique Lopinavir/Ritonavir

•  02 : pour maintenir SpO2 >92%

•  Apport hydro-électrolytique : per os, nasogastrique ou IV

•  Antibiothérapie si surinfection : probabiliste

o Forme bénigne ou modérée : Amoxicilline per os pendant 8 à 10 j (ou Amoxicilline + Acide Clavulanique)

o Forme sévère : Cefotaxime en IVD : 08 à 10 jours

Critères de sortie : A envisager au delà de J8 d’évolution

•   Apyrexie depuis au moins 3 jours.

•   Stabilisation de l’état clinique

•   Prise orale suffisante >75% des apports habituels.

•   SpO2 stable >92% sous air ambiant.

 

Pour les nouveau-nés de mères à infection au Covid-19 est soupçonnée, probable ou confirmée ; ils peuvent être allaités au sein tout en appliquant les précautions nécessaires : lavage des mains avant et après et port d’un masque chirurgical. L’allaitement maternel doit être initié dans I’heure qui suit la naissance.

Prise en charge des personnes contacts et co-exposées asymptomatiques d’un cas confirmé

Il est rappelé que toute prise en charge d’un cas de Covid-19 positif impose un renforcement de l’identification et du suivi des sujets contact de cas Covid-19 +. Il est impératif de rompre la chaine de transmission et d’éviter la constitution de clusters et/ou de foyers épidémiques à partir des cas Covid-19.

Pour cela des modalités pratiques de recherche active ont émané du Comité National de gestion de la crise sanitaire du Covid-19 en Algérie. Par :

  • Identification rapide des personnes contacts avec fiche d’identification et de suivi avec information sur leur statut et des mesures à respecter,
  • Mesures préventives : confinement à domicile des sujets asymptomatiques durant 14 jours. Avec respect des mesures barrières et au moindre signe d’infection respiratoire, de consulter.
  • Un suivi médical quotidien avec au début une RT PCR :
  • Si positif : prise en charge en milieu hospitalier. Si négatif maintenir le confinement à domicile
  • Des visites à domicile des cas contacts doivent être assurées, ils doivent être informés des signes qu’ils peuvent présenter et qui doivent les faire consulter.
  • La collecte des données doit être quotidienne, informatisée, mise sur un fichier Excel® puis adressées à la DSP.

Conclusion

Les présentes recommandations ont été élaborées sur la base de recommandations du Comité Scientifique de Suivi de l’Évolution de la Pandémie du Coronavirus COVID-19, mis en place par les autorités algériennes. Elles ont été régulièrement mises à jour et adaptées aux situations épidémiologiques, tenant compte du degré de gravité des signes cliniques mais aussi selon l’âge et les comorbidités. Dans l’attente d’un traitement préventif et curatif efficace, elles définissent, tant pour les professionnels de la santé qu’à l’ensemble des citoyens concernés, une ligne de conduite dynamique et adaptable en permanence à l’évolution de la propagation de la pandémie dans le pays. 

 

Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.


 

Référence

  1. Plan de préparation et de riposte à la menace de l’infection coronavirus covid-19. Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière Direction Générale de la Prévention et de la Promotion de la Santé.
  2. [MSPRH/ DGP : note ministérielle N°07 du 08/03/2020 relative aux critères de guérison d’un cas de Covid-19 et des sujets contacts infectés].
  3. [MSPRH/ DGP : note ministérielle N°06 du 06 Avril 2020 relative au traitement spécifique des cas Covid-19]
  4. [MSPRH/ DGP : note ministérielle N°20 du 05 Mai 2020 relative à l’actualisation de la définition de cas de COVID-19]
  5. [MSPRH/ DGP : instruction ministérielle N°9/ DGSSRH du 16/04/2020, relative à la démarche diagnostique et thérapeutique du Covid-19]
  6. [MSPRH/ DGP : Instruction N°09 du 19 Avril 2020 relative à la démarche diagnostic du Covid -19 aux critères de guérison d’un cas de Covid- 19 et des sujets contacts infectés].
  7. [MSPRH/ DGP : note ministérielle N°12 du 05 Mai 2020 relative à la mise en place du dispositif de prise en charge d’un patient Covid-19]
  8. [MSPRH/ DGP : note ministérielle N°O9 du 19 Mai 2020 relative à l’actualisation des critères de guérison d’un cas covid-19].
  9. [MSPRH/ DGP : note ministérielle N°10 du 27 Mai 2020 Relative au renforcement de l’identification et du suivi des sujets contact de cas Covid-19].

 

  Télécharger le PDF de cet article

Santé mentale et Covid-19

La pandémie du Covid-19 et le confinement général qui dure depuis deux mois o augmenté le stress et l’anxiété de la population. Le ralentissement planétaire et le confinement ont également ralenti toutes les démarches de soins non liées à l’infection du Covid-19.

Kacha, Psychiatrie, EHS Mahfoud Boucebci, Chéraga Alger.

Date de soumission : 14 Mai 2020.

 

Résumé : La pandémie du Covid-19 et le confinement général qui dure depuis deux mois o augmenté le stress et l’anxiété de la population. Le ralentissement planétaire et le confinement ont également ralenti toutes les démarches de soins non liées à l’infection du Covid-19. Nos malades connus avant la pandémie, surtout ceux qui présentaient des troubles anxieux (phobie, obsession, anxiété généralisée etc.), ont aggravé leurs troubles. Le confinement a provoqué des réactions au stress et à l’anxiété exprimées en fonction des personnalités et de la stabilité socio-familiale antérieure (troubles du sommeil et du caractère). Une partie de la population a profité de l’isolement et du rassemblement de la famille. Par contre, les soignants et les familles endeuillées, eux sont exposés en plus, au trauma ou traumatisme psychologique. Ces troubles doivent être accompagnés afin d’éviter leur chronicisation.

Mots Clés : Pandémie Covid-19, trauma, épidémie, confinement.

 

Abstract: The pandemic Covid 19 and the general confinement that has been going on for two months has increased the population’s stress and anxiety. The global slowdown and confinement have also slowed down all care procedures not linked to the infection of Covid-19. Our known patients with anxiety disorders before the pandemic (phobia, obsession, generalized anxiety, etc.) worsened their disorders. The confinement provoked reactions to stress and anxiety expressed in terms of previous personalities and socio-family stability (insomnia, character disorders). Part of the population benefited from the isolation and the gathering of the family. On the other hand, the caregivers and the bereaved families are exposed in addition to psycho-trauma. The disorders must be accompanied in order to avoid their chronicity.

Key words: Pandemic Covid-19, Psycho-trauma, confinement, epidemic.


 

  1. Généralités

Notre pays a acquis une expérience certaine dans la prise en charge du psycho-trauma après les traumatismes humains et naturels qui se sont succédés ces dernières décennies (tremblements de terre, inondations, violences sociales etc.). Par ailleurs les champs cliniques et thérapeutiques autour de cette question sont les domaines de la psychopathologie qui ont le plus évolué ces vingt dernières années. Alors les premières nouvelles concernant l’arrivée de cette pandémie n’ont pas beaucoup inquiété les psychologues et les psychiatres qui ont rapidement mis en place des aides et soutiens sur les réseaux sociaux. Ce qui inquiétait les soignants, était plus en rapport avec la réponse à la pandémie de notre système sanitaire.

Mais le confinement de toute la population qui dure dans le temps, l’agressivité et la puissance de propagation du virus puis les informations anxiogènes circulant dans le monde entier ont durement éprouvé l’équilibre psychologique de nos malades et de la population générale. Nous avons été régulièrement sollicités par nos patients pour des troubles anxieux et dépressifs.

Avant d’aborder la variété des troubles psychologiques et psychiatriques secondaires à l’impact de la Covid-19 dans notre pays, nous vous proposons deux préalables :

  • La nécessité d’appréhender la distinction entre stress, angoisse et trauma.
  • La prise de conscience que l’impact du confinement et de l’épidémie va dépendre de la variété des personnalités impliquées et de l’organisation sociale de la population concernée.

 

  1. Les réactions psychiques
  • Le stress: est une réaction physiologique, naturelle de l’individu soumis à une agression, une menace ou à une situation imprévue. Cette réaction touche à la fois aux domaines somatique, psychique et moteur. Éminemment réactionnel, le stress se dissipe lorsque disparait la situation qui stresse. Mais le stress qui dure dans le temps peut provoquer des troubles psychosomatiques et psychologiques durables qui relèvent des spécialistes du soma.
  • L’angoisse : est un sentiment de danger et d’inconfort. Vécu de danger sans précision, « comme s’il allait arriver quelque chose ». Elle est communicative et entraine des réactions de défense et d’agressivité. Elle peut également, lorsqu’elle est importante, occasionner des réactions dépressives et anxieuses aiguës.
  • Le Trauma : ou traumatisme psychique diffère totalement du stress. Il s’agit d’un choc violent qui s’accompagne d’effroi. L’effroi correspond à un état d’horreur, au-delà de la peur de l’angoisse et du stress et qui traduit la rencontre avec le réel de la mort. C’est une confrontation à la mise en danger de sa propre vie ou à la mort d’un proche, pris dans la même catastrophe. Le trauma se définit par les conséquences psychologiques de la confrontation brutale d’un individu, à la mort ou à une menace pour sa vie, ou celle d’un proche vivant la même situation.

 

  1. Famille et société 

La situation de pandémie que nous vivons actuellement est une situation totalement inédite pour l’ensemble de la population comme pour les soignants. Mais les conséquences psychologiques sont différentes en fonction des paramètres personnels, type de personnalité, adaptation sociale et fonctionnement familial. Nous ne sommes égaux ni devant les risques, ni devant les mesures prises pour les conjurer. Ceci est valable pour toutes les situations traumatiques.

Par ailleurs, par rapport à l’Europe et aux États-Unis, dans notre pays les personnes vivant seules sont rares, ce sont les familles pléthoriques qui sont fréquentes. La solitude augmente le sentiment de vulnérabilité et le pessimisme. La famille est un facteur de protection lorsqu’elle est harmonieuse. Elle a un rôle primordial dans notre culture. Il y a souvent dans une maison les représentants de trois générations. La religion et le ramadan sont des facteurs de résilience.

On peut séparer les populations urbaines en deux grands groupes :

  • Un groupe d’individus bien insérés dans l’économie ou dans l’administration, disposant de ressources économiques et de mobilité. Moins dépendants des ancrages sociaux de proximité sociale ou familiale. Ils ont une plus grande distance dans les rapports sociaux. Les individus de ce groupe tolèrent le confinement mais réagissent mal au risque d’être contaminé.
  • Le deuxième groupe fonctionne dans la nécessité de rester à proximité des liens familiaux, des liens communautaires ou des liens dans le quartier. Ils sont inscrits pour la plupart dans l’économie informelle, demeurant le plus souvent en périphérie des grandes villes. Leur survie sociale et économique est étroitement liée à leur capacité à mobiliser les liens de proximité comme dans un village. Les individus de ce groupe tolèrent plus facilement le risque épidémique que le confinement.
  1. Le confinement
  2. Les troubles non spécifiques

Le confinement est un facteur de stress pour la majorité de la population car il modifie les habitudes de chacun. Les enfants ne sont plus scolarisés mais ils ne sont pas en vacances et les adolescents qui se regroupent souvent entre eux sont confrontés aux parents à longueur de journée. Le confinement peut les mettre dans une situation explosive, ils transgressent alors et prennent la liberté de s’opposer, de sortir, de prendre des risques ; ces passages à l’acte sont réalisés sans mesurer le danger, c’est ce qui s’est passé dans plusieurs quartiers périphériques d’Alger et des grandes villes. Les adultes qui ont des rituels et des espaces privilégiés se voient envahis dans leur espace habituel et les femmes qui ont habituellement la responsabilité des enfants et des personnes âgées sont rapidement dépassées. Le confinement bouleverse les espaces et les prérogatives des hommes et des femmes qui sont bien ritualisés dans notre culture. Les hommes ont leur espace à l’extérieur et les femmes à l’intérieur de la maison. D’où les tensions agressives dans les couples.

Le stress qui dure, va faciliter les troubles des conduites : abus compulsif de nourriture, de drogue et de tranquillisants pour se calmer. Sentiment d’insatisfaction avec colères, irritabilité et impulsivité. Ce sont là les raisons de l’agressivité et des bagarres au sein des familles.

L’anxiété est favorisée par les informations contradictoires entre ce que disent les gens, la télévision, les réseaux sociaux, les journaux et les spécialistes qui défilent à longueur de journée. Elle est également entretenue par les perspectives et l’avenir incertain.

La télévision, qui habituellement est un objet d’occupation ludique, devient anxiogène par le nombre d’information contradictoire et la comptabilité morbide quotidienne. Certaines familles gardent malgré tout comme d’habitude la télévision allumée toute la journée, ce qui entraine une anxiété et des céphalées permanentes.

Les couples qui ne sont pas habitués à une proximité permanente, ou qui ont des conflits non résolus développent des comportements agressifs et une impulsivité aggravant ainsi les facteurs de stress et d’anxiété.

Les enfants hyperactifs, les enfants autistes et les enfants turbulents vont aggraver le stress des parents et de la fratrie. Les psychiatres et les psychologues ont proposé des conseils sur les réseaux sociaux.

Les troubles du sommeil sont fréquents et sont facteur de développement de l’agressivité. L’insomnie initiale en début de nuit s’installe à cause des changements dans les habitudes quotidiennes, le stress perturbe l’endormissement, la grasse matinée va diminuer les heures de sommeil. Les consultations pour obtenir des hypnotiques ont été plus nombreuses. Nous avons conseillé chaque fois une meilleure hygiène de vie et surtout de garder les habitudes et les rituels d’endormissement. Mais le ramadan complique la difficulté de maintenir les rituels.

Dans l’ensemble, le stress est plus durement vécu par le deuxième groupe qui fait face rapidement à des problèmes économiques et à des nécessités de liens de proximité sociale et familiale.

  1. Les troubles spécifiques 

Les obsessions apparaissent ou, lorsqu’elles existaient avant le confinement, s’aggravent. Multiplication des activités de ménage, recours aux produits reconnus pour leur efficacité, lavage interminable, écoutes compulsives du nombre des malades et celui des décès. Les obsessions de la contamination peuvent donner lieu à des confinements volontaires et des refus de sortir. L’obsession du virus fait qu’on le voit partout. Certains patients refusent de sortir de chez eux.

Les phobies peuvent survenir ou s’aggraver lorsqu’elles préexistaient au confinement. Contrairement aux obsessions qui sont des idées et des comportements qui s’imposent à nous, même s’il n’y a aucune raison qui les justifie, les phobies, elles, sont liées à des situations réelles. Peur de sortir dehors par peur de rencontrer des personnes infectées dans l’agoraphobie, peur que le confinement dure dans le temps pour les claustrophobes.

La tristesse : lorsque les agressions persistent, que ce soit sous forme de stress, d’anxiété, des phobies ou des obsessions, une tristesse s’installe ; elle peut conduire à une dépression qui va à son tour amplifier les phobies et les obsessions. Mais il faut avouer que le confinement a réduit le nombre de consultants dans toutes les spécialités. Chaque personne considère qu’il est normal de ressentir ces troubles compte tenu de la situation nationale et mondiale.

Les attaque de panique peuvent survenir sur les terrains anxieux ou phobiques. Ce sont des peurs avec une conviction de mourir dans l’instant présent. Ce sont des crises spectaculaires qui mobilisent toute la famille et se retrouvent aux urgences médicales.

Enfin tous les troubles psychiatriques antérieurs sont aggravés soit par le confinement lui-même, qui se trouve être une proximité qui n’est pas souhaitée ; soit par le stress et l’anxiété de la famille, à laquelle ils sont généralement très sensibles. Nous avons des patients qui s’enferment et refusent de sortir, et d’autres qui augmentent leurs traitements pour stabiliser leur anxiété.

  1. Il y a des aspects psychologiques positifs du confinement, et recommandations

Il y a des personnes par contre, qui sont heureuses de passer du temps avec leur famille. Ce retour au foyer peut contenter certaines femmes qui ne trouvent pas beaucoup de satisfaction dans leur activité professionnelle et qui sont heureuses de consacrer du temps à leurs enfants. Reconstituer la famille est également un bonheur pour certains parents et grands-parents.

C’est également pour certains l’occasion de prendre conscience des automatismes stériles et de réfléchir à leur mode de vie antérieur afin d’y apporter de nouvelles perspectives.

Enfin certains sont heureux de se retrouver seul, pour enfin disposer d’un temps pour lire, pour écrire ou entreprendre une activité qui leur fait plaisir.

Nous voyons que l’équilibre familial antérieur est très important. Le rôle des parents doit s’adapter à la situation nouvelle. Il faut contenir les enfants, les occuper, leur consacrer du temps et leur organiser un emploi du temps adapté au logement, à leur âge et au niveau de leur développement.

Tenter de respecter l’espace pour chacun lorsque cela est possible et il est souhaitable d’oublier que l’enfermement est imposé.

L’humour est un excellent anxiolytique, il y a des blagues et des propos humoristiques qui ne cessent de circuler sur les réseaux sociaux, elles ont un rôle salutaire lorsque le confinement se prolonge.

La religion est un facteur de protection, ainsi que le ramadan. Ils donnent un rythme au temps et du sens à la vie, ils enlèvent le stress, redonnent des perspectives à un avenir confiant. Ceci est particulièrement important lorsque la science est décrédibilisée et devient source d’inquiétude.

Enfin il faut éviter la télé ouverte toute la journée au centre de la maison, mais programmer les films, les activités ludiques. Éviter les informations anxiogènes, ne pas oublier que les enfants ne sont inquiets que lorsque les parents le sont.

  1. Épidémie et contamination

Les soignants confrontés à la mort par le virus et les familles de victimes qui ont vécu les mêmes peurs de la mort peuvent développer des troubles aigus. Ces troubles se manifestent par de l’agitation, de la confusion, une fuite brutale éperdue, une situation de vide de la pensée ou un état de stupeur. Après deux jours apparaissent chez certains, des troubles plus spécifiques : un syndrome de répétition caractérisé par une reviviscence des émotions et des sensations vécues. Ce sont des flash-back qui envahissent la personne de jour comme de nuit. La victime revit cauchemars et des sursauts qui la réveillent. Des états dépressifs peuvent compliquer le tableau ainsi que troubles anxieux aigus. Le ministère de la santé a mis en place une plateforme à l’intention des soignants qui sont les premières victimes.

Le trauma peut laisser des séquelles : des conduites addictives peuvent s’installer, des modifications de la personnalité peuvent se voir et être définitives, des troubles anxieux peuvent devenir permanents.

En dehors de ce trouble spécifique, tous les troubles abordées dans le confinement, peuvent se retrouver après le confinement lors de la confrontation au risque de l’épidémie.

  1. En conclusion

La pandémie du Covid-19, a des impacts psychologiques indéniables sur la population. Nous relevons des troubles plus spécifiques au confinement comme les troubles anxieux et secondaires aux différents stress vécus par la population. L’épidémie et la confrontation à la mort, va occasionner chez certaines personnes comme les soignants et famille de victimes, un psycho-traumatisme ou trauma dont il faudra surveiller l’évolution. Il faut signaler le fait que, pendant cette période de confinement, nous avons eu très peu de nouveaux patients. Par contre, il est possible que le déconfinement s’accompagne d’une recrudescence des consultations.

 

Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

 

Références 

  1. De Clerq M., F. Lebigot, Les traumatismes psychiques. Éditions Masson, Paris 2011.
  2. Vildé J.L., H. Tsiang, J. Milliez, M. Tubiana, A. Aouati. La peur des pandémies. JMS no 6, Passages n0 126-127 Juillet/Août/Septembre 2003.

 

 

 Télécharger le PDF de cet article

Aspects médico-légaux

La question du risque de “contagiosité” des fluides biologiques de patients atteints de Covid-19 ou des cadavres des personnes décédées suite au SARS-CoV-2 se pose pour l’ensemble des soignants, amenés à manipuler les patients, les cadavres ou certains de leurs fluides biologiques et, bien évidemment, aussi pour les sujets contacts.

Bessahe, KH. Doubali, S. Haroual, A. Amokrane, Service de Médecine Légale, CHU Issaad Hassani, Béni Messous, Alger.

Date de soumission : 23 Mai 2020.

 

Résumé : La question du risque de “contagiosité” des fluides biologiques de patients atteints de Covid-19 ou des cadavres des personnes décédées suite au SARS-CoV-2 se pose pour l’ensemble des soignants, amenés à manipuler les patients, les cadavres ou certains de leurs fluides biologiques et, bien évidemment, aussi pour les sujets contacts. Les données concernant la présence de SARS-CoV-2 dans les fluides biologiques sont essentiellement chinoises [2] et semblent s’accorder pour dire que le virus est très présent dans les secrétions des voies aériennes supérieures et inférieures, dans les selles, et beaucoup moins dans les larmes et les urines. Chez nous, les personnes décédées de cause indéterminée constatée par le médecin requis, feront l’objet de demande d’autopsie par le tribunal. Mais notre service a pris la décision dès le début de l’épidémie en Algérie de pratiquer des prélèvements post-mortem qui nous permettront de connaitre le statut viral des décès afin d’éviter d’une part une autopsie considérée parfois inutile, et d’autre part de prendre les mesures inhérentes à l’inhumation de personnes infectées par un coronavirus (SRAS-CoV-2), et des mesures de protection des personnes ayant approchés de son vivant le défunt.

Mots-clés : Covid-19, prélèvements post-mortem, liquides biologiques, inhumation, autopsie.

 

Abstract: The question of the risk of “contagiousness” of the biological fluids of patients with Covid-19 or the cadavers of people who have died as a result of SARS-CoV-2 arises for all caregivers who have to handle patients, cadavers or some of their biological fluids and, of course, also for contact subjects. The data concerning the presence of SARS-CoV-2 in body fluids are mainly Chinese [2] and seem to agree that the virus is very present in the secretions of the upper and lower airways, in the faeces, and much less in tears and urine. In our country, autopsies will be requested by the court for persons who have died of undetermined cause, as determined by the required doctor. However, our service took the decision at the beginning of the epidemic in Algeria to take post-mortem samples which will allow us to know the viral status of the deaths in order to avoid, on the one hand, an autopsy considered sometimes useless and, on the other hand, to take the measures inherent to the burial of persons infected by a coronavirus (SARS-CoV2) and measures to protect the persons having approached the deceased during his lifetime.

Keywords: covid-19, post-mortem samples, biological fluids, burial, autopsy.


 

Introduction 

Les coronavirus forment une vaste famille de virus qui peuvent être pathogènes chez l’homme et chez l’animal. On sait que, chez l’être humain, plusieurs coronavirus peuvent entraîner des infections respiratoires dont les manifestations vont du simple rhume à des maladies plus graves comme le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Le dernier coronavirus (SARS-CoV-2) qui a été découvert est responsable de la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) [1].

 

Qu’est-ce que la Covid-19 ?

La Covid-19 est la maladie infectieuse causée par le dernier coronavirus qui a été découvert (SARS-CoV-2). Ce nouveau virus et cette maladie étaient inconnus avant l’apparition de la flambée à Wuhan (Chine) en décembre 2019. La Covid-19 est maintenant pandémique et touche de nombreux pays dans le monde [1].

 

Quels sont les symptômes de la Covid-19 ?

Les symptômes les plus courants de la Covid-19 sont la fièvre, une toux sèche et la fatigue. Certains patients présentent des douleurs, une congestion nasale, des maux de gorge ou une diarrhée. Ces symptômes sont généralement bénins et apparaissent de manière progressive. Certaines personnes, bien qu’infectées, ne présentent que des symptômes très discrets. La plupart (environ 80%) des personnes guérissent sans avoir besoin de traitement en milieu hospitalier. Environ une personne sur cinq contractants la maladie présente des symptômes graves, notamment une dyspnée. Les personnes âgées et celles qui ont d’autres problèmes de santé (hypertension artérielle, problèmes cardiaques ou pulmonaires, diabète ou cancer) ont plus de risques de présenter des symptômes graves. Toutefois, n’importe qui peut contracter la Covid-19 et tomber gravement malade. Même les personnes qui présentent des symptômes très discrets peuvent transmettre le virus. Quel que soit son âge, toute personne qui a de la fièvre, qui tousse et qui a des difficultés à respirer doit consulter un médecin [1].

Comment la Covid-19 se propage-t-elle ?

La Covid-19 est transmise par des personnes porteuses du virus. La maladie se transmet principalement d’une personne à l’autre par le biais de gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche lorsqu’une personne malade tousse, éternue ou parle et aussi par les liquides biologiques extériorisés lors de la manipulation d’un cadavre d’une personne décédée par la Covid-19. Ces gouttelettes sont relativement lourdes, ne parcourent pas de grandes distances et tombent rapidement au sol. Il est possible de contracter la Covid-19 en cas d’inhalation de ces gouttelettes. C’est pourquoi il est important de se tenir à un mètre au moins des autres personnes. Ces gouttelettes peuvent se retrouver sur des objets ou des surfaces autour de la personne malade ou le cadavre (tables, poignées de porte et rampes, par exemple). On peut alors contracter la Covid-19 si on touche ces objets ou ces surfaces et si on se touche ensuite les yeux, le nez ou la bouche. Il faut donc se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydroalcoolique [1].

L’OMS examine les travaux de recherche en cours sur la manière dont la Covid-19 se propage et elle continuera à communiquer les résultats actualisés.

Quels fluides biologiques abritent le SARS-CoV-2 ?

La question du risque de “contagiosité” des fluides biologiques de patients atteints de Covid-19 ou des cadavres des personnes décédées suite au SARS-CoV-2 se pose pour l’ensemble des soignants, amenés à manipuler les patients, les cadavres ou certains de leurs fluides biologiques et, bien évidemment, aussi pour les sujets contacts.

Les données concernant la présence de SARS-CoV-2 dans les fluides biologiques sont essentiellement chinoises [2] et semblent s’accorder pour dire que le virus est très présent dans les secrétions des voies aériennes supérieures et inférieures, dans les selles, et beaucoup moins dans les larmes et les urines.

 

Qu’en est-il des chiffres épidémiologiques et des décès ?

Le monde entier fait face à une crise sanitaire sans précédent due à la pandémie de Covid-19, On recense plus de 5 millions de cas dans le monde et désormais près de 333.001 décès dus au Covid-19 [3].

En Algérie, le pays africain dénombrant le plus de décès, on dénombre jusqu’au mois de mai, 7.728 cas recensés et 575 décès dus à l’épidémie [3].

L’épidémie de coronavirus qui progresse de jour en jour sur le territoire algérien impose aux services sanitaires des mesures particulières en ce qui concerne la prise en charge des malades atteints et aussi, et en particulier des décès par l’infection au coronavirus ou les décès suspects de contamination au Covid-19 ; ces mesures impactant non seulement le déroulement des funérailles mais aussi le comportement du personnel hospitalier au contact du défunt.

Risque de transmission de Covid-19 à partir d’une personne décédée de Covid-19

Le laboratoire des agents pathogènes rares et importés de santé publique Angleterre (PHE) [4] a évalué le risque post mortem des personnes décédées d’une infection par le coronavirus (SARS-CoV2) et a identifié peu de danger résiduel à part :

  • Génération potentielle de gouttelettes provenant d’un mouvement d’air artificiel pendant les soins initiaux au défunt
  • Examen post mortem, où l’utilisation d’outils électriques a lieu, ce qui constitue un risque pour la génération d’aérosols.

On estime que le virus viable pourrait être présent jusqu’à 48 à 72 heures sur les surfaces environnementales dans des conditions « d’air ambiant ». Dans les corps décédés, en particulier ceux conservés dans des conditions de réfrigération, et en fonction des facteurs ci-dessus, le virus infectieux peut persister plus longtemps et le dépistage des cas suspects doit être envisagé.

En raison de la consolidation des sécrétions respiratoires et de la dégradation rapide du virus lorsqu’il n’est pas soutenu par des tissus vivants, le risque résiduel de déversement de liquide corporel ne présentera pas de risque. Par conséquent, les sacs mortuaires ne sont pas jugés nécessaires mais peuvent être utilisés pour d’autres raisons pratiques. Placer un chiffon ou un masque sur la bouche du défunt lors de son déplacement peut aider à empêcher la libération d’aérosols.

Pour le délai de contamination post-mortem ; notre expérience à propos de quelques cas a montré que le corps d’une personne décédée reste contaminant plusieurs heures après le décès, et on cite un exemple :

  • C’est le cas d’un homme âgé de 57 ans, sans antécédents pathologiques particuliers, décédé à son domicile le 08 Avril 2020 vers 00 heures, lors de l’interrogatoire des membres de la famille on a constaté que son père serait décédé le 29 Mars 2020 suite à une infection au Covid-19 et que le médecin qui a constaté la mort a opté pour une suspicion de mort suite à une infection au Covid-19.

Le procureur de la république a ordonné une réquisition destinée à notre service pour effectuer un prélèvement naso-pharyngé à la recherche d’une infection au Sars-Cov-2, effectué le même jour vers 10 heures envoyé à l’Institut Pasteur d’Alger revenant positif (infection au Sars-Cov-2+).

On peut conclure que le corps d’une personne décédée reste contaminant jusqu’à 10 heures après la mort.

 

Conseils aux professionnels qui gèrent des corps des décédés, y compris le personnel mortuaire, les pathologistes et les directeurs de funérailles. Des conseils sur les risques d’infection liés aux activités professionnelles, liées à la manipulation du défunt sont nécessaires et indispensables [4], il couvre la manipulation, le stockage et l’examen en toute sécurité des corps dans les hôpitaux, les morgues et les salles d’autopsie. Il fournit également des conseils aux personnes impliquées dans les toilettes mortuaires et aux exhumations de restes humains. Traitement des personnes décédées potentiellement infectées par le coronavirus (Sars-Cov-2) pour cela il y a des exigences en matière d’équipements de protection individuelle (EPI) pour les soins aux personnes décédées pendant la pandémie de coronavirus (Covid-19). 

Ce tableau doit être utilisé par tous les professionnels qui gèrent des personnes décédées soupçonnées ou confirmées d’être infectées par un coronavirus (SRAS-CoV2).

 

Procédures de non-autopsie, y compris l’admission de la personne décédée, l’enregistrement de la personne décédée, la préparation à la visite, la libération de la personne décédée

Procédures d’autopsie, y compris d’autres procédures invasives

Gants jetables

Oui

Oui

Tablier en plastique jetable

Oui

Oui

Robe jetable

Non

Oui

Masque chirurgical résistant aux fluides (Type IIR) (FRSM)

Oui

Non

Masque filtrant (classe 3) (FFP3)

Non

Oui

Protection oculaire jetable

Oui

Oui

Les employés doivent s’assurer qu’ils connaissent les procédures de leur employeur concernant les EPI et qu’ils les utilisent correctement. Les employés doivent retirer tout EPI et vêtements contaminés lorsqu’ils quittent une zone de travail sale. Les gens ne doivent pas pénétrer dans des zones propres avec de l’EPI.

Une utilisation appropriée des EPI peut protéger les vêtements contre la contamination, mais le personnel doit se déshabiller avant de rentrer chez lui. Les vêtements de travail doivent être lavés séparément, conformément aux instructions du fabricant.

Instructions pour le traitement des échantillons prélevés sur les corps des personnes décédée de Covid-19. Il est dirigé par le médecin légiste pour obtenir des échantillons pour les tests (PCR) de diagnostic du coronavirus (SARS-CoV-2) chez le défunt, le même processus doit être suivi que pour les patients vivants. Si une autopsie est réalisée, une biopsie pulmonaire peut être envoyée dans un récipient universel stérile sans aucun additif [4].

Résultats d’autopsie chez les patients atteints de Covid-19

Le nouveau coronavirus, du syndrome respiratoire aigu sévère (Sars-Cov-2), a causé plus de 210.000 décès dans le monde. Cependant, on sait peu de choses sur les causes de décès et les caractéristiques pathologiques du virus.

Depuis qu’il a été détecté pour la première fois en décembre 2019, le nouveau syndrome respiratoire aigu sévère coronavirus-2 (Sars-Cov-2) s’est propagé de la province centrale du Hubei en Chine à presque tous les pays du monde [5,6]. La plupart des personnes atteintes de Covid-19 ont une évolution bénigne, mais environ 20% développent une évolution plus sévère avec un taux de mortalité élevé [7]. Au 26 avril 2020, plus de 2,9 millions de personnes avaient reçu un diagnostic de Covid-19 et 210.000 d’entre elles étaient décédées [8]. Pourquoi le nouveau coronavirus semble avoir un taux de mortalité beaucoup plus élevé que la grippe saisonnière n’est pas complètement compris. Certains auteurs ont signalé des facteurs de risque potentiels d’une évolution plus grave de la maladie, notamment des niveaux élevés de D-dimères, un score élevé d’évaluation séquentielle de la défaillance organique et un âge plus avancé [9,10]. En raison de la nouveauté de l’agent pathogène, on sait peu de choses sur les causes de décès chez les

Une étude été effectuée dans le centre médical universitaire de l’État Fédéral Allemand de Hambourg sur les 12 premiers patients décédés, diagnostiqués et confirmés de Covid-19 qui a conclu que l’incidence élevée d’événements thromboemboliques (thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire, thrombose de la veine prostatique) suggère un rôle important de la coagulopathie induite par Covid-19. D’autres études sont nécessaires pour préciser le mécanisme moléculaire et l’incidence clinique globale des décès liés au Covid-19, ainsi que les interventions thérapeutiques possibles pour le réduire.

Nos recommandations relatives à la prise en charge des décès positifs ou suspects d’infection au coronavirus (Covid-19).

  • Les médecins qui constatent le décès d’un cadavre infecté ou potentiellement infecté par le virus Covid-19, doivent prendre les mêmes précautions de prévention indiquées devant un patient suspecté ou confirmé Covid-19 positif ;
  • Le décès par coronavirus est une mort naturelle qui suscite une mise en bière immédiate, et non pas un obstacle à l’inhumation.
  • Le corps doit être mis dans une housse mortuaire étanche, sur laquelle on inscrit l’identité du défunt, et la surface externe de la housse doit être désinfectée après fermeture, ainsi le transport du corps du lieu de décès « domicile, voie public, service hospitalier » vers la morgue peut se faire ; les personnes qui le transportent doivent se munir d’équipement de protection individuelle (EPI).
  • Après le prélèvement (PCR) en post-mortem pour suspicion d’infection au Covid-19, les corps doivent être entreposés dans les frigos de la morgue, sans les faire sortir de leurs housses.
  • Le médecin qui fait le prélèvement doit respecter les mêmes exigences de prévention que celles effectuées pour le prélèvement d’un vivant en matière d’équipement de protection individuelle (EPI).
  • La toilette religieuse est proscrite chez les cadavres positifs au Covid-19, ils doivent être remis aux parents après mise en bière et scellé du cercueil, le corps toujours dans sa housse.
  • Les corps prélevés pour suspicion d’infection au Covid-19 ne doivent être remis qu’après réception du résultat.
  • L’inhumation doit se faire avec un nombre limité de personnes, éventuellement quatre (4) personnes, en respectant les règles d’hygiène nécessaires (d’équipement de protection individuelle).

 Mesures de précautions devant un décès suite à une infection au virus SARS-CoV-2 (suspecté ou confirmé).

Conclusion 

De cette nouvelle expérience médico-légale dans laquelle le service de médecine légale du CHU Béni Messous a été le précurseur en Algérie, nous retenons en première analyse que les précautions d’usage dans les constats de décès et les pratiques d’autopsie ont été scrupuleusement respectées.

Les résultats de quelques prélèvements post-mortem effectués nous confortent dans nos observations qui se sont révélées identiques aux observations internationales (1).

Néanmoins nous poursuivons nos recherches sur la Covid-19 qui n’a pas livré tous ses secrets notamment dans la durée de la présence post-mortem du virus et de sa localisation viscérale.

Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

 

 

Références

 

  1. Organisation Mondiale de la Santé. Maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) : questions-réponses https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus 2019 et https://www.who.int/epi-win
  2. Quels fluides biologiques abritent le SARS-Cov-2. Consulté surwww.vidal.fr/actualités/24771/quels fluides biologiques abritent le SARS-Cov-2 le 20 Avril 2020
  3. Nombre de personnes décédées à cause du coronavirus (COVID-19) dans le monde au 12 mai 2020, selon le pays ou territoire, Statista : santé et produits pharmaceutiques >état de la sante Consulté surhttps://fr.statista.com/statistiques/1101324/morts-coronavirus-monde/ le 12 mai 20020.
  4. Conseil pour la prise en charge du défunt présentant un coronavirus suspecté ou confirmé (COVID-19), Santee publique Angleterre. Consulté sur www.gov.uk Mise à jour 20 Avril 2020.
  5. Organisation Mondiale de la Santé. Nouveau coronavirus – Chine. Consulté sur www.who.int/csr/don/12-january-2020-novel-coronavirus-china/en le 26 avril 2020.
  6. Zhu N, Zhang D, Wang W et al.; China Novel Corona virus Investigating and Research Team. Un nouveau coronavirus de patients atteints de pneumonie en Chine, 2019. N Engl J Med. 2020; 382: 727-733. [PMID:31978945] doi: 10.1056 / NEJMoa2001017
  7. Wu Z, Mc Googan JM. Caractéristiques et enseignements importants de l’épidémie de coronavirus 2019 (COVID-19) en Chine : résumé d’un rapport de 72 à 314 cas du centre chinois de contrôle et de prévention des maladies. JAMA. 2020. [PMID:32091533] doi:10.1001 / jama.2020.2648
  8. Université Johns Hopkins. Centre de ressources sur les coronavirus. Tableau de bord COVID-19 du Center for Systems Science and Engineering (CSSE) de l’Université Johns Hopkins (JHU). Consulté à https://coronavirus.jhu.edu/map.html le 26 avril 2020.
  9. Tang N, Li D, Wang X et al. Des paramètres de coagulation anormaux sont associés à un mauvais pronostic chez les patients atteints d’une nouvelle pneumonie à coronavirus. J Thromb Haemost. 2020; 18: 844-847. [PMID: 32073213] doi: 10.1111 / jth.14768
  10. Xu Z, Shi L, Wang Y et al. Résultats pathologiques de COVID-19 associés au syndrome de détresse respiratoire aiguë. Lancet Respir Med. 2020; 8: 420-422. [PMID: 32085846] doi:10.1016 / S2213-2600 (20) 30076-X

 Télécharger le PDF de cet article

COVID-19 en pédiatrie : revue de littérature

Le COVID-19 affecte essentiellement les adultes. De ce fait les données concernant les cas pédiatriques sont peu nombreuses. A partir d’une revue de littérature portant sur 54 publications, il ressort essentiellement que la transmission est intra familiale le plus souvent, que le COVID-19 a une expression clinique modérée, voire asymptomatique

R.A. BOUHASS, Pédiatre, Service d’Hématologie et Thérapie Cellulaire. EHU Oran.

 

Date de soumission : 07 Mai 2020.

Résumé : Le COVID-19 affecte essentiellement les adultes. De ce fait les données concernant les cas pédiatriques sont peu nombreuses. A partir d’une revue de littérature portant sur 54 publications, il ressort essentiellement que la transmission est intra familiale le plus souvent, que le COVID-19 a une expression clinique modérée, voire asymptomatique, chez l’enfant comparativement à l’adulte, la symptomatologie la plus commune associe toux sèche avec fièvre, atteinte des voies aériennes supérieures parfois diarrhée. Les signes évoluent peu vers une forme sévère. Chez l’enfant, l’aspect tomodensitométrique peut également être assez évocateur lorsqu’il est fait de condensations avec signe du halo et d’opacités en verre dépoli. Il semble que biologiquement des taux élevés de la Procalcitonine (PCT), de la Créatinine Kinase MB, des D-Dimères soient significativement associés à une forme sévère du COVID-19. Les options thérapeutiques font encore l’objet de questionnement. Les nouveau-nés et les enfants atteints de tumeurs ou hémopathies malignes font l’objet de protocoles de prise en charge spécifiques.

Mots clés : COVID-19 + enfants ; SARS-COV-2 + enfants ; Coronavirus + enfants + 2020.

Abstract: COVID-19 mainly affects adults. As a result, data concerning paediatric cases are scarce. From a review of the literature covering 54 publications, it essentially appears that transmission is intra-familial most often and that COVID-19 has a moderate, even asymptomatic, clinical expression in children compared to adults. The most common symptomatology associates dry cough with fever, involvement of the upper airways and sometimes diarrhoea. The signs do not progress much to a severe form. In children, the CT scan aspect can also be quite suggestive when it is made of consolidation with surrounding halo sign and ground‐glass opacities. Biologically it seems that high levels of Procalcitonin (PCT), Creatinine Kinase MB, D-Dimers might significantly be associated with a severe form of COVID-19. Therapeutic options are still being questioned. Newborns and children with malignant tumours or hemopathies are subject to specific management protocols.

Keywords: COVID-19 + Children; SARS-COV-2 + Children; Coronavirus + Children + 2020.


 

Introduction

En décembre 2019 est apparue une maladie infectieuse d’origine virale à Wuhan, province de Hubei en Chine. Le virus responsable s’est avéré être le Coronavirus SARS-CoV-2 du syndrome respiratoire aigu sévère. La maladie COVID-19 (pour Corona Virus Disease-2019) d’abord épidémie localisée à la province chinoise, se propage très rapidement hors de Chine dès janvier 2020.

En Mars 2020 il y a plus de 200.000 cas confirmés de par le monde et plus de 8.000 décès dus au COVID-19, soit 4% d’évolutions fatales. L’OMS qualifie l’épidémie de pandémie.

Le COVID-19 affecte essentiellement les adultes, et de ce fait, les cas pédiatriques très peu nombreux, ne font pas initialement l’objet de publications spécifiques.

 

Méthode

Ce travail consiste en une revue de littérature, non exhaustive, concernant les particularités du COVID-19 chez les enfants décrites à ce jour.

La recherche bibliographique a été faite sur PubMed (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed), (limitée au 17-04-2020). Au total 54 publications. Mots-clés : COVID-19 + Children ; SARS-COV-2 + Children ; Coronavirus + Children + 2020.

 

Résultats

La très grande majorité des articles concerne les cas enregistrés en Chine. Parmi les plus importantes séries, celle de Dong Y & al. Il s’agit d’une étude épidémiologique rétrospective concernant 2.143 cas pédiatriques, âgés de moins de 18 ans, dont 731 cas (34,1%) confirmés et 1.412 cas (65,9%) suspectés COVID-19 rapportés par le Chinese Center for Disease Control and Prevention (CCfDaP) entre le 16 janvier et le 8 février 2020 (1). Pour un total de 72.314 cas, enregistrés au 11 février 2010. La population pédiatrique représentait 2% cas enregistrés (2).

Très peu d’études rapportant des cas pédiatriques ont été publiées hors de Chine.

Aux USA 149.760 patients COVID-19 confirmés ont été enregistrés entre le 12 février et le 2 avril 2020. Les âges étaient connus pour 149.082 (99,6%) d’entre eux, dont 2.572 (1,7%) étaient des enfants âgés de moins de 18 ans (3).

En Espagne (Madrid) un registre des cas testés a été tenu par les pédiatres dans 30 hôpitaux secondaires et tertiaires, entre le 2 et le 16 mars 2020. Parmi les 365 enfants testés 41 (11,2%) étaient positifs, représentant 0,8% d’enfants de moins de 18 ans pour l’ensemble des 4.695 cas confirmés dans la région de Madrid (4).

Au Royaume Uni, sur un total de 68 patients âgés de 0 à 76, diagnostiqués positifs pour le SARS-CoV-2, entre le 29 janvier et le 24 février il y avait seulement 2 enfants (5).

 

Épidémiologie

Dans l’ensemble des différentes publications, la transmission a toujours été liée soit à un contact direct intrafamilial, soit à un séjour en zone endémique.

Dans une étude de Qiu. H & al, chez 36 enfants présentant un syndrome respiratoire aigu sévère dû au COVID-19, la transmission était due à un contact étroit intrafamilial pour 32 d’entre eux (89%) ou la notion d’exposition dans une zone endémique pour 12 (32%), enfin 8 enfants (22%) ont été soumis aux deux modes d’exposition (6).

Cai Jiehao XJ rapporte sur une série de 10 enfants, 80% de contact direct avec des adultes infectés par le 2019-nCOV qui avaient séjourné à Wuhan ou eu un contact avec une personne de Wuhan. Le mode d’exposition était intrafamilial pour 7 enfants (70%), séjour en zone endémique pour 2 enfants (20%) et exposition lors d’un voyage en autobus pour 1 enfant (10%) (7).

Easom. N, dans un article concernant les 68 premiers cas confirmés SARS-CoV-2 au Royaume Uni, rapporte que 10 patients (15%) avaient séjourné en Chine dans les 14 jours précédant l’apparition des symptômes, et 26 (38%) avaient visité la Thaïlande. Huit patients n’avaient pas quitté le Royaume-Uni au cours des 14 jours précédents et ont contacté des cas confirmés ou soupçonnés (5).

Ces modes de transmission ont été rapportés et retenus par d’autres auteurs (8-14).

 

Clinique

  • Dong Y, sur les 2.143 cas pédiatriques rapportés par le CDC (Center for Disease Control) chinois en date du 8 février 2020 ; 34,1% ont été confirmés biologiquement et 65,9% considérés comme suspects. L’âge médian était de 7 ans (intervalle interquartile 2 à 13 ans). Il n’y avait pas de différence significative entre le nombre de garçons et celui des filles. Plus de 90% des patients étaient soit asymptomatiques, soit présentaient des signes minimes ou modérés. Le délai médian entre le début des signes et le diagnostic était de 2 jours (intervalle interquartile 0 à 42 jours) (1).

 

  • Qiu H, rapporte une série de 36 enfants (âge moyen de 8,3 ± 3,5 ans ; extrêmes 1 à 16 ans) identifiés comme étant infectés par le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère, recrutés du 17 janvier au 1er mars 2020. Sur ces 36 enfants, 53% d’entre eux présentaient des signes cliniques modérés de pneumonie, 47% avaient un tableau clinique léger et étaient soit asymptomatiques (28%) ou avaient des symptômes aigus des voies respiratoires supérieures (19%).

Les symptômes les plus courants à l’admission étaint la fièvre chez 36% des enfants (25% avec une température corporelle de 37,5 à 38,5 °C ; 11% avec une température corporelle égale ou supérieure à 38,5 °C), et la toux sèche 19% des patients (6).

 

  • Pour Xia W, Les caractéristiques cliniques, de 20 patients pédiatriques atteints d’une infection à COVID 19 confirmée par un prélèvement pharyngé, ont été analysées rétrospectivement. La fièvre (12/20, 60%) et la toux (13/20, 65%) étaient les symptômes les plus courants. Une co-infection a été diagnostiquée chez 8 des 20 patients (40%) (14).

 

  • Ji LN, rapporte 2 cas concernant, un enfant âgé de 9 ans admis pour une diarrhée modérée sans fièvre ni toux, un examen clinique et un bilan biologique normaux, et un adolescent de 15 ans avec fièvre à 37,9°C et uniquement une congestion pharyngée, l’auscultation pulmonaire étant normale par ailleurs. Tous deux étaient SARS-CoV-2 positifs sur le prélèvement oro-pharyngé (15).

 

  • En Espagne, sur les 41 enfants testés positifs, l’âge médian était de 1 an. Les diagnostics cliniques initiaux étaient dominés par une symptomatologie respiratoire (68%) : infection des voies respiratoires supérieures (34%), pneumonie virale (15%), bronchiolite (12%), pneumonie bactérienne (5%), crise d’asthme (2%) ; une fièvre inexpliquée (27%), une gastroentérite ou des vomissements (5%). Deux patients (5%) ont présenté une co-infection avec la grippe B. Parmi ces 41 enfants, 4 (9,7 %) ont été admis dans une unité de soins intensifs pédiatriques et 4 des 41 (9,7 %) ont eu besoin d’une assistance respiratoire Tagarro. A (4).

 

Ainsi, la symptomatologie clinique du COVID-19 pédiatrique, polymorphe, le plus souvent modérée, peut cependant évoluer vers une phase critique chez les enfants (2, 3, 7, 12, 14, 16-21). Ceci a conduit à établir une stratification des cas en trois stades, en fonction de l’évolution de l’état clinique : modéré, pneumonie grave, ou critique.

  1. Stade modéré

Inclut les patients ayant une infection asymptomatique, une infection des voies aériennes supérieures et une pneumonie légère. Les symptômes comprennent la fièvre, la toux, le mal de gorge, la fatigue, les maux de tête ou la myalgie. Certains patients présentent des signes de pneumonie sur l’imagerie thoracique. Ces patients ne présentent aucun des symptômes et complications graves ou critiques décrits ci-dessous.

  1. Stade de Pneumonie grave

La maladie s’aggrave avec apparition de l’un, quelconque, de ces signes :

  • Augmentation significative de la fréquence respiratoire : FR 70/min (1 an), FR 50/min (> 1 an).
  • Hypoxie : SpO2 93% (90% chez les nourrissons prématurés) ou jetage nasal, tirage sus-sternal, inter-costal et sous-costal, geignement et cyanose, apnée.
  • Gazométrie sanguine : PaO2 60 mmHg, PaCO2 > 50 mmHg.
  • Troubles de la conscience : agitation, léthargie, coma, convulsion.
  • Mauvaise alimentation, mauvais appétit voire déshydratation.
  • Autres manifestations : troubles de la coagulation (temps de Quick allongé, D-dimères augmentés), lésions du myocarde (augmentation de la Créatine Kinase MB [myocardique], modifications de l’électrocardiogramme ST-T, insuffisance cardiaque et cardiomégalie dans les cas graves), troubles gastro-intestinaux, taux élevé des enzymes hépatiques et rhabdomyolyse.
  1. Stade Critique

Aggravation rapide et apparition d’une défaillance viscérale avec l’un, quelconque, de ces signes :

  • Une défaillance respiratoire nécessitant une ventilation mécanique : les patients atteints de syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) présentent une hypoxémie réfractaire, qui ne peut être atténuée par une oxygénothérapie conventionnelle, comme un cathéter nasal ou un masque à oxygène.
  • Associée à d’autres défaillances d’organes nécessitant une surveillance et un traitement en unité de soins intensifs
  • Un choc septique : en cas de défaillance extra-pulmonaire, circulatoire, hématologique, digestive, la possibilité de septicémie et de choc septique doit être prise en considération car le taux de mortalité augmente considérablement (22).

 

Tomodensitométrie

La plupart des patients pédiatriques présentent une symptomatologie bénigne, de ce fait les radiographies thoraciques ordinaires ne permettent pas d’évaluer correctement les lésions pulmonaires et peuvent aboutir à des erreurs diagnostiques. Par conséquent, une TDM précoce est fortement indiquée (14).

L’aspect TDM thoracique est très variable. Il peut être normal (15), ou encore présenter différentes lésions uni- ou plus souvent bilatérales telles que des opacités en verre dépoli dans environ 60% des cas, des condensations avec signe de halo dans environ 50% des cas, des lésions micronodulaires, une atteinte sous-pleurale, une scissurite interlobaire, ou encore une accentuation de la trame bronchovasculaires (6, 14, 15, 22-24) et (figures 1 à 4).

 

Figure 1 in Ref. (6) : Scanner thoracique de deux patients pédiatriques atteints de coronavirus 2019.À gauche : TDM d’un garçon de 10 ans montrant de multiples opacités dans les lobes inférieurs des deux poumons (flèche). À Droite : TDM d’une fille de 1,5 ans montrant de multiples opacités en verre dépoli avec une grande opacité irrégulière dans le poumon gauche (flèches).

PED2

Figure 2 in Réf. (14) : A : patiente de sexe féminin, 14 ans. La TDM thoracique a objectivé des opacités en verre dépoli dispersées dans le lobe inférieur du poumon droit, localisation sous-pleurale ou étendue à partir de lésions sous-pleurales. B : patient de sexe masculin, 10 ans. La TDM thoracique a objectivé une condensation avec un signe du halo dans le lobe inférieur du poumon gauche entouré d’opacités en verre dépoli. C : patient de sexe masculin, 1 an. La TDM thoracique a objectivé des condensations diffuses et des opacités en verre dépoli dans les deux poumons, avec un aspect de « poumon blanc » du poumon droit. (TDM = tomodensitométrie)

 

PED3

Figure 3 in Réf. (15) : a : TDM sans produit de contraste chez un garçon de 15 ans montrant des résultats normaux. b : TDM sans produit de contraste du père du patient montrant une pneumonie bilatérale avec opacités en verre dépoli, en particulier dans le poumon gauche.

PED4

Figure 4 in Réf. (22) : Patiente fille de 2 ans avec TDM thoracique (fenêtre pulmonaire) à l’admission. A : Les lésions du lobe supérieur droit sont réparties le long des faisceaux vasculaires bronchiques, montrant une condensation nodulaire et inhomogène (flèches) ; B : Opacités en verre dépoli de petites plaques sous le segment basal de la base postérieure du lobe inférieur droit (flèche) ; C : Des bronchogrammes aériens sont observés dans
la lésion, et aucun épaississement des parois bronchiques (flèches).

Selon le “General Office of the National Health Commission of China. Diagnosis and Treatment Protocol for 2019‐nCoV. 5th ed. Beijing, China: National Health Commission of China; 2020” ; rapporté par Xia. W. in (14), les aspects tomodensitométriques peuvent être classés en trois stades : précoce, avancé et critique

 

Stade précoce : ne comporte parfois aucune anomalie à la TDM thoracique, mais le plus souvent des lésions uni- ou bilatérales faites de condensation avec signe du halo, d’opacités en verre dépoli ou des micronodules. Des lésions sous-pleurales avec infiltration inflammatoire localisée sont également observées (figure 2A).

 

Stade avancé : La TDM thoracique objective une augmentation de taille et de la densité des lésions qui peuvent s’étendre aux deux lobes pulmonaires. Les opacités en verre dépoli et la condensation coexistent et peuvent s’accompagner d’épaississement septique interlobaire, de lésions de fibrose ou de signes de bronchogramme aérien (figure 2B).

 

Stade critique : A un stade ultérieur, les lésions de condensation sont diffuses et impliquent les deux poumons, aboutissant à un aspect de “poumon blanc”, accompagné d’un signe de bronchogramme aérien. La densité des lésions est hétérogène, accompagnée d’opacités en verre dépoli et d’épaississement pleural (figure 2C).

Les lésions tomodensitométriques persistent au-delà des symptômes cliniques et de la négativité des tests de détection de l’acide nucléique viral. Elles pourraient être encore visibles sur la TDM, même après deux tests négatifs consécutifs (14).

 

Biologie

De nombreux paramètres biologiques ont été testés chez les enfants attients ou suspects de COVID-19. Les valeurs des données hématimétriques (leucocytes, neutrophiles, lymphocytes, plaquettes, hémoglobine) sont variables. Le plus souvent normales, elles peuvent être perturbées dans le sens d’une augmentation ou d’une baisse parfois associées à une co-infection virale ou bactérienne qu’il faudra rechercher.

Les bilans, hépatique et rénal sont en général normaux. Les valeurs des marqueurs inflammatoires CRP (C Réactive Protéine) et PCT (Procalcitonine) ainsi que les D-Dimères et la Créatine Kinase MB (myocardique) peuvent être normaux ou élevés.

Il semble cependant que, outre les aspects tomodensitométriques, la lymphopénie, des taux élevés de la PCT, de la Créatinine Kinase MB, des D-Dimères soient significativement associés à une forme sévère du COVID-19 (6, 14, 25-27).

Une méta-analyse concise de la littérature (mais rapportant essentiellement des cas d’adultes) montre que des taux élevés de PCT sont associés à une risque 5 fois plus élevé d’évolution vers une forme sévère d’une infection au SARS-CoV-2 (OR, 4.76 ; 95% CI, 2.74-8.29). Ceci suggère que le dosage de la PCT pourrait avoir un rôle prédictif de l’évolution vers une forme sévère de l’affection (26).

Prise en charge et traitement

Principes généraux :

La prise en charge doit répondre aux quatre principes suivants : « identification précoce », « isolement précoce », « diagnostic précoce » et « traitement précoce ».

Les cas suspects doivent être isolés individuellement jusqu’à confirmation ou non du COVD-19. L’évaluation clinique doit être continue.

Pour les cas confirmés, la stratégie générale comprend le repos au lit, les traitements de soutien, l’apport suffisant en calories et en eau, le maintien de l’équilibre hydro-électrolytique et, au besoin, un support psychologique pour les enfants plus âgés. L’utilisation irrationnelle d’antibiotiques devrait être évitée. La surveillance bactériologique devrait être renforcée. S’il existe des preuves d’une infection bactérienne secondaire, des antibiotiques appropriés devraient être utilisés en temps opportun.

  • Cas légers : Évitez d’utiliser des antibiotiques à large spectre et des corticostéroïdes, surveiller régulièrement les signes vitaux, la SpO2 et porter une attention particulière aux changements de l’état des enfants afin d’identifier les cas graves et critiques le plus tôt possible,
  • Cas grave et critique : Les antibiotiques, les corticostéroïdes, la ventilation mécanique, la dialyse et autres interventions plus invasives, doivent être appliqués avec prudence, en fonction de l’évaluation du rapport bénéfice/risque. Une coopération multidisciplinaire pour le suivi et les options thérapeutiques est indispensable (21),
  • En dehors de ces règles générales et des techniques de soins de réanimation, les options thérapeutiques évoluent continuellement. Selon les auteurs et le degré de sévérité du COVID, elles font appel à l’Hydroxychloroquine et l’Azithromycine ; à l’Interféron-α2b, aux antiviraux, immunoglobulines, héparine (28) et autres (4, 6, 15, 21, 28-37)

De ce fait il convient de se référer à des protocoles issus de consensus multidisciplinaires régionaux et/ou nationaux.


 

Pourquoi les enfants présentent une forme modérée

L’autre aspect important est de savoir pourquoi les enfants présentent une forme modérée, voir bénigne du COVID-19, par rapport aux adultes. De multiples hypothèses ont été avancées.

  • Une des raisons possibles est que les enfants ont moins d’activités de plein air et entreprennent moins de voyages locaux ou internationaux, ce qui les rend moins susceptibles de contracter le virus.
  • D’autres raisons suggérées incluent les enfants ayant une réponse immunitaire innée plus active, des voies respiratoires plus saines parce qu’ils n’ont pas été exposés à autant de fumée de cigarette et de pollution atmosphérique que les adultes, et également moins de troubles sous-jacents (une réponse immunitaire plus vigoureuse chez les adultes peut également expliquer une réponse immunitaire néfaste associée au syndrome de détresse respiratoire aiguë) (1, 50),
  • Une autre possibilité est que la présence d’autres virus simultanés dans la muqueuse des poumons et des voies respiratoires, qui sont communs chez les jeunes enfants, pourrait limiter la croissance du SARS-CoV2 par les interactions directes et la compétition de virus à virus. Cela correspond aux nouvelles données de la pandémie actuelle, qui indiquent un lien entre la quantité de copies virales et la gravité du COVID-19 (51),
  • Une explication possible de la présentation plus modérée de la maladie COVID-19 chez les enfants est que les enfants ont une réponse qualitativement différente au virus SARS-CoV-2 par rapport aux adultes.
  • Une différence dans la distribution, la maturation et le fonctionnement des récepteurs viraux est souvent mentionnée comme une raison possible de la différence d’incidence liée à l’âge (50, 51),
  • Une autre théorie possible pour les infections bénignes de COVID-19 chez les enfants, est liée aux différences dans l’expression du récepteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ACE)2, nécessaire pour la liaison et l’infection de SARS-CoV-2. Ce récepteur est exprimé dans les voies respiratoires, le poumon et les intestins, mais pas dans les cellules immunitaires. On suppose que les enfants sont moins sensibles au nCoV 2019 parce que la maturité et la fonction (p. ex., capacité de liaison) de l’ACE2 chez les enfants peuvent être plus faibles que chez les adultes (1, 51).

Cependant, d’autres études montrent que l’ACE2 est impliqué dans les mécanismes de protection du poumon. Il peut protéger contre les agressions pulmonaires graves induites par une infection à virus respiratoire dans un modèle de souris expérimental et les patients pédiatriques (50).

Le traitement par des inhibiteurs de l’ACE ou des inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine induit l’expression de l’ACE2. Les deux thérapies sont courantes chez les adultes atteints d’hypertension et beaucoup moins fréquentes chez les enfants. Cela a conduit certains à croire que l’expression ACE2 élevée pourrait expliquer les mauvais résultats chez les adultes infectés par le SRAS-Cov-2, mais d’autres ont rapporté des effets protecteurs de ACE2 pendant les infections pulmonaires (51, 52).

Par conséquent, les mécanismes à l’origine des manifestations cliniques différents entre enfants et adultes restent à déterminer. Le rôle de l’ACE2 dans la gravité du COVID-19 doit également être précisé tant chez l’enfant que chez l’adulte. Chez ce dernier, un débat tourne autour du lien entre les Inhibiteurs de l’Enzyme de Conversion (IEC), les Antagonistes des Récepteurs de l’Angiotensine II (ARAII) et la gravité du COVID-19 ; et de leur maintien chez les patients hypertendu traités par ces molécules (53, 54).

 

Situations particulières

Des mesures spécifiques sont propres à la prise en charge des nouveau-nés et des enfants atteints de tumeurs ou hémopathies malignes

 

Période néonatale : Dans 4 publications d’origine chinoise, colligeant un total de 69 nouveau-nés (dont 2 jumeaux, 7 prématurés), nés de 59 mères COVID confirmées et 9 mères diagnostiquées cliniquement. 4 nouveau-nés étaient SARS-CoV-2 positifs. Trois nés à terme ont présenté un tableau modéré avec fièvre et pneumonie, un prématuré de 31 semaines a présenté un tableau de COVID-19 typique (fièvre, pneumonie, détresse respiratoire avec cyanose nécessitant une assistance ventilatoire) et aucun n’est décédé.

Concernant les 6 autres prématurés, les principaux symptômes observés ont consisté en pneumonie, essoufflement ± détresse respiratoire, fièvre, tachycardie. L’un d’entre eux est décédé. Cependant tous les nouveau-nés étaient SARS-CoV-2 négatifs, écartant à priori une transmission verticale mère-enfant durant la grossesse et le décès comme attribuable au COVID-19 (38-41).

Propositions de la Société Française de Néonatalogie & de la Société Française de Pédiatrie concernant les nouveau-nés dans le contexte d’épidémie à COVID-19

  1. En salle de naissance
  • Protection des soignants et mesures d’isolement : « Précautions complémentaires gouttelettes et contact renforcée » incluant port du masque chirurgical, port d’une blouse à manches longues, de lunettes couvrantes, de gants en nitrile, lavage des mains avant et après tout soin, bio nettoyage des surfaces avec détergent/désinfectant virucide.
  • Effectuer les soins au nouveau-né dans la pièce où sa mère aura accouché.
  • Si des manœuvres de réanimation sont nécessaires, le choix du lieu où elles sont effectuées doit tenir compte du risque de contamination des soignants et des autres patients.
  1. Après la salle de naissance

Nous distinguerons 4 situations :

  1. En maternité, prise en charge d’un nouveau-né asymptomatique d’une mère pauci symptomatique (qui retournera à domicile) porteuse du COVID-19 ou suspecte d’atteinte par le COVID.
  • La séparation de la mère et de son enfant n’est pas souhaitable. L’analyse bénéfice/risque d’une séparation conduit à recommander d’éviter la séparation mère-enfant (surement délétère), et dont le bénéfice n’est pas évident selon les données disponibles à ce jour. Il semble toutefois nécessaire d’informer les parents de la possibilité de formes néonatales graves, très rarement observées dans l’expérience chinoise et de permettre la séparation si c’est le choix des parents.
  • L’enfant peut être mis, dès la naissance, en contact avec sa mère qui porte un masque dit chirurgical. Maintien du masque durant la surveillance post-accouchement et lors du transfert en suites de couches. Par contre ne jamais mettre de masque au bébé et le dire aux parents, pour le retour à domicile.
  • Isolement de la mère et de son enfant dans une chambre seule, porte fermée.
  • Respect des volontés d’allaitement. L’allaitement maternel est recommandé pour les femmes qui désirent allaiter (AJOG[1] 2020 Feb. 24). En cas de séparation mère-enfant, un guide pour la gestion du lait maternel est disponible sur le site de la Société Française de Néonatalogie.
  • Protection des soignants et mesures d’isolement : « Précautions complémentaires gouttelettes et contact renforcée » incluant port du masque chirurgical, port d’une blouse à manches longues, de lunettes couvrantes, de gants en nitrile, lavage des mains avant et après tout soin, bio nettoyage des surfaces avec détergent/désinfectant virucide.
  • Les visites en maternité sont limitées au père, avec port du masque chirurgical dès l’entrée de l’hôpital, à condition qu’il soit asymptomatique.
  • Durant le sommeil, mettre le berceau à plus de deux mètres, pour éviter les particules si la mère ne met pas, ou déplace involontairement son masque, ou placer l’enfant en incubateur fermé (attention alors à la température du nouveau-né). Ne jamais mettre de masque au bébé.

 

  1. En néonatalogie, prise en charge d’un nouveau-né asymptomatique dont la mère porteuse du COVID-19 (ou suspecte d’en être atteinte) est hospitalisée du fait de sa propre pathologie en réanimation adulte médicale ou chirurgicale, soins intensifs ou tout autre service ne pouvant accueillir le nouveau-né.
  • L’enfant est hospitalisé dans une chambre seule en néonatalogie pour surveillance et préparation à son retour à domicile.
  • Protection des soignants et mesures d’isolement : « Précautions complémentaires gouttelettes et contact renforcée » incluant port du masque chirurgical, port d’une blouse à manches longues, de lunettes couvrantes, de gants en nitrile, lavage des mains avant et après tout soin, bio nettoyage des surfaces avec détergent/désinfectant virucide.
  • Visites limitées au père ou au représentant légal qui prendra en charge l’enfant à domicile qui porte un masque chirurgical, et à condition qu’il soit asymptomatique.
  • Préparer le retour à domicile avec isolement de 14 jours. Favoriser l’accompagnement à domicile en sollicitant une sage-femme libérale. Prévoir contact téléphonique régulier pour s’assurer de l’absence d’aggravation (de la mère notamment). L’enfant sera examiné le 1er mois avec précautions contacts (masque, hygiène des mains par les professionnels de santé).

 

  1. En Réanimation néonatale/pédiatrique, soins intensifs ou néonatalogie, prise en charge d’un nouveau-né malade (prématurité, pathologie congénitale ou tout autre pathologie), et dont la mère ou le père est/sont porteurs du COVID-19 ou suspects d’en être atteints.
  • L’enfant est hospitalisé dans une chambre seule, avec mesures d’isolement et de protection des soignants type « Précautions complémentaires gouttelettes et contact renforcée » (cf. ci-dessus)
  • Visites souhaitables pour les 2 parents s’ils sont asymptomatiques, en respectant rigoureusement les mesures d’hygiène. La décision d’autoriser les visites des parents présentant des symptômes respiratoires ou COVID+ (et leurs modalités), est à prendre par chaque service en concertation avec le référent EOH/REB[2] local, en tenant compte du caractère exceptionnel de certaines situations (ex. fin de vie).
  • L’allaitement est possible, en respectant les règles d’hygiène pour le recueil en cas de don de lait personnalisé (cf. recommandations ADLF[3]).

 

  1. Cas des enfants porteurs d’une pathologie congénitale ne nécessitant pas une hospitalisation, dont l’état de santé pourrait être dégradé par une infection à COVID-19.
  • En l’absence de données, la séparation mère-enfant est à discuter au cas par cas selon le type de pathologie (42, 43).

Hémato-oncologie pédiatrique 

Il existe peu de rapports publiés sur le COVID-19 chez les enfants atteints de tumeurs ou hémopathies malignes. Bouffet E. (44), rapporte l’évolution clinique du COVID-19 chez un enfant atteint d’une leucémie aiguë lymphoblastique à haut risque, décrite par Chen et Coll., (45) (publication en chinois). Cet enfant sous chimiothérapie d’entretien a développé une neutropénie fébrile et une toux à la fin de janvier 2020, 8 jours après une cure de cyclophosphamide et de cytarabine à dose modérée. Testé positif pour Influenza A, il a été traité par des antibiotiques à large spectre et oseltamivir sans amélioration. Un scanner thoracique répété 11 jours après l’apparition des symptômes a montré une progression et les tests revenus positifs pour le nCoV 2019.

L’enfant a été isolé et traité par nébulisations à l’umifenovir, ribavirine et interféron recombinant ?-1b, en plus de la méthylprednisolone et des immunoglobulines. Sept jours plus tard, sa numération formule s’est normalisée, et le test du nCoV 2019 est devenu négatif, cependant son état général s’est détérioré. Quatre jours plus tard, le test du nCoV 2019 s’est de nouveau révélé positif et il a dû être transféré à l’unité de soins intensifs en raison de l’aggravation de l’hypoxie.

Hrusak. O (46), une enquête simple sur l’incidence du COVID-19, les mesures diagnostiques et préventives a été réalisée par formulaire envoyé par courriel à 89 destinataires, exerçant dans des départements d’hématologie/oncologie pédiatrique (H/OP) de nombreux pays. Les données ont été recueillies un jour plus tard. Au total, 32 centres ou pays ont fourni des données sur l’incidence du COVID-19 chez les enfants traités par chimiothérapie ou immunosuppression intensive dans leurs établissements ou à l’échelle du pays.

Sur plus de 200 patients qui ont été testés pour le SRAS-Cov-2 dans ces départements H/OP, s’occupant de près de 10.000 patients à risque, seuls 8 cas d’infection avérée ont été identifiés.

Étant donné qu’il n’y a pas de recommandation générale concernant le dépistage des personnes asymptomatiques, de nombreux centres n’ont testé que les patients symptomatiques, de sorte que le taux réel d’infection n’est pas connu. Aucun des cas signalés n’a nécessité de soins intensifs en raison du COVID-19

Balduzzi A. (47), au moins 5 patients atteints de cancer pédiatrique ont été identifiés en Lombardie dans la région de Bergame et en Émilie-Romagne, à savoir un jeune adulte fébrile en phase d’entretien pour une leucémie lymphoblastique aiguë en seconde rémission, un adolescent fébrile ayant subi une radiothérapie médiastinale pour ostéosarcome, un hépatoblastome fébrile, une tumeur fébrile rhabdoïde et un hépatoblastome asymptomatique. Tous étaient en phase stable modérée gérée, sans traitement antiviral spécifique ; pour trois d’entre eux à domicile et pour deux autres à l’hôpital. Parmi les rares cas hémato-oncologiques pédiatriques signalés en Italie jusqu’à présent, aucun d’entre eux n’a eu une évolution sévère et aucun décès lié au COVID-19 n’a été signalé.

Mesures générales pour les unités d’hématologie/oncologie pédiatriques

Jusqu’à présent, aucune recommandation détaillée n’a été émise concernant la prise en charge des enfants atteints de cancer pendant cette pandémie. Cependant, certains principes sont primordiaux et doivent être pris en compte pour l’ensemble des enfants atteints de cancer. Ceci de manière à adopter une approche anticipative de la reconfiguration rapide des services, de la mise en œuvre d’équipements de protection individuelle (EPI) stricte et supervisée (pour protéger tous les patients et tout le personnel) et maintenir des soins cliniques sûrs mais flexibles.

D’une manière générale : (44, 47-49)

  • Mettre en place un comité d’experts COVID-19 à l’hôpital pour prendre des décisions médicales lors de réunions de consultation multidisciplinaires. Les membres du comité devraient comprendre les pneumologues, infectiologues, hématologues et oncologues ; les radiologues, les pharmaciens et personnel médical du service d’hygiène hospitalière.
  • Élaborer des protocoles standards de traitement évolutifs pour le service,
  • Faire un dépistage viral du SRAS-CoV-2 de tout le personnel et de tous les patients avant toute procédure ou admission,
  • Suivre les principes de base du contrôle des infections afin d’éviter tout risque de contamination croisée : une surveillance stricte du lavage des mains et de l’utilisation, par le personnel soignant, d’équipements de protection individuelle (EPI) appropriés ; mesures essentielles pour la prise en charge, en toute sécurité, des patients dans les unités d’oncologie pédiatrique, et pour réduire les risques de transmission. Leur utilisation par les membres de leur famille et le personnel hospitalier en général fait toujours débat.
  • Limiter l’accès aux espaces pédiatriques et cliniques à un seul parent. Dans ces domaines, promouvoir, respecter et appliquer les règles de distanciation sociale : au moins 1,8 mètres entre les individus et aucun regroupement.
  • Dans la mesure du possible délimiter 4 zones pour réduire l’incidence des contaminations croisées
    • La zone 1 (zone de surveillance et de dépistage) pour les patients qui sont considérés comme nécessitant une surveillance car pouvant potentiellement être infectés par le SRAS-CoV-2 ; chaque patient doit être isolé dans une seule pièce,
    • La zone 2 (zone de quarantaine présumée) est réservée aux cas suspects de COVID-19 ; chaque patient doit être isolé dans une seule pièce.
    • La zone 3 (zone de quarantaine confirmée COVID-19) est utilisée pour traiter les patients atteints de COVID-19 confirmée. Ce domaine pourrait être difficile à mettre en place si l’hôpital ne dispose pas des conditions appropriées pour traiter les patients confirmés, auquel cas les patients peuvent être transférés vers des hôpitaux spécialisés avec une capacité de traitement.
    • La zone 4 (service d’oncologie hématologique) « COVID-19 Free » est réservée pour le traitement des patients atteints de tumeurs malignes hématologiques mais qui n’ont pas de COVID-19.
  • Séparer physiquement le personnel oncologique « COVID-19 free » du personnel travaillant dans les zones COVID-19
  • Organiser des équipes du personnel en rotation, périodes de travail et de repos,
  • Dans le cas où un professionnel de la santé a été infecté, la réadmission au travail nécessite deux écouvillonnages PCR-négatifs.

Unités d’hospitalisation de jour/consultation

  • Sauf urgence comme par exemple les aplasies, les thalassémies, les anémies sévères, les drépanocytoses sévères, la plupart des consultations chez les patients atteints d’hématologie bénigne sont différés et les rendez-vous programmés,
  • Une seule personne accompagnante/parent pour chaque enfant est autorisée à la fois dans les unités d’hôpital de jour et d’hospitalisation, sauf nécessité (entretiens médicaux/consentement)
  • Des masques chirurgicaux faciaux doivent être portés par des professionnels de la santé, les patients et les parents en tout temps,
  • Le lavage fréquent des mains et l’utilisation de gel alcoolique ont été encouragés et fréquemment rappelés,
  • L’isolement des patients doit être extrêmement strict,
  • Transférer autant de types de prise en charge que possible en surveillance à distance à la maison ou dans la communauté de l’enfant (télémédecine).

 

Unités d’hospitalisation conventionnelle

Appliquer l’isolement physique pour tous les enfants atteints de cancer qui sont actuellement en cours de traitement. Cela comprend le confinement à domicile entre les traitements et l’admission en chambre individuelle pendant le séjour à l’hôpital, si possible. Les visites ambulatoires doivent être limitées et les autres moyens de communication (téléphone, communication numérique et vidéo) doivent être prioritaires.

  • Dépister les patients présentant des symptômes évocateurs de l’infection. Ce dépistage doit être réalisé quelle que soit la structure : pédiatrique, hôpitaux généraux ou centres d’oncologie.
  • La chimiothérapie dans les hôpitaux locaux pourrait être envisagée afin de réduire le mouvement de la population.
  • La question de savoir si la chimiothérapie doit être retardée chez les patients asymptomatiques positifs reste controversée. Le délai de traitement peut varier entre 8 et 14 jours ou la détection de deux écouvillons négatifs dans les cas asymptomatiques, ou la résolution des symptômes dans les cas symptomatiques (44, 47-49)

 

Conclusion

Les points importants à retenir actuellement sont :

  1. La contamination est inter humaine, elle se fait par contact proche intrafamilial ou lors d’un séjour en zone endémique.
  2. Les enfants de tous âges semblent sensibles au COVID-19, et il n’y a pas de différence significative entre les sexes.
  3. Les nourrissons et les jeunes enfants atteints de COVID-19 ont tendance à présenter des symptômes cliniques légers et des aspects d’imagerie moins typiques que ceux des adultes.
  4. La TDM thoracique met en évidence des aspects de condensation avec signe de halo qui paraissent fréquents chez les enfants. Elle a une importance déterminante pour le diagnostic précoce chez les enfants asymptomatiques.
  5. Par conséquent, le diagnostic de COVID-19 devrait être fondé sur les résultats d’imagerie ainsi que sur les antécédents épidémiologiques et les tests de détection.
  6. La lymphopénie, des taux élevés de la PCT (procalcitonine), de la Créatinine Kinase MB, des D-Dimères pourraient être considérés comme facteurs prédictifs d’une évolution vers une forme sévère du COVID-19.
  7. Une co-infection sous-jacente, bactérienne ou virale, est probablement plus fréquente en pédiatrie, et des infections graves peuvent survenir, nécessitant alors une admission en unité de soins intensifs.

Cependant, la proportion de patients confirmés par rapport à ceux présentant des symptômes compatibles reste faible dans certaines études et, de ce fait, l’impact de cette pandémie sur la population pédiatrique ne peut être évalué avec suffisamment de précision d’autant plus que, par ailleurs, il semble que la majorité des enfants infectés soit asymptomatique ou pauci symptomatique ce qui pourrait introduire un biais dans les études épidémiologiques.

 

Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

 

Références :

  1. Dong Y, Mo X, Hu Y, Qi X, Jiang F, Jiang Z, et al. Epidemiological Characteristics of 2143 Pediatric Patients With 2019 Coronavirus Disease in China. Pediatrics. 2020.
  2. Zunyou Wu JMM. Characteristics of and Important Lessons Fromthe Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) Outbreak in China. JAMA. 2020.
  3. Morbidity CfDCaP. Coronavirus Disease 2019 in Children — United States, February 12–April 2, 2020. 2020;Early Release / Vol. 69.
  4. Tagarro A, Epalza C, Santos M, Sanz-Santaeufemia FJ, Otheo E, Moraleda C, et al. Screening and Severity of Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) in Children in Madrid, Spain. JAMA Pediatr. 2020.
  5. Easom N, Moss P, Barlow G, Samson A, Taynton T, Adams K, et al. Sixty-eight consecutive patients assessed for COVID-19 infection: Experience from a UK Regional infectious diseases Unit. Influenza Other Respir Viruses. 2020.
  6. Qiu H, Wu J, Hong L, Luo Y, Song Q, Chen D. Clinical and epidemiological features of 36 children with coronavirus disease 2019 (COVID-19) in Zhejiang, China: an observational cohort study. Lancet Infect Dis. 2020.
  7. Cai J, Xu J, Lin D, Yang Z, Xu L, Qu Z, et al. A Case Series of children with 2019 novel coronavirus infection: clinical and epidemiological features. Clin Infect Dis. 2020.
  8. Amrane S, Tissot-Dupont H, Doudier B, Eldin C, Hocquart M, Mailhe M, et al. Rapid viral diagnosis and ambulatory management of suspected COVID-19 cases presenting at the infectious diseases referral hospital in Marseille, France, – January 31st to March 1st, 2020: A respiratory virus snapshot. Travel Med Infect Dis. 2020:101632.
  9. Bernard Stoecklin S, Rolland P, Silue Y, Mailles A, Campese C, Simondon A, et al. First cases of coronavirus disease 2019 (COVID-19) in France: surveillance, investigations and control measures, January 2020. Euro Surveill. 2020;25(6).
  10. Li Q, Guan X, Wu P, Wang X, Zhou L, Tong Y, et al. Early Transmission Dynamics in Wuhan, China, of Novel Coronavirus–Infected Pneumonia. New England Journal of Medicine. 2020;382(13):1199-207.
  11. Lillie PJ, Samson A, Li A, Adams K, Capstick R, Barlow GD, et al. Novel coronavirus disease (Covid-19): The first two patients in the UK with person to person transmission. J Infect. 2020.
  12. Su L, Ma X, Yu H, Zhang Z, Bian P, Han Y, et al. The different clinical characteristics of corona virus disease cases between children and their families in China – the character of children with COVID-19. Emerg Microbes Infect. 2020;9(1):707-13.
  13. Chan JF-W, Yuan S, Kok K-H, To KK-W, Chu H, Yang J, et al. A familial cluster of pneumonia associated with the 2019 novel coronavirus indicating person-to-person transmission: a study of a family cluster. The Lancet. 2020;395(10223):514-23.
  14. Xia W, Shao J, Guo Y, Peng X, Li Z, Hu D. Clinical and CT features in pediatric patients with COVID-19 infection: Different points from adults. Pediatr Pulmonol. 2020.
  15. Ji LN, Chao S, Wang YJ, Li XJ, Mu XD, Lin MG, et al. Clinical features of pediatric patients with COVID-19: a report of two family cluster cases. World J Pediatr. 2020.
  16. Choi SH, Kim HW, Kang JM, Kim DH, Cho EY. Epidemiology and Clinical Features of Coronavirus disease 2019 in Children. Clin Exp Pediatr. 2020.
  17. Cao Q, Chen YC, Chen CL, Chiu CH. SARS-CoV-2 infection in children: Transmission dynamics and clinical characteristics. J Formos Med Assoc. 2020;119(3):670-3.
  18. Lu XZ, L.; Y.Y. Li, D. Liu, Shen, Xu, Wong. SARS-CoV-2 Infection in Children. N Engl J Med. 2020.
  19. Ludvigsson JF. Systematic review of COVID-19 in children shows milder cases and a better prognosis than adults. Acta Paediatr. 2020.
  20. Sinha IP, Harwood R, Semple MG, Hawcutt DB, Thursfield R, Narayan O, et al. COVID-19 infection in children. Lancet Respir Med. 2020.
  21. Chen Z-M, Fu J-F, Shu Q, Chen Y-H, Hua C-Z, Li F-B, et al. Diagnosis and treatment recommendations for pediatric respiratory infection caused by the 2019 novel coronavirus. World Journal of Pediatrics. 2020.
  22. Zhou Y, Yang GD, Feng K, Huang H, Yun YX, Mou XY, et al. Clinical features and chest CT findings of coronavirus disease 2019 in infants and young children. Zhongguo Dang Dai Er Ke Za Zhi. 2020;22(3):215-20.
  23. An P, Zhang M. Novel coronavirus SARS-CoV-2: familial spread resulting in COVID-19 pneumonia in a pediatric patient. Diagn Interv Radiol. 2020.
  24. Li W, Cui H, Li K, Fang Y, Li S. Chest computed tomography in children with COVID-19 respiratory infection. Pediatr Radiol. 2020.
  25. Henry BM, Lippi G, Plebani M. Laboratory abnormalities in children with novel coronavirus disease 2019. Clin Chem Lab Med. 2020.
  26. Lippi G, Plebani M. Procalcitonin in patients with severe coronavirus disease 2019 (COVID-19): A meta-analysis. Clin Chim Acta. 2020;505:190-1.
  27. Zhang T, Cui X, Zhao X, Wang J, Zheng J, Zheng G, et al. Detectable SARS-CoV-2 Viral RNA in Feces of Three Children during Recovery Period of COVID-19 Pneumonia. J Med Virol. 2020.
  28. Asakura H, Ogawa H. Potential of Heparin and Nafamostat Combination Therapy for COVID-19. J Thromb Haemost. 2020.
  29. Marraro GA, Spada C. Consideration of the respiratory support strategy of severe acute respiratory failure caused by SARS-CoV-2 infection in children. Zhongguo Dang Dai Er Ke Za Zhi. 2020;22(3):183-94.
  30. Rasmussen SA, Thompson LA. Coronavirus Disease 2019 and Children: What Pediatric Health Care Clinicians Need to Know. JAMA Pediatr. 2020.
  31. Shen K, Yang Y, Wang T, Zhao D, Jiang Y, Jin R, et al. Diagnosis, treatment, and prevention of 2019 novel coronavirus infection in children: experts’ consensus statement. World Journal of Pediatrics. 2020.
  32. Shen KL, Yang YH. Diagnosis and treatment of 2019 novel coronavirus infection in children: a pressing issue. World J Pediatr. 2020.
  33. Tang N, Bai H, Chen X, Gong J, Li D, Sun Z. Anticoagulant treatment is associated with decreased mortality in severe coronavirus disease 2019 patients with coagulopathy. J Thromb Haemost. 2020.
  34. Tang N, Li D, Wang X, Sun Z. Abnormal coagulation parameters are associated with poor prognosis in patients with novel coronavirus pneumonia. J Thromb Haemost. 2020;18(4):844-7.
  35. Thachil J. The versatile heparin in COVID-19. J Thromb Haemost. 2020.
  36. Wang Y, Zhu LQ. Pharmaceutical care recommendations for antiviral treatments in children with coronavirus disease 2019. World J Pediatr. 2020.
  37. Zimmermann P, Curtis N. Coronavirus Infections in Children Including COVID-19: An Overview of the Epidemiology, Clinical Features, Diagnosis, Treatment and Prevention Options in Children. Pediatr Infect Dis J. 2020;39(5):355-68.
  38. Hong H, Wang Y, Chung HT, Chen CJ. Clinical characteristics of novel coronavirus disease 2019 (COVID-19) in newborns, infants and children. Pediatr Neonatol. 2020.
  39. Liu W, Wang J, Li W, Zhou Z, Liu S, Rong Z. Clinical characteristics of 19 neonates born to mothers with COVID-19. Front Med. 2020.
  40. Zeng L, Xia S, Yuan W, Yan K, Xiao F, Shao J, et al. Neonatal Early-Onset Infection With SARS-CoV-2 in 33 Neonates Born to Mothers With COVID-19 in Wuhan, China. JAMA Pediatr. 2020.
  41. Zhu H, Wang L, Fang C, Peng S, Zhang L, Chang G, et al. Clinical analysis of 10 neonates born to mothers with 2019-nCoV pneumonia. Translational Pediatrics. 2020;9(1):51-60.
  42. Société Française de Néonatologie SFdP. Propositions de la Société Française de Néonatologie & de la Société Française de Pédiatrie Concernant les Nouveau-Nés dans les Contextes d’Épidémie 2020 [16 mars]. Available from: https://www.societe-francaise-neonatalogie.fr/.
  43. Rasmussen SA, Smulian JC, Lednicky JA, Wen TS, Jamieson DJ. Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) and pregnancy: what obstetricians need to know. Am J Obstet Gynecol. 2020.
  44. Bouffet E, Challinor J, Sullivan M, Biondi A, Rodriguez-Galindo C, Pritchard-Jones K. Early advice on managing children with cancer during the COVID-19 pandemic and a call for sharing experiences. Pediatr Blood Cancer. 2020:e28327.
  45. Chen Z, Xiong H, Li JX, Li H, Tao F, Yang YT, et al. COVID-19 with post-chemotherapy agranulocytosis in childhood acute leukemia: a case report. Zhonghua Xue Ye Xue Za Zhi. 2020;41(0):E004.
  46. Hrusak O, Kalina T, Wolf J, Balduzzi A, Provenzi M, Rizzari C, et al. Flash survey on severe acute respiratory syndrome coronavirus-2 infections in paediatric patients on anticancer treatment. Eur J Cancer. 2020;132:11-6.
  47. Balduzzi A, Brivio E, Rovelli A, Rizzari C, Gasperini S, Melzi ML, et al. Lessons after the early management of the COVID-19 outbreak in a pediatric transplant and hemato-oncology center embedded within a COVID-19 dedicated hospital in Lombardia, Italy. Estote parati. Bone Marrow Transplant. 2020.
  48. He Y, Lin Z, Tang D, Yang Y, Wang T, Yang M. Strategic plan for management of COVID-19 in paediatric haematology and oncology departments. The Lancet Haematology. 2020;7(5):e359-e62.
  49. Michael Sullivan EB, Carlos Rodriguez-Galindo, Sandra Luna-Fineman, Muhammad Saghir Khan, Pam Kearns, Douglas S. Hawkins, Julia Challinor, Lisa Morrissey, Jörg Fuchs, Karen Marcus, Adriana Balduzzi, Luisa Basset-Salom, Miguela Caniza, Justin N. Baker, Rejin Kebudi, Laila Hessissen, Richard Sullivan, Kathy Pritchard-Jones. The COVID-19 PANDEMIC: A Rapid Global response for Children with Cancer from SIOP, COG, SIOP-E, SIOP-PODC, IPSO, PROS, CCI and St Jude Global. Pediatr Blood Cancer. 2020.
  50. Lee PI, Hu YL, Chen PY, Huang YC, Hsueh PR. Are children less susceptible to COVID-19? J Microbiol Immunol Infect. 2020.
  51. Brodin P. Why is COVID-19 so mild in children? Acta Paediatr. 2020.
  52. Gu H, Xie Z, Li T, Zhang S, Lai C, Zhu P, et al. Angiotensin-converting enzyme 2 inhibits lung injury induced by respiratory syncytial virus. Sci Rep. 2016;6:19840.
  53. Sommerstein R, Kochen MM, Messerli FH, Grani C. Coronavirus Disease 2019 (COVID-19): Do Angiotensin-Converting Enzyme Inhibitors/Angiotensin Receptor Blockers Have a Biphasic Effect? J Am Heart Assoc. 2020;9(7):e016509.
  54. Zores F, Rebeaud ME. COVID and the Renin-Angiotensin System: Are Hypertension or Its Treatments Deleterious? Frontiers in Cardiovascular Medicine. 2020;7.

[1] AJOG = American Journal of Obstetrics & Gynecology.

[2] EOH = Équipe Opérationnelle d’Hygiène / REB = Risque Épidémique et Biologique.

[3] ADLF = Association des Lactariums de France.

 Télécharger le PDF de cet article

Gestion du traitement anticoagulant durant la pandémie (Covid 19)

Nous vivons une urgence sanitaire mondiale et la communauté médicale de chaque pays est au front, pour y apporter ses réponses, dans le même temps qu’elle construit ses connaissances. Jamais le partage des données scientifiques entre les professionnels de santé n’a vécu un tel niveau de flux. Sur plus de 250 références des 3 derniers mois sur le Covid-19,

Avis du collège algérien des enseignants de médecine vasculaire (CAEMV).

Hatri, N. Hamamid, M. Babaahmed, R. Guermaz, S. Zekri, M. Brouri

Service Médecine Interne,EPH El Biar, Villa du Traité, Alger

Date de soumission : 27 Avril 2020.

Résumé : Nous vivons une urgence sanitaire mondiale et la communauté médicale de chaque pays est au front, pour y apporter ses réponses, dans le même temps qu’elle construit ses connaissances. Jamais le partage des données scientifiques entre les professionnels de santé n’a vécu un tel niveau de flux. Sur plus de 250 références des 3 derniers mois sur le Covid-19, nous avons sélectionné les publications qui nous ont paru pertinentes pour la compréhension de la maladie et son tropisme vasculaire, qui fait le lit des complications morbides et fatales. La maladie comporte deux phases : une phase infectieuse de six à sept jours ; et une phase inflammatoire qui commence vers le 7ème jour, marquée par libération massive de cytokines inflammatoires. C’est un véritable « orage cytokinique pro-coagulant », responsable de manifestations thromboemboliques veineuses et artérielles disséminées. Nous avons élaboré des fiches pratiques pour la gestion du traitement anticoagulant au long cours en cette période de confinement, ainsi que des fiches pour la prophylaxie et le traitement de la maladie thromboembolique veineuse des patients Covid-19. Une synthèse simplifiée est proposée pour l’utilisation des différentes héparines. Nous avons également établi un organigramme pour la prise en charge préventive et curative de la MTEV au cours de la maladie Covid-19.

Mots clés : Covid-19, inflammation, thrombose, anticoagulants

Abstract: We are living in a global health emergency and the medical community of each country is at the front, to provide its answers at the same time as it builds its knowledge. Never has the sharing of scientific data between health professionals experienced such a level of flow. On more than 250 references from the last 3 months on Covid-19, we have selected the publications that seemed relevant to the understanding of the disease and its vascular tropism, which is the bed of morbid and fatal complications. The disease has two phases: an infectious phase of six to seven days and an inflammatory phase which begins around the 7th day, marked by massive release of inflammatory cytokines. It is a veritable “procoagulant cytokine storm” responsible for disseminated venous and arterial thrombo-embolic events. We have developed practical sheets for the management of long-term anticoagulant therapy during this confinement period, as well as sheets for the prophylaxis and treatment of venous thrombo-embolic disease in Covid-19 patients. A simplified summary is proposed for the use of the different heparins. We have also established a flowchart for the preventive and curative management of VTE during Covid-19 disease.

Key words: Covid-19, inflammation, thrombosis, anticoagulants.

 

Introduction 

Nous vivons une urgence sanitaire mondiale et la communauté médicale de chaque pays est au front, pour y apporter ses réponses dans le même temps qu’elle construit ses connaissances encore fragiles mais chargées d’une espérance plurielle.

Jamais le partage des connaissances entre les professionnels de santé n’a vécu un tel niveau de flux et les besoins sont encore immenses et devraient aboutir à la construction de nouveaux ponts d’aide au savoir-faire.

Ici, nous ne donnons pas de leçons mais nous partageons nos convictions.

Nous avons essayé de rassembler la littérature qui nous a paru pertinente pour répondre dans le cadre de l’urgence à 4 questions :

  1. Dans l’état actuel des connaissances sur la maladie Covid-19, quel est son potentiel de retentissement vasculaire ?
  2. Quelle est la stratégie thérapeutique adoptée dans le monde ?
  3. Comment actualiser nos connaissances thérapeutiques ?
  4. Comment optimiser nos moyens pour aboutir à un référentiel pratique pour la gestion du traitement anticoagulant dans ce contexte ?

Voici les réponses que nous jugeons les plus pertinentes 

  1. Sur plus de 250 références PubMed des 3 derniers mois, nous avons sélectionné les publications qui nous ont paru pertinentes pour la compréhension de la maladie Covid-19 et son tropisme vasculaire, qui fait le lit des complications morbides et fatales. La maladie comporte deux phases :
  • Une phase infectieuse de six à sept jours au cours de laquelle le patient présente un syndrome grippal fait d’une asthénie profonde, de céphalées, fièvre, toux sèche.
  • Une phase inflammatoire qui commence vers le 7ème jour, marquée par une dyspnée qui s’aggrave brutalement avec installation d’un syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), apparition d’infiltrats pulmonaires au téléthorax et au scanner. D’autres manifestations systémiques sont souvent associées, secondaires à une libération massive de cytokines inflammatoires, médiateurs de l’inflammation qui vont endommager la membrane alvéolo-capillaire, responsable de la détresse respiratoire. Ce véritable « orage cytokinique pro-coagulant » inflammatoire va réaliser un tableau d’activation macrophagique, et de vascularite systémique responsable de manifestations thromboemboliques veineuses et artérielles disséminées à type d’embolies pulmonaires notamment, d’infarctus du myocarde, de myocardites, atteintes neurologiques et autres.

Ainsi cet emballement inflammatoire et le désordre immunologique sont responsables des anomalies de la coagulation et de la formation de micro thromboses.

  1. Des fiches pratiques sont élaborées pour :
  • La gestion du traitement anticoagulant au long cours en cette période de confinement (surveillance, switch).
  • La prophylaxie et le traitement de la maladie thromboembolique veineuse des patients Covid-19.
  1. Une synthèse simplifiée est proposée (annexe 2) pour l’utilisation des différentes héparines, à partir de la base de données publique des médicaments /gov.fr (ANSM – HAS – assurance maladie), actualisée au 03 avril 2020.

« Les AVK et les AOD présentent de sérieuses interactions avec les différents traitements de la maladie Covid-19 et notamment avec la chloroquine et les antiviraux ».

Seules les héparines (HBPM, HNF) trouvent leur indication chez les patients Covid-19 en thromboprophylaxie ou en curatif.

  1. Il est proposé un organigramme pour la prise en charge préventive et curative de la MTEV au cours de la maladie Covid-19 (diagramme 4).
  1. Les soins aux patients sous anticoagulation au long cours pendant la pandémie actuelle de Covid-19.
    • Patients sous anticoagulation orale et non Covid-19
  • Dois-je retarder le test INR pour mes patients ?

Les patients stables doivent se voir proposer un test INR prolongé et un intervalle allant jusqu’à 12 semaines est approprié. Cette approche est appuyée par un essai contrôlé randomisé et par les directives CHEST publiées en 2012 (1). De nombreux établissements ont utilisé cette approche sans baisse du TTR ni augmentation des événements indésirables (2,3).

L’extension ou le report des tests pour les patients instables ou en cas de tests INR hors de la fourchette thérapeutique, ne peuvent pas être systématiquement recommandés.

L’évaluation du risque/bénéfice est nécessaire chez les patients avec des INR hors de portée afin d’individualiser l’approche. La collaboration avec les patients sera essentielle.

  • Quelles stratégies peuvent être envisagées pour les patients qui ne sont pas en mesure de se présenter à une structure de santé publique, à une clinique ou un laboratoire pour un test INR parce qu’ils sont actuellement en confinement à domicile ?

Les structures de santé doivent être créatives et intégrer d’autres modalités pour dispenser des soins aux patients pendant cette période unique.

Une option consiste à utiliser une unité de soins à domicile pour les tests INR. Les résultats sont communiqués au médecin responsable et le patient est pris en charge par téléphone ou par messagerie (whatsApp / Viber/ Messenger etc.).

  • Patients sous anticoagulation orale etCovid-19+
  • COVID-19 : a-t-il un impact sur l’INR ou sur la coagulation ?

Comme pour toute maladie aiguë, l’INR peut être perturbé.

Un premier rapport de la Chine a identifié que les patients atteints de formes sévères de Covid-19 peuvent présenter un taux de D-dimères élevé, un TP et INR prolongés (4,5). Cela est particulièrement vrai en cas de diminution de l’apport alimentaire et/ou de maladies diarrhéiques. Les AVK risquent d’être difficiles à équilibrer chez ces patients

  • Y a-t-il des raisons de craindre que les tests INR ne soient pas fiables dans le contexte d’une infection par Covid-19 ?

À l’heure actuelle, rien ne permet de penser que Covid-19 aurait un impact différent de celui des autres infections sur les résultats de l’INR. Les praticiens doivent suivre les recommandations habituelles.

  • Quelles sont les stratégies à envisager pour aider à gérer ces patients ?
  • Le Sintrom risque d’être difficile à équilibrer chez ces patients.
  • Les interactions médicamenteuses possibles avec les antiviraux utilisés pour le traitement des patients Covid-19 rendent l’utilisation des anticoagulants oraux directs (Apixaban, Rivaroxaban, Dabigatran) dangereuse chez les patients qui reçoivent des antiviraux ou de l’hydroxychloroquine.

On privilégiera donc l’utilisation des HBPM à dose curative (Héparine non fractionnée si insuffisance rénale sévère) en phase aiguë, en dehors de toute contre-indication dès que le malade est hospitalisé, pour cela on procèdera à un switch AVK ou AOD vers HBPM tel que mentionné dans l’annexe 3.

 


 

Diagramme 1 : Patients sous anticoagulants au long cours.

 

  1. Thromboprophylaxie des patients Covid- 19, hospitalisés

Le risque thromboembolique des patients Covid-19 parait élevé, et peut persister jusqu’à 90 jours après l’hospitalisation chez les patients ayant nécessité une réanimation (risque le plus important). Les patients hospitalisés pour Covid-19 doivent recevoir une thromboprophylaxie par HBPM en l’absence d’une contre-indication.

  • Cas bénins

Les symptômes cliniques sont bénins, (pas de signe de pneumonie à l’imagerie), ne nécessitant pas l’hospitalisation. Thromboprophylaxie non indiquée

  • Cas modérés

Ce sont les patients avec un syndrome grippal fébrile, des symptômes des voies respiratoires et des signes de pneumonie à l’imagerie. La thromboprophylaxie est indiquée avec au préalable une évaluation du risque hémorragique (annexe 4).

Enoxaparine 4.000 UI (0,4 ml) : une injection sc/j pendant toute la durée de l’hospitalisation puis à domicile jusqu’à déambulation normale. Durée de la prophylaxie : minimum 14 jours, à réévaluer en fonction de la sévérité de l’infection et des facteurs de risque. Ce schéma est valable si la clairance de créatinine (clCr) > 30ml/mn.

  • Situations particulières 

En cas de thrombopénie <50000 ou de risque hémorragique, nous préconisons une contention par bandes élastiques et un avis du médecin référent.

  • si BMI >30 kg/m2 ou syndrome inflammatoire+++ ou voie veineuse centrale fémorale : Enoxaparine : 6.000 UI (0,6 ml) : une injection sc/j,
  • si BMI > 40 kg/m2 : Enoxaparine 4.000 UI (0,4ml) : une injection sc 2x/j,
  • si clCr < 30 ml/mn : Calciparine 0,2 ml x 3/jour
  • si ClCr < 15 ml/mn : Calciparine 0,2 ml x 3/jour (si moyen de contrôler l’activité anti-Xa)

* une clCr entre 15 et 30 ml/mn autorise de l’Enoxaparine : 2.000 UI (0,2ml) : une injection sc/j.

 

  • Attention 

Sachant que le Covid-19 est responsable d’une véritable « tempête » inflammatoire, avec une hyperviscosité sanguine importante, toute augmentation des D-Dimères (> 0,5 mg/l), de la CRP (> à 100 mg/l), annonciateurs d’une dégradation clinique, devraient faire discuter de l’éventualité d’une thromboprophylaxie renforcée (Enoxaparine 4.000 UI (0,4ml) une injection sc/12h) ; voire d’une anticoagulation curative par HBPM, avec au préalable une évaluation du risque hémorragique. En effet, l’utilisation d’un traitement anticoagulant a montré une diminution de la mortalité (4).

  • Cas sévères 

Il s’agit des patients qui répondent à au moins 1 des critères suivants :

  • Fréquence respiratoire ≥30/mn, SaO2 ≤93% (repos), PaO2/FiO2 ≤300 mmHg
  • Une progression des lésions >50% en 24 à 48h en imagerie pulmonaire signe la sévérité du tableau clinique.

Une thromboprophylaxie renforcée ou une anticoagulation à doses curatives doivent être discutées.

  • Cas critiques 

Il s’agit des patients qui répondent à au moins 1 des critères suivants :

  • Insuffisance respiratoire nécessitant une ventilation mécanique, état de choc, défaillance d’autres organes, notamment en cas de syndrome inflammatoire ou d’hypercoagulabilité marqués avec augmentation rapide de la concentration des D-Dimères et du fibrinogène (> 8g/l).

Une héparinothérapie curative est proposée même en l’absence de thrombose avec au préalable une évaluation du risque hémorragique (2).

Diagramme 2 : Traitement anticoagulant / Patients hospitalisés pour Covid-19

  1. Conduite pratique devant une suspicion de thrombose veineuse profonde (TVP) dans le contexte de Covid-19
    • Le sujet n’est pas hospitalisé

Le score de Wells (annexe 1) permet grâce à un interrogatoire par téléconsultation à domicile de préférence, de définir la probabilité clinique d’une TVP.

  • Patient asymptomatique et probabilité de TVP modérée à forte 
  • Voir le malade en consultation
  • Examen clinique et échodoppler au cabinet médical avec protection (masque chirurgical, gants et solution hydro-alcoolique)
  • Patient contact ou symptomatique et probabilité de TVP modérée à forte
  • Voir le malade en consultation
  • Renforcer la protection (masque FFP2, sur blouse, charlotte, gants et solution hydro-alcoolique) masque chirurgical pour le patient.
  • Le patient Covid-19+ est hospitalisé

La protection (masque FFP2, sur blouse, charlotte, gants et solution hydro-alcoolique), masque chirurgical pour le patient.

  • Face au risque élevé de MTEV, il est préconisé un dépistage systématique à J7J14 et J 21

* Dépistage systématique : Échodoppler 4 points

  • Plus précoce si dégradation secondaire sans autre étiologie
  • Plus précoce si voie veineuse centrale fémorale
  • Pas de restriction de mobilisation
  • Pas de compression veineuse systématique.

Une fois le diagnostic de TVP posé, le traitement repose, à la phase aiguë, sur l’héparinothérapie (HBPM : Enoxaparine ou Tinzaparine / HNF) tel que recommandé par les sociétés savantes internationales (Diagrammes 3 et 4 ; Annexes 2).

Conclusion

On apprend tous les jours un peu plus sur le Covid-19. Ce qui était considéré au départ comme une maladie virale qui pouvait se compliquer de graves infections respiratoires dans les formes graves, s’est révélée une maladie systémique avec des lésions thrombotiques artérielles et veineuses mortelles.

Mieux comprendre les mécanismes en cause dans les diverses manifestations du Covid-19 sera un enjeu majeur dans les semaines et mois à venir, tant en matière de diagnostic qu’en matière de thérapeutique. 

Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Diagramme 3 : Traitement d’une MTEV dans le contexte Covid 19

Diagramme 4

  • Covid modérés/ sévères Thromboprophylaxie renforcée : Enoxaparine 4.000 UI x 2/j
  • Covid critiques : Traitement anticoagulant avec des doses curatives d’emblée.

Tableau récapitulatif : Thromboprophylaxie du patient COVID-19.

Annexe 1

Score de Wells 2 : (Wells PS, NEJM 2003;349:1227-35)

1          Cancer actif (traitement en cours ou < 6 mois)

1          Alitement récent > 3 jours

1          Chirurgie lourde < 4 semaines

1          Immobilisation plâtrée

1          Douleur ou sensibilité sur le trajet des veines profondes

1          Gonflement d’un membre

1          Œdème prenant le godet unilatéral

1          Collatéralité veineuse superficielle non variqueuse

1          Antécédents documentés de TVP

2          Diagnostic de remplacement > TVP

Un score de 1 ou plus est en rapport avec une probabilité forte de TVP (Diagnostic compatible)

Un score inférieur à 1 est en rapport avec une probabilité faible de TVP

Annexe 2

 

Prophylaxie

Alitement + affection médicale aiguë

Prophylaxie

Circulation extra corporelle / hémodialyse

TRT Curatif

 TVP

TRT curatif

 EP

Insuf. Rénale

DFG >30 ml/’

(Crockroft)

Insuf. Rénale

DFG < 30 à15 ml/’

 

Tinzaparine

(Innohep*)

X

Séance < 4h :

2000-2500UI en bolus

Séance >4h :

2500 UI bolus + perf continu 750UI/h

175 UI/kg/sc /j

Max 18 000 UI

175 UI/kg/sc /j

Max 18 000 UI

175 UI/Kg/sc/J

X

Enoxaparine

(Lovenox*)

4000 UI/sc/j

6 á 14 j max

100 UI/kg en bolus

50 UI/kg si risque hémorragique élevé

100 UI/kg/sc 2x/j

10js

100 UI/kg/sc 2x/j

10js

100 UI/kg/sc 2x/j

10js

Prophylaxie MTEV

2000 UI/sc1x/j

Curatif MTEV

100 UI/kg/sc 1x/jc

Calciparine 5000 UI/0,2ml

 

(Gestion complexe)

Schéma complexe

Schéma complexe

Schéma complexe

3 inj /j minimum

TCA :1,5 et 3x/T et après chaque

Change/ dose

Anti Xa :

0.2 et 0.6UI/ml

3 inj /j minimum

TCA :1,5 et 3x/T et après chaque

Change/ dose Anti Xa :

0.2 et 0.6UI/ml

3 inj /j minimum

TCA :1,5 et 3x/T et après chaque

Change/ dose

Anti Xa :

0.2 et 0.6UI/ml

               

Annexe 3

Switch :

  1. AVK               HBPM

Attention l’INR peut être erroné en cas d’infection Covid 19, dans ce cas la précaution des 72 heures suffira.

  1. AOD HBPM

Injection HBPM à la place d’une prise per os d’AOD.

  1. AVK AOD

L’effet de l’AVK perdure après l’arrêt, aussi, la prise de l’AOD est à décaler, 48h après l’arrêt AVK, ou quand l’INR <2 pour Dabigatran et Apixaban, et quand l’INR <3 pour Rivaroxaban.

Annexe 4

Évaluation du risque hémorragique

Score HAS BLED

Pisters R1A novel user-friendly score (HAS-BLED) to assess 1-year risk of major bleeding in patients with atrial fibrillation: the Euro Heart Survey.

Le risque hémorragique est déduit de la façon suivante :

  • • Score 0 : ………………………………………………………………………………. risque hémorragique à 1,9.
  • • Score 1 : ……………………………………………………………………………….. risque hémorragique à 2,5
  • • Score 2 : ……………………………………………………………………………….. risque hémorragique à 5,3
  • • Score 3 : ……………………………………………………………………………….. risque hémorragique à 8,4
  • • Score 4 : ……………………………………………………………………………… risque hémorragique à 10,4
  • • Score ≥ à 5 : ………………………………………………………………………… risque hémorragique à 12,3.

Le score HAS-­BLED doit être utilisé pour l’évaluation du risque hémorragique. Un score > 3 indique un « haut risque » nécessitant une certaine prudence et une surveillance régulière suite à l’initiation du traitement anticoagulant.

Abréviations :

ANSM : …………………………………………………………. agence nationale de sécurité du médicament

AOD : ………………………………………………………………………………………… anticoagulant oral direct

AVK : ……………………………………………………………………………………………………… anti vitamine K

BMI : …………………………………………………………………………………………………… body mass index

CHEST : ……………………………………………………………………… American college of chest physicians

ClCr : ……………………………………………………………………………………….. clearance de la créatinine

Covid 19 : ………………………………………………………………………………….. coronavirus disease 2019

CRP : ………………………………………………………………………………………………. C- réactive proteine

EP : ………………………………………………………………………………………………… embolie pulmonaire

FiO2 : ………………………………………………………………………………….. fraction inspirée en Oxygène

HAS : …………………………………………………………………………………………. haute autorité de santé

HBPM : ………………………………………………………………………… héparine de bas poids moléculaire

HNF : ………………………………………………………………………………………. héparine non fractionnée

INR : …………………………………………………………………………………. International Normalized Ratio

MTEV : ……………………………………………………………………. maladie thromboembolique veineuse

PaO2 : ……………………………………………………………………………… pression partielle de l’oxygène 

SaO2 : ………………………………………………………………………………………….. saturation en oxygène

SRAS : ………………………………………………………………………….. syndrome respiratoire aigu sévère

TP : ……………………………………………………………………………………………… taux de prothrombine

TTR : ………………………………………………………………………………………… time in therapeutic range

TVP :………………………………………………………………………………… thrombose veineuse profonde


 

Références

  1. Walter Ageno, Oral Anticoagulant Therapy, Volume 141, Issue 2, Supplement, Pages e44S–e88S.
  2. World thrombosis day; Covid-19 and Thrombosis, March 16th, 2020
  3. Sophie Susen, Patient hospitalise avec Covid-19 et surveillance de l’hémostase, propositions du GIHP et du GFHT. https://sfar.org/covid-19
  4. Tang N, Li D, Wang X, Sun Z. Abnormal coagulation parameters are associated with poor prognosis in patients with novel coronavirus pneumonia. J Thromb Haemost. 2020 epublished
  5. Thachil J.J, ThrombHaemost.2020 Apr 2.doi: 10.1111/jth.14821. Online ahead of print. PMID: 32239799J Thromb Haemost ; 2020 Apr 2.
  6. Zhonghua Jie He He Hu Xi ZaZhi, Comparison of Clinical and Pathological Features Between Severe Acute Respiratory Syndrome and Coronavirus Disease 2019, 2020 Apr 3[Online ahead of print
  7. Thachil J.J, The Versatile Heparin in Covid-19, Thromb Haemost. 2020 Apr 2.doi: 10.1111/jth.14821. Online ahead of print. PMID: 32239799
  8. Tang N, Bai H, Chen X, Gong J, Li D, Sun Z.J, Anticoagulant Treatment Is Associated with decreased mortality in severe Coronavirus Disease 2019 patients with coagulopathy, Thromb Haemost.2020 Mar 27.doi: 10.1111/jth.14817. Online ahead of print. PMID: 32220112
  9. Tang N, Li D, Wang X, Sun Z.J, Abnormal Coagulation Parameters Are Associated With Poor Prognosis in Patients With Novel Coronavirus Pneumonia, Thromb Haemost. 2020 Apr;18(4):844-847. doi: 10.1111/jth.14768. Epub 2020 Mar 13. PMID: 32073213

 Télécharger le PDF de cet article

Covid-19 et grossesse

Un nouveau coronavirus émergent, appelé SARS-CoV-2, et responsable d’une pneumopathie mortelle Covid-19, s’est rapidement propagé, créant un problème de santé publique mondial. Les épidémies précédentes dues à des coronavirus, le SRAS-CoV et le MERS-CoV ont été responsables d’une morbidité et mortalité maternelle et fœtale importantes.

N. Cherfi (1), M. Derguini(2),

(1)CHU Mustapha Bacha, Alger.(2) EPH Bachir Mentouri Kouba

Date de soumission : 10 Avril 2020.

Résumé : Un nouveau coronavirus émergent, appelé SARS-CoV-2, et responsable d’une pneumopathie mortelle Covid-19, s’est rapidement propagé, créant un problème de santé publique mondial. Les épidémies précédentes dues à des coronavirus, le SRAS-CoV et le MERS-CoV ont été responsables d’une morbidité et mortalité maternelle et fœtale importantes. Les données disponibles sont limitées pour les femmes enceintes atteintes de pneumonie Covid-19. Cette contribution vise à rapporter les caractéristiques cliniques de la grossesse qui pourraient expliquer le risque materno-fœtal et le potentiel de transmission de cette infection, ainsi que les tests diagnostiques disponibles. La prise en charge actuelle repose essentiellement sur la prévention de la transmission interhumaine, et la nécessité d’une organisation de la chaine de soin à tous les niveaux. Aucune des thérapeutiques proposées ne fait encore le consensus.

Mots-clés : SARS-Cov-2, Covid-19, Détresse respiratoire aigüe, RT-PCR rhino-pharyngé, scanner thoracique, transmission materno-fœtale, morbi-mortalité materno-fœtale.

Abstract: A new emerging coronavirus, called SARS-CoV-2, responsible for deadly Covid-19 lung disease, has quickly spread, creating a global public health problem. Previous epidemics due to coronaviruses, SARS-CoV and MERS-CoV have been responsible for significant maternal, and foetal morbidity and mortality. Data are limited for pregnant women with COVID-19 pneumonia. This contribution aims to report the clinical characteristics of pregnancy, which could explain the maternofoetal risk and the potential for transmission of this infection, as well as available diagnostic tests. The actual medical management relies mainly on prevention of person-to-person transmission, and the need to organize a protocol of care at each level. At the present time, none of the proposed therapies reached a consensus.

Key words: Covid19, pregnancy, pneumonia, maternofoetal risk, human transmission, care chain.

 

 

Introduction

Une épidémie causée par une nouvelle infection à coronavirus (SRAS-CoV-2) a émergé en décembre 2019 à Wuhan en Chine [1].

Identifié en janvier, par le centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CDC) à partir de l’écouvillon de gorge d’un patient, il a été nommé 2019-nCoV par l’OMS [2].

La maladie des coronavirus 2019 (Covid-19) s’est propagée rapidement dans le monde entier. Au 03 avril, le taux de létalité rapporté aux cas confirmés serait de 5,26% [3]. Cependant ce dernier est probablement surestimé au vu des nombreux cas asymptomatiques et/ou non dépistés. Le taux de mortalité rapporté par les études en Chine est d’environ 2% [4,5].

 

Le virus

SARS-CoV-2 mesure environ 50-200 nm de diamètre. Il présente dans son enveloppe des pointes de glycoprotéine en forme de clou qui donnent au virus un aspect de couronne.

C’est un virus à ARN de la famille des Coronavirus, tout comme le SARS-COV-1 (Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 1) et le MERS-COV (Middle East Respiratory Syndrome Coronavirus).

C’est la 7ème espèce de coronavirus connue pour provoquer une maladie humaine. Quatre virus sont très répandus – 229E, OC43, NL63 et HKU1 – et provoquent généralement des symptômes de rhume courants chez les individus immunocompétents [6-8].

Le SARS-Cov-2 comme les deux autres souches, SARS-CoV et MERS-CoV sont des β-coronavirus ayant émergé entre 2002 et 2019. Ils présentent des similitudes génomiques et provoquent des pneumopathies sévères.

 

Épidémiologie

Le virus SARS-Cov-2 semble être parti de la province du Hubei en Chine vers la fin de 2019. Il a rapidement été responsable d’une pandémie mondiale, témoin de sa grande contagiosité [1].

Transmission

Le SARS-CoV-1, le MERS-CoV et le SARS-Cov-2 de contamination actuellement interhumaine, ont été transmis aux humains, respectivement par les civettes, les chameaux ou les dromadaires, et le pangolin (probables hôtes intermédiaires). Il est établi pour les deux premiers virus qu’ils proviennent des chauves-souris. Il est probable que ce soit le cas également pour le SARS-Cov-2 [9,10].

Elle se propage par transmission interhumaine 2 à 3 personnes pourront être infectées par une personne index [11]. L’infection est principalement propagée par des gouttelettes de salive dues à des postillons, une toux ou des éternuements, directement ou secondairement à partir de surfaces puis portée au visage par des mains souillées [1,12].

La transmission materno-fœtale n’est pas encore démontrée de façon irréfutable, la plupart des études rapportées concernent des grossesses au 2ème et 3ème trimestre.

Deux études ont rapporté la présence d’IgM dans les heures [13] et les jours [14] chez des nouveau-nés, nés par césarienne sans aucun contact avec leurs mères Covid-19 positives. La possibilité de transmission verticale n’est pas formellement écartée mais la possibilité de positivité croisée des IgM est évoquée.

Par contre aucune étude n’a trouvé à ce jour, le virus dans le rhinopharynx des nouveau-nés de mères Covid-19, immédiatement après la naissance, pas plus que dans le liquide amniotique, le placenta, le sang du cordon, le lait ou dans les prélèvements vaginaux [15,16].

Pendant l’allaitement, le risque de contamination d’un enfant semble essentiellement résider dans la promiscuité avec une mère infectée non protégée.

 

Modifications physiologiques gravidiques et prédispositions au Covid-19.

Les modifications des systèmes cardiorespiratoire et immunitaire pendant la grossesse augmentent la sensibilité d’une femme à une infection sévère, mais peuvent également retarder le diagnostic.

La susceptibilité de la femme enceinte aux infections pulmonaires est probablement due à la physiologie cardio-respiratoire gravidique en particulier au 3ème trimestre du fait :

  • D’une part la limitation de l’amplitude des mouvements respiratoires par diminution du tonus des muscles intercostaux et diaphragmatique de la respiration active, et la compression du diaphragme par l’utérus gravide.
  • Et d’autre part, la capacité résiduelle fonctionnelle, les volumes expiratoires et les volumes résiduels diminuent régulièrement à partir du début de la grossesse, entraînant une réduction de la capacité pulmonaire totale à terme, et une incapacité à éliminer efficacement les sécrétions pulmonaires [17].

Ces phénomènes expliquent l’essoufflement de la femme enceinte au 3ème trimestre par augmentation des demandes maternelle et fœtale en oxygène, du fait d’un métabolisme maternel accru, et de la croissance fœtale [18].

Cette dyspnée physiologique doit être distinguée de l’essoufflement pathologique qui se produit chez 18% des patients atteints de Covid-19.

De plus la courbe de dissociation de l’oxyhémoglobine, favorise une délivrance extrêmement rapide aux tissus, en particulier au placenta. En cas d’hypoxie cela peut induire une congestion tissulaire par du sang désoxygéné pouvant aggraver une pneumopathie sévère.

Par ailleurs, la rhinite gestationnelle, par hyperémie du nasopharynx médiée par la quantité d’œstrogènes de la grossesse, affecte généralement 1/5ème des femmes en bonne santé en fin de grossesse et entraîne une congestion nasale et une rhinorrhée, marquées pouvant masquer les symptômes coryzaux du Covid-19 – ce dernier est observé dans 5% des patients atteints de Covid-19 [19].

Sur le plan immunologique, la tolérance de la greffe fœtale est favorisée par une diminution de l’immunité cellulaire qui va se traduire par une plus grande vulnérabilité aux infections intracellulaires en particulier les virus et les parasites. En contrepartie l’immunité humorale est renforcée.

Symptomatologie

Clinique

A ce jour, en raison du peu de données disponibles et par analogie avec d’autres infections virales avec atteinte respiratoire (grippe, varicelle), les femmes enceintes sont considérées comme une population à risque de forme sévère de Covid-19, en particulier à partir du 3ème trimestre de la grossesse.

La symptomatologie et l’évolution clinique de Covid-19 ne semblent pas présenter de spécificité chez les femmes enceintes. Elles sont similaires à celles des patientes du même âge [20, 21]. 

Les épidémies précédentes dues à un coronavirus, le SRAS-CoV et le MERS-CoV ont été responsables d’une morbidité et mortalité maternelles et fœtale importante par transmission materno-fœtale du virus. SARS-Cov-2 apparait plus contagieux que les deux coronavirus émergents précédents.

À ce stade de la pandémie mondiale, aucune étude n’a rapporté de mortalité maternelle par Covid-19. De plus Covid-19 ne semble pas responsable de plus d’accouchements prématurés ou de détresse néo-natale, comparé au SARS-CoV [21,22].

Sur la base de l’enquête épidémiologique actuelle, la période d’incubation est de 1 à 14 jours, et le plus souvent entre 3 et 7 jours. Environ 80% des infections Covid-19 sont bénignes ou asymptomatiques, 15% sont graves nécessitant un apport en oxygène et 5% nécessitent une ventilation mécanique [23,24]. La pneumonie Covid-19 évolue rapidement en une atteinte bilatérale diffuse du parenchyme pulmonaire [25], qui, dans le contexte des changements pulmonaires décrits ci-dessus, prédisposerait plus facilement à une insuffisance respiratoire hypoxémique pendant la grossesse.

Les signes cliniques principaux sont la fièvre (88%) et la toux (69%). Une asthénie, des myalgies, des céphalées, des vomissements, de la diarrhée ; et des difficultés respiratoires de gravité variable peuvent également survenir [22]. Une anosmie et une agueusie sont rapportées avec une fréquence inhabituelle depuis le début de l’épidémie et seraient un signe d’appel de Covid-19 surtout chez le sujet jeune.

Après une apparente amélioration, le tableau peut rapidement évoluer vers un syndrome de détresse respiratoire aiguë, une acidose métabolique, un choc septique, des troubles de la coagulation et une défaillance multiviscérale. La fièvre peut être peu élevée, voire absente au cours de la maladie.

Les patients atteints de la forme bénigne de la maladie ne présentent pas de symptômes d’atteinte pulmonaire.

À en juger par les cas actuels, la plupart des patients ont un bon pronostic et une minorité est dans un état critique. Le pronostic est moins favorable chez les sujets âgés et les personnes atteintes de maladies chroniques sous-jacentes.

Les symptômes, notamment une fièvre, peuvent n’apparaitre que lors du travail ou dans le post-partum [22].

Les facteurs de comorbidité particuliers chez la femme enceinte sont l’obésité, la pré-éclampsie et le diabète.

Examens de laboratoire.

Au stade précoce de la maladie, le compte leucocytaire est normal ou réduit, avec une hypolymphocytose, une élévation des enzymes hépatiques, du lactate déshydrogénase (LDH), des enzymes musculaires (CPK-MB). Dans certaines formes graves une élévation de la troponine peut être observée. La protéine C-réactive (CRP) et la VS sont augmentées chez la plupart des patients, et la procalcitonine le plus souvent normale.

Dans les cas graves, les lymphocytes diminuent progressivement. L’augmentation physiologique des D-Dimères pendant la grossesse peut masquer une évolution défavorable. Les cytokines inflammatoires augmentent souvent dans les cas sévères et critiques. L’élévation de la ferritinémie est un indice de gravité [26].

Tests diagnostics

La présence du SARS-CoV-19 par amplification de l’ARN par réaction en chaine par polymérase après transcription inverse (RT-PCR) peut être démontrée sur écouvillons nasopharyngés, les expectorations et sécrétions des voies respiratoires basses, le sang et les échantillons de selles.

Tests sérologiques : les anticorps IgM spécifiques du nCoV-19 sont généralement positifs 3-5 jours après le début des symptômes, le titre d’anticorps IgG est multiplié par 4 fois après la phase aiguë. Mais la sensibilité et la spécificité de ces tests sont encore en évaluation.

Imagerie thoracique

La radiographie pulmonaire est parfois utilisée pour évaluer les patients Covid-19 lorsque la tomodensitométrie n’est pas disponible, cependant son apport dans le suivi est moins performant que le TDM thoracique [27].

Les images TDM : ce sont essentiellement des plages de verre dépoli non systématisées à prédominance inférieure et sous-pleurale et, à un stade plus tardif une condensation alvéolaire bilatérale [26-27].

Mesures préventives 

Il n’existe actuellement aucun vaccin pour la prévention du Covid-19, bien que plusieurs soient en cours de développement. Ils ne seraient pas cependant disponibles à court terme.

Un essai clinique ouvert de phase 1 chez des hommes et des femmes non gravides, évaluant un vaccin candidat, l’ARNm-273, dirigé par les National Institutes of Health (NIH) des États-Unis, a commencé le recrutement le 16 mars 2020 (ClinicalTrials.gov numéro NCT 04283461). La sécurité et l’immunogénicité de ce vaccin à base d’ARNm encapsulé dans des nanoparticules lipidiques (LNP) pendant la grossesse sont, à l’heure actuelle, inconnues [11].

Jusqu’ici, le moyen le plus efficace pour contrôler l’infection est de prévenir la propagation du SRAS-CoV-2.

L’organisation codifiée des soins est le deuxième rempart à cette pandémie puisque la prophylaxie par un vaccin n’est pas encore au point.

Le confinement ne doit pas interrompre la surveillance des grossesses par les examens et les échographies de chaque trimestre afin de dépister les grossesses à risque. Des dispositions de distanciation en consultations par la gestion des rendez-vous, et de mesures barrières (lavage des mains, gel hydro-alcoolique, masque, désinfection des sondes et des tables d’examen), doivent être organisées.

Mesures thérapeutiques 

Il n’existe actuellement aucun traitement antiviral éprouvé pour les personnes atteintes de Covid-19. Des médicaments antirétroviraux sont testés sur des patients présentant des symptômes graves, en s’appuyant essentiellement sur les traitements utilisés pour les précédentes épidémies à coronavirus.

Le Monitored Emergency Use of Unregistered Interventions (MEURI) de l’OMS, guide l’utilisation éthique des médicaments non autorisés pendant la grossesse en période de pandémies.

Des études récentes ont identifié le Remdesivir et la chloroquine [28] comme des candidats pour le traitement de Covid-19. Le Remdesivir est un promédicament nucléotidique antiviral à large action qui inhibe efficacement la réplication du SRAS-CoV-2 in vitro et celle des coronavirus apparentés, y compris le MERS-CoV chez les primates [29]. Son utilisation semble être sûre dans les grossesses chez l’humain [30], et des essais de phase 3 évaluant son efficacité sur Covid-19 sont actuellement en cours aux États-Unis (ClinicalTrials.gov numéro NCT04280705) et en Chine (ClinicalTrials.gov numéro NCT04252664 et NCT04257656).

Le phosphate de chloroquine est un composé de quinolone antipaludéen avec une activité antivirale et immunomodulatrice à large spectre. Il a été démontré qu’il bloque l’infection à coronavirus en augmentant le pH endosomal requis pour la fusion cellulaire et en interrompant la glycosylation des récepteurs cellulaires du SRAS-CoV en culture cellulaire [28]. Des données non publiées issues d’essais cliniques multicentriques à travers la Chine [31] ont démontré que le médicament semble efficace dans l’accélération de la résolution clinique, radiologique et sérologique de Covid-19. Bien que la chloroquine et ses métabolites traversent le placenta, elle peut être utilisée en toute sécurité à tous les trimestres de la grossesse sans risque accru d’effets indésirables périnatals. La chloroquine est un médicament largement utilisé dans le monde et les études pharmacocinétiques [32] ont montré des concentrations plasmatiques de médicaments significativement plus faibles pendant la grossesse, ce qui suggèrerait la nécessité d’une dose plus élevée (au moins 500 mg deux fois par jour) [32]. Il est à noter qu’à haute dose, une hypotension systolique secondaire aggrave les changements hémodynamiques de la compression aorto-cave en décubitus dorsal par l’utérus gravide.

Les inhibiteurs de protéase virale tels que le Lopinavir-Ritonavir (LPV/r) utilisés dans le traitement de l’HIV, ont montré un certain avantage dans la prise en charge complémentaire de Covid-19 [33]. Bien qu’il n’ait pas été étudié spécifiquement chez les femmes enceintes atteintes d’infections respiratoires, le LPV/r est connu pour être sûr. Une analyse des données de surveillance en population de l’exposition au LPV/r dans les grossesses séropositives n’a retrouvé aucune augmentation du risque d’anomalies fœtales, de naissances prématurées ou de faible poids de naissance [33].

Deux autres antiviraux, la Ribavirine, et le Baricitinib ne sont pas proposés durant la grossesse du fait de leur tératogénicité [11].

En Algérie le Ministère de la Santé et de la Réforme Hospitalière recommande, dans sa note additive N°06 DGSSRH du O6 Avril 2020 relative au traitement spécifique des cas de Covid-19, un traitement par l’hydroxychloroquine 200 mg à raison d’1 cp 3 x /jour pendant 10 jours en association avec de l’azithromycine 500 mg, à raison d’1 cp 2 x /jour pendant 5 jours ; ou un traitement alternatif par Lopinavir/Ritonavir comprimé de 200/50 mg 2 cp 2 x /jour pendant 5 à 7 jours, sous surveillance cardiologique et biologique, en respectant les contre-indications. Ces traitements seront donnés en milieu hospitalier dans les cas Covid-19 positifs au test ou si le TDM est en faveur, même si le test est négatif ou non disponible.

Conclusion

Ce nouveau virus-émergent SARS–Cov-2- apparu en Chine en décembre 2019, à l’origine de la pandémie actuelle est particulièrement virulent par sa grande contagiosité.

Toutes les études portant sur la femme enceinte n’ont pu à ce jour évaluer qu’un petit nombre de cas. La compréhension du SRAS-CoV-2, en particulier de son effet sur les femmes enceintes et les nouveau-nés, est encore insuffisante.

Il semble qu’il n’y ait pas de particularité de Covid-19 chez la femme enceinte comparée à une population de même âge. Une transmission materno-fœtale verticale n’est pas démontrée de façon formelle.

Les études futures devraient inclure un plus grand nombre d’échantillons et permettront de fournir une base factuelle pour la prise en charge médicale des patientes enceintes atteintes de Covid-19.

L’urgence de la situation ne permet pas de procéder à des essais thérapeutiques normalisés. Seule l’évolution à long terme permettra d’analyser leur pertinence.

Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.


 

Références

  1. Li Q, Guan X, Wu P, et al. Early transmission dynamics in Wuhan, China, of novel coronavirus-infected pneumonia. N Engl J Med 2020 Jan 29. doi:10.1056/NEJMoa2001316.
  2. Clinical management of severe acute respiratory infection when Novel coronavirus (nCoV) infection is suspected: interim guidance. Jan 11, 2020. https://www.who.int/internalpublications- detail/clinical-management-of-severe-acute-respiratoryinfection-when-novel-coronavirus-(ncov)-infection-is-suspected (accessed Jan 20, 2020)
  3. Coronavirus COVID-19 Global Cases by the Centre for Systems Science and Engineering (CSSE) at Johns Hopkins
  4. Zhu N, Zhang D, Wang W, et al. A novel coronavirus from patients with pneumonia in China, 2019. N Engl J Med 2020; published online Jan 24. doi:10.1056/NEJMoa2001017
  5. Huang C, Wang Y, Li X, et al. Clinical features of patients infected with 2019 novel coronavirus in Wuhan, China. Lancet 2020; published online Jan 24. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30183-5
  6. Tao Y, Shi M, Chommanard C, et al. Surveillance of bat coronaviruses in Kenya identifies relatives of human coronaviruses NL63 and 229E and their recombination history. J Virol2017; 91: e01953–16
  7. Cui J, Li F, Shi ZL. Origin and evolution of pathogenic coronaviruses. Nat RevMicrobiol2019; 17: 181–92
  8. Zhou P, Fan H, Lan T, et al. Fatal swine acute diarrhoea syndrome caused by an HKU2-related coronavirus of bat origin. Nature 2018; 556: 255–58
  9. Wang L, Wang Y, et al. A review of the 2019 Novel Coronavirus (COVID-19) based on current evidence, International Journal of Antimicrobial Agents (2020), https://doi.org/10.1016/j.ijantimicag.2020.105948
  10. Hu B, Zeng LP, Yang XL, et al. Discovery of a rich gene pool of bat SARS-related coronaviruses provides new insights into the origin of SARS coronavirus. PLoSPathog2017; 13: e1006698.
  11. Dashraath P et al, Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) Pandemic and Pregnancy, American Journal of Obstetrics and Gynaecology (2020), doi: https://doi.org/10.1016/j.ajog.2020.03.021
  12. Wang D, Hu B, Hu C, et al. Clinical Characteristics of 138 Hospitalized Patients With 2019 Novel Coronavirus-Infected Pneumonia in Wuhan, China. JAMA. 2020
  13. Dong L Possible Vertical Transmission of SARS-CoV-2 From an Infected Mother to Her New-born. Research Letter, JAMA Published online March 26, 2020
  14. Zeng H, Chen X et al. Antibodies in Infants Born to Mothers With COVID-19 Pneumonia. Research Letter, JAMA Published online March 26, 2020
  15. Chen S, Huang B, Luo DJ, et al. Pregnant women with new coronavirus infection: a clinical characteristics and placental pathological analysis of three cases. Zhonghua Bing Li XueZaZhi 2020; 49: E005 (in Chinese).
  16. Chen H, Guo J, Wang C, et al. Clinical characteristics and intrauterine vertical transmission potential of COVID-19 infection in nine pregnant women: a retrospective review of medical records. Lancet 2020; 395: 809–15
  17. Gardner MO, Doyle NM. Asthma in pregnancy. Obstet Gynecol Clin North Am 2004;31:385-413
  18. Nelson-Piercy C. Respiratory disease. In: Handbook of Obstetric Medicine. Boca Raton, FL: CRC Press; 2015:63-84
  19. Guan W, Ni Z, Hu Y, et al. Clinical characteristics of coronavirus disease 2019 in China. N Engl J Med 2020; published online Feb 28. DOI: 10.1056/NEJMoa2002032
  20. Lu Z, Yan J et al Published 2020-03-08. Chin J Obstet Gynecol, 2020,55: Epub ahead of print. DOI: 10.3760/cma.j.cn112141-20200218-00111
  21. Schwartz D A. (2020). An Analysis of 38 Pregnant Women with COVID-19, Their New-born Infants, and Maternal-Foetal Transmission of SARS-CoV-2: Maternal Coronavirus Infections and Pregnancy Outcomes. Archives of Pathology & Laboratory Medicine In-Press. doi.org/10.5858/arpa.2020-0901-SA
  22. Liu Y, Chen H, Tang K et al, Clinical manifestations and outcome of SARS-CoV-2 infection during pregnancy, Journal of Infection (2020), doi: https://doi.org/10.1016/j.jinf.2020.02.028.
  23. WHO coronavirus disease 2019 (Covid-19) situation report 46, Available at: https://www.who.int/docs/default-source/coronaviruse/situation-reports/20200306- sitrep-46-covid-19.pdfsfvrsn=96b04adf_2. Accessed 14 March 2020
  24. Shi H, Han X, Jiang N, et al. Radiological findings from 81 patients with COVID-19 pneumonia in Wuhan, China: a descriptive study. Lancet Infect Dis 2020; published online Feb 24. DOI: 10.1016/S1473-3099(20)30086-4
  25. CRAT COVID-19 -infection au Coronavirus SARS-CoV-2
  26. China’s Novel Coronavirus Pneumonia Diagnosis and treatment Plan (Provisional 7th Edition) [http://www.gov.cn/zhengce/zhengceku/
  27. Wong H Y F et al. Frequency and Distribution of Chest Radiographic Findings in COVID-19 Positive Patients. Published Online: Mar 27 2020 https://doi.org/10.1148/radiol.2020201160
  28. Wang M, Cao R, Zhang L et al. Remdesivir and chloroquine effectively inhibit the recently emerged novel coronavirus (2019-nCoV) in vitro. Cell Res 2020;30:269–271.
  29. de Wit E, Feldmann F, Cronin J, et al. Prophylactic and therapeutic Remdesivir (GS- 5734) treatment in the rhesus macaque model of MERS-CoV infection. Proc. Natl. Acad. Sci. U.S.A. 2020, published online Feb 13 DOI:10.1073/pnas.1922083117.
  30. Mulangu S, Dodd LE, Davey RT Jr, et al. A randomized, controlled trial of Ebola virus disease therapeutics. N Engl J Med 2019;381:2293-2303
  31. Gao J, Tian Z, Yang X. Breakthrough: chloroquine phosphate has shown apparent efficacy in treatment of COVID-19 associated pneumonia in clinical studies. Biosci Trends 2020;14:72-3.
  32. Karunajeewa HA, Salman S, Mueller I, et al. Pharmacokinetics of chloroquine and mono-desethyl-chloroquine in pregnancy. Antimicrob Agents Chemother 2010;54:1186-92
  33. Tookey PA, Thorne C, van Wyk J, Norton M. Maternal and foetal outcomes among 4118 women with HIV infection treated with lopinavir/ritonavir during pregnancy: analysis of population-based surveillance data from the national study of HIV in pregnancy and childhood in the United Kingdom and Ireland. BMC Infect Dis 2016;16:65-75

.

 Télécharger le PDF de cet article

Manifestations neurologiques du SARS-CoV-2

L’infection par le SARS-CoV-2 ou la maladie Covid-19 se caractérise par un syndrome respiratoire aigu et sévère. Les données cliniques actuelles rapportent des manifestations diverses touchant le système nerveux..

Toubal, Service de Neurologie ; CHU Ibn Sina, Annaba.

 

Date de soumission : 10 Mai 2020.

 

Résumé : L’infection par le SARS-CoV-2 ou la maladie Covid-19 se caractérise par un syndrome respiratoire aigu et sévère. Les données cliniques actuelles rapportent des manifestations diverses touchant le système nerveux. La pathobiologie n’est pas complètement élucidée. Il est important de connaitre ces manifestations neurologiques car dans certains cas elles précèdent l’installation des troubles respiratoires.

Mots clés : SARS-CoV-2 ; Covid-19 ; système nerveux 

Abstract: SARS-CoV-2 infection also known as Covid-19 is characterized by an acute and severe respiratory syndrome. Current clinical data report various manifestations affecting the nervous system. Pathobiology is not completely known. It is important to know these neurological manifestations because in some cases they precede the installation of respiratory disorders.

Key words: SARS-CoV-2, Covid-19, nervous system.


 

Introduction

Les premières manifestations neurologiques du Covid-19 ont été rapportées dès le début de la pandémie. Si l’anosmie et la dysgueusie d’installation brutale et touchant un grand nombre de patients (1) ont été largement médiatisées, d’autres atteintes neurologiques de gravité variable sont venues conforter le neurotropisme du SRAS-CoV-2 : encéphalites, accidents vasculaires cérébraux ischémiques, polyneuropathies, myélites. La série neurologique ne cesse de s’enrichir et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Si dans la majorité des cas rapportés, les manifestations neurologiques apparaissent lors du syndrome respiratoire, il n’en demeure pas moins que dans certains cas, les symptômes neurologiques précédent les signes pulmonaires liés au Covid-19 (2).

En fait, le neurotropisme des coronavirus est bien connu. Déjà en 2003, le SARS COV également parti d’Asie avait engendré des troubles neurologiques tels que polyneuropathie, AVC et encéphalite (3). Un autre coronavirus, le MERS-CoV apparu au Moyen-Orient et dont l’hôte intermédiaire est le chameau, a en sus de ses signes respiratoires prépondérants (4), des signes neurologiques : démence chez 25,7% et convulsions chez 8,6% des patients atteints de MERS (5). Des troubles de la conscience, un syndrome de Guillain Barré, une neuropathie ont été également rapportés (6).

Qu’en est-il du SRAS-CoV-2 ?

Rappelons que la similitude génétique entre SARS-CoV-2 et SARS-CoV est de 79,5% ; et sa similitude avec le coronavirus de chauve-souris atteint 96% (7).

Chez les patients présentant des formes sévères de Covid-19, les soignants ont rapporté que 36,4 % des 214 patients chinois avaient des symptômes neurologiques. Ces manifestations allaient de la perte de l’odorat, à des douleurs neuropathiques voire des crises convulsives et des AVC (8).

Par ailleurs, la confusion mentale ou l’agitation ont été rapportées chez plus de la moitié des 58 patients admis en réanimation dans un service strasbourgeois (9).

Quelles sont les manifestations neurologiques liées au Covid 19 ?

  1. Encéphalites virales : de début brutal, marqué par l’installation de céphalées, fièvre souvent élevée, vomissements avec convulsions et troubles de la conscience ; la preuve en a été apportée par l’équipe de Beijing Ditan Hospital en confirmant la présence de SARS-CoV-2 dans le liquide céphalorachidien des patients atteints de Covid-19 par séquençage du génome (10).
  1. Encéphalopathie toxique infectieuse : ou encéphalite toxique aiguë. Il s’agit d’un dysfonctionnement cérébral réversible causé par des facteurs tels que la toxémie systémique, les troubles métaboliques et l’hypoxie pendant le processus d’infection aiguë. Sa caractéristique anatomo-pathologique est un œdème cérébral. Les patients présentent soit une évolution bénigne de la maladie avec céphalées, dysphorie, troubles mentaux et délire soit une évolution plus grave avec désorientation, perte de conscience, paralysie et coma (11).

Certains patients Covid-19, en raison de la sévérité de l’hypoxie et de la virémie développent une encéphalopathie toxique. Mao et al., ont noté que 40% des patients Covid-19 souffrent de céphalées, de troubles de la conscience et d’autres symptômes de dysfonctionnement cérébral (2). Les autopsies ont révélé l’existence d’un œdème cérébral (12).

  1. Encéphalopathie hémorragique nécrosante : Une patiente, âgée de soixante ans, aux antécédents de toux, de fièvre et de troubles mentaux durant trois jours a été confirmée positive pour Covid-19, diagnostic établi par la détection d’acide nucléique viral du SRAS-CoV-2 dans un échantillon d’écouvillon nasopharyngé, et confirmé par RT-PCR. Les coupes d’IRM cérébrale montrent des rehaussements en T2 FLAIR dans les lobes temporaux médians et les thalami ; des hypo-intensités sur les images de susceptibilité magnétique ; et des rehaussements annulaires sur les images post-contraste signalent des hémorragies [Figure 1 (13)].

 

Figure 1 : IRM (séquences T2-FLAIR) montrant des lésions extensives en hypersignal, ainsi que des zones hémorragiques et des prises de contraste péri-lésionnelles (extrait de Poyiadji et al, 2020) (13). Encéphalopathie hémorragique nécrosante.

  1. Myélite : Le premier cas rapporté de myélite aiguë survenue après plusieurs jours de symptômes respiratoires et de fièvre (14) pourrait s’expliquer aussi bien par un mécanisme physiopathologique post infectieux lié à la forte réaction immunitaire, que par l’action directe du virus sur la moelle épinière, d’autant plus qu’il a été démontré que les récepteurs ACE2 sont exprimés sur la surface des cellules de la moelle épinière (15,16).
  1. Anosmie et agueusie : (parfois dysgueusie). Les soignants chinois ont été les premiers à détecter la présence précoce d’une anosmie et d’une agueusie chez les patients Covid-19 (17), mais ce sont les études italiennes (18) qui ont été plus précises, estimant la fréquence initiale à 19,4% sur une cohorte de 320 patients. Une plus grande cohorte européenne (19) incluant 417 patients rapportait 88% d’anosmie ou de troubles gustatifs (avec, parmi les patients sans obstruction nasale, 79% d’anosmie). Dans cette étude, la récupération se faisait rapidement dans 44% des cas, et les femmes étaient plus fréquemment atteintes. Le mécanisme n’est pas encore clairement identifié, mais, une atteinte neurologique via les voies olfactives vers certaines zones cérébrales et potentiellement vers le tronc cérébral sont évoqués (20,21). Cette anosmie brusque pourrait être un symptôme inaugural de l’infection à SARS-CoV-2 ; et être de ce fait un signe d’alarme précoce.
  1. Maladie cérébro-vasculaire aiguë : L’infection au SRAS-CoV-2 induit des accidents vasculaires cérébraux par le biais des fameuses tempêtes de cytokines (22,23). Des taux élevés de D-dimères et très bas des plaquettes sont notés dans les cas sévères de Covid-19, ce qui augmente le risque d’AVC (24).
  1. Atteinte du système nerveux périphérique : Le premier cas de syndrome de Guillain-Barré a été rapporté chez une femme de 61 ans qui avait séjourné à Wuhan (25). Cette patiente était apyrétique et n’avait ni toux ni douleur thoracique ni diarrhée. L’examen neurologique montrait une paralysie des 4 membres avec aréflexie, une dissociation albumino-cytologique au LCR et l’ENMG à J5 était en faveur d’une neuropathie démyélinisante. Huit jours plus tard, la patiente a développé une toux sèche avec une fièvre à 38,2 C ; la TDM pulmonaire objectivait des opacités en verre dépoli au niveau des deux poumons ; le prélèvement oro pharyngé était positif à la PCR pour le sars-CoV-2. Elle fut immédiatement transférée en unité Covid et mise sous antiviraux Arbidol, Lopinavir, and Ritonavir. Après un mois d’évolution, il y a eu récupération totale de la motricité, des réflexes et négativation de la PCR au SARS-CoV-2. Ce cas suggère une possible association entre le syndrome de Guillain-Barré et le Covid-19 mais d’autres observations sont nécessaires pour établir le lien de causalité.

Mécanismes d’action du SARS-Cov-2, sur le système nerveux

Il n’y a, à ce jour, que des hypothèses expliquant l’atteinte neurologique allant de l’action directe du virus sur les neurones, aux mécanismes immunologiques d’orage cytokinique, passant par des mécanismes vasculaires (Figures 2 et 3).

La voie hématogène : est évoquée mais peu probable.

La voie directe : le virus SARS-CoV-2 peut entrer par le bulbe olfactif et attaquer directement les neurones. Une transmission trans-synaptique et une transmission via le transport axonal ont été démontrées. Il semblerait que l’aggravation respiratoire brutale de certains patients soit en rapport avec l’atteinte des centres cardio-respiratoires du tronc cérébral (26).

NEUR1

Figure 2 : Physiopathologie des atteintes du système nerveux au cours des infections par coronavirus. ACE2 : Enzyme de conversion de l’angiotensine 2 ; BBB : Barrière hémato encéphalique ; IL : Interleukine ; MHC : Complexe majeur d’histocompatibilité, SIRS : syndrome de réponse inflammatoire systémique ; (d’après Yeshun et al., 2020) (27) Yeshun Wu, et al., Brain, Behavior, and Immunity, https://doi.org/10.1016/j.bbi.2020.03.031

NEUR2

Figure 3 : Les mécanismes des infections à coronavirus et des dommages neurologiques causés par les coronavirus. Les coronavirus peuvent endommager les nerfs par voies d’infection (voies de circulation sanguine et voies neuronales), hypoxie, lésion immunitaire, ACE2 et autres mécanismes. Parallèlement, les coronavirus attaquent le tissu pulmonaire, et provoquent une série de lésions pulmonaires telles que l’hypoxie. De plus, les coronavirus peuvent pénétrer directement dans le système nerveux à travers le nerf olfactif, entraînant des troubles neurologiques. Ab : anticorps ; ACE2 : enzyme de conversion de l’angiotensine 2 ; LCR : liquide céphalo-rachidien ; ER : réticulum endoplasmique ; TNF : facteur de nécrose tumorale. (27) Yeshun Wu, et al., Brain, Behavior, and Immunity, https://doi.org/10.1016/j.bbi.2020.03.031

 

Rôle de l’ACE2 : Le virus SARS-CoV-2 utilise un récepteur pour s’accrocher et pénétrer dans les cellules de son hôte afin de se multiplier. Des chercheurs ont montré que ce récepteur, nommé ACE2 (pour Angiotensin Converting Enzyme 2) est exprimé par les cellules des poumons, du cœur, des reins et des intestins, mais aussi par les neurones et les cellules gliales du cerveau. L’endothélium vasculaire cérébral est riche en ACE2, ce qui favoriserait les complications cérébrales (28).

Rôle de l’hypoxie : favorise les accident vasculaires cérébraux (11).

CONCLUSION 

Les manifestations neurologiques du Covid-19 sont extrêmement polymorphes. Elles ne sont certes pas très fréquentes, mais il n’en demeure pas moins qu’elles doivent être connues de tous les cliniciens, particulièrement pour celles qui précédent les manifestations respiratoires aiguës.

Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références

 

  1. Self-reported Olfactory and Taste Disorders in Patients with Severe Acute Respiratory Coronavirus 2 Infection: A Cross-sectional Study Clinical Infectious Diseases, Giacomelli et al. CIAA 330, https://doi.org/10.1093/cid/ciaa330
  2. Neurological Manifestations of Hospitalized Patients with COVID-19 in Wuhan, China: a retrospective case series study medRxiv preprint doi: Mao and al. https://doi.org/10.1101/2020.02.22.20026500.. 
  3. Neurological Manifestations in Severe Acute Respiratory Syndrome Li-Kai Tsai and al. Acta Neurologica Taiwanica Vol 14 No 3 September 2005
  4. (WHO MERS-Cov Research, 2013) State of Knowledge and Data Gaps of Middle East Respiratory Syndrome Coronavirus (MERS-CoV) in humans PLoS Curr. 2013 November 12; 5:
  5. Clinical aspects and outcomes of 70 patients with Middle East respiratory syndrome coronavirus infection: a single-centre experience in Saudi Arabia. Saad1 and al; Int J Infect Dis. 2014 Dec;29:301-6. doi: 10.1016/j.ijid.2014.09.003. Epub 2014 Oct 7
  6. Neurological Complications during Treatment of Middle East Respiratory Syndrome.
  7. Kim JE and al. J Clin Neurol. 2017 Jul;13(3):227-233. doi: 10.3988/jcn.2017.13.3.227. Genome Composition and Divergence of the Novel Coronavirus (2019-nCoV) Originating in China. Aiping Wu,1,7 Cell Host & Microbe 27, March 11, 2020 ª 2020 Elsevier Inc. 325
  8. JAMA Neurologic Manifestations of Hospitalized Patients with Coronavirus Disease 2019 in Wuhan, China. Ling Mao JAMA Neurol. Published online April 10, 2020. doi:10.1001/jamaneurol.2020.1127
  9. Neurologic Features in Severe SARS-CoV-2 Infection Julie Helms and al New England Journal of Medicine (NEJM), 15 Avril 2020. First Case of 2019 Novel Coronavirus Disease with Encephalitis. Xiang et al. China Xiv. 2020; T202003:00015. [Google Scholar]
  10. The origin, transmission and clinical therapies on coronavirus disease 2019 (COVID-19) outbreak – an update on the status Yan-Rong Guo Mil Med Res. 2020; 7: 11.
  11. Pathological findings of COVID-19 associated with acute respiratory distress syndrome Zhe Xu, Lancet Respir Med 2020; 8: 420–22
  12. COVID-19–associated Acute Haemorrhagic Necrotizing Encephalopathy: CT and MRI Features. Neo Poyiadji et al. Published Online: Mar 31 2020https://doi.org/10.1148/radiol.2020201187
  13. Acute myelitis after SARS-CoV-2 infection: a case report Kang Zhao and al https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.03.16.20035105v1.full.pdf+html
  14. Nemoto W, Yamagata R, Nakagawasai O, et al. Effect of spinal angiotensin-converting enzyme 2 activation on the formalin-induced nociceptive response in mice. Eur J Pharmacol 2020;872:172950.
  15. Ogata Y, Nemoto W, Yamagata R, et al. Anti-hypersensitive effect of angiotensin (1-7) on streptozotocin-induced diabetic neuropathic pain in mice. Eur J Pain 2019;23:739-749.
  16. Mao L, Wang M, Chen S, et al. Neurological manifestations of hospitalized patients with COVID‐19 in Wuhan, China: a retrospective case series study. MedR 2020; xiv https://doi.org/10.1101/2020.02.22.20026500. Google Scholar
  17. Angelo Vaira et al., 2020 Anosmia and Ageusia: Common Findings in COVID-19 Patients. Vaira LA Laryngoscope, 2020)
  18. (Lechien et al.,2020) J.R. Lechien, C.M. Chiesa-Estomba, D.R. De Siati, M. Horoi, S.D. Le Bon, A. Rodriguez, et al. Olfactory and gustatory dysfunctions as a clinical presentation of mild-to-moderate forms of the coronavirus disease (COVID-19): a multicentre European study Eur Arch Oto Rhino Laryngol (2020)
  19. Li Y-C, Bai W-Z, Hashikawa T. The neuro-invasive potential of SARS-CoV2 may play a role in the respiratory failure of COVID-19 patients. J Med Virol. February 2020. doi:10.1002/jmv.25728
  20. Baig AM, Khaleeq A, Ali U, Syeda H. Evidence of the COVID-19 Virus Targeting the CNS: Tissue Distribution, Host-Virus Interaction, and Proposed Neurotropic Mechanisms. ACS Chem Neurosci. 2020;11(7):995-998. doi:10.1021/acschemneuro.0c00122
  21. Mehta et al., 2020 COVID-19: consider cytokine storm syndromes and immunosuppression Published Online March 13, 2020 https://doi.org/10.1016/ S0140-6736(20)30628-0 www.thelancet.com Vol 395 March 28, 2020);
  22. Chen et al., 2020). [Advances in the research of cytokine storm mechanism induced by Corona Virus Disease 2019 and the corresponding immunotherapies].
  23. Chen C and al; Zhonghua Shao Shang Za) Zhi. 2020 Mar 1;36(0):E005.
  24. Unique epidemiological and clinical features of the emerging 2019 novel coronavirus pneumonia (COVID-19) implicate special control measures. Wang Y and al. J Med Virol. 2020 Mar 5. doi: 10.1002/jmv.25748. [Epub ahead of print]
  25. Guillain-Barré syndrome associated with SARS-CoV-2 infection: causality or coincidence? Hua Zhao†, Dingding Shen†, Haiyan Zhou†, Jun Liu, *Sheng Chen Published Online April 1, 2020 https://doi.org/10.1016/ S1474-4422(20)30109-5
  26. dans le Journal of Medical Virology (Yan‐Chao Li et al., 2020) The neuro-invasive potential of SARS-CoV2 may be at least partially responsible for the respiratory failure of COVID-19 patients, J Med Virol 2020 ;92: 552 -555
  27. Nervous system involvement after infection with COVID-19 and other coronaviruses Yeshun Wu, et al., Brain Behav Immun. 2020 Mar 30
  28. Atteintes neurologiques au cours de la maladie Covid-19 Gwendal Le Masson, Dr Stéphane Mathis, Dr Antoine Soulages Service de Neurologie, CHU de Bordeaux

.

 Télécharger le PDF de cet article